Trump, Biden et Israël

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Alors que Trump et Biden viennent de remporter officiellement les primaires de leur parti, un sondage récent a montré que les Israéliens favorisaient Trump contre Biden, à 44% contre 30%, soit l’opposé du même sondage en décembre dernier, lorsque Biden était tres populaire en Israel à la suite des attaques du 7 octobre et de soutien massif au pays.
Cette ambivalence illustre et reflète les différences d’approche envers Israël des deux candidats à l’élection présidentielle de novembre prochain.

Une vision différente des Juifs américains

Si les deux hommes sont des grands-pères d’enfants juifs, leur rapport aux Juifs est tres différent.
Sans être ouvertement antisémite, Trump charrie beaucoup de préjugés qui le sont comme les Juifs et l’argent, ou sur leur allégeance supposée à Israël.

Dès lors qu’il voit ainsi les Juifs américains, il peut s’adresser à eux en qualifiant Netanyahu de « leur » Premier ministre et surtout il les qualifie de déloyaux, comme encore le 18 mars, pour leur refus obstiné de voter pour lui malgré ses gestes envers Israël, accusation de déloyauté qui reprend la aussi une vieille antienne antisémite.
Rien n’est plus éloigné pour Biden dont l’attachement au peuple juif et à Israël est sincère et durable.
Comme son père avant lui, Biden a emmené ses enfants et petits-enfants à Dachau pour leur montrer la barbarie nazie.
Il prend tres au sérieux la hausse des actes antisémites, comme le montre la mise en place d’une « task force » sur le sujet, sous la responsabilité de Doug Emhoff, le mari juif de Kamala Harris, ce que n’a jamais fait Trump (les actes antisémites avaient pourtant cru fortement sous son mandat).
Biden a aussi rétabli la célébration des fêtes juives a la Maison Blanche, suspendue par Trump.
Proche du peuple juif, Joe Biden se dit également sioniste, et sa relation avec Israel est sans surprise une autre ligne de fracture tres nette avec Trump.

Israel : L’approche transactionnelle de Trump, l’attachement profond pour Biden

Le projet sioniste, sa signification dans l’histoire du peuple juif importent peu à Trump. Il voit avant tout Israël comme un thème électoral porteur, soulignant l’approche transactionnelle de Trump sur ce sujet, comme sur tous les autres.
Pour Trump, Israel est avant tout un marqueur politique, et un moyen de gagner des votes, non pas auprès des Juifs fidèles aux Démocrates, mais auprès des Evangéliques, rebutés par son manque de ferveur ou ses multiples frasques, mais conquis par le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem ou la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan.
Qualifier Trump de pro Israël n’est pas factuellement faux mais très incomplet.
Son attachement à Israël peut varier demain, si on lui démontre que cela lui coûterait électoralement ou serait mauvais pour ses affaires.

Rien n’est plus éloigné de la position de Biden, président qui se définit donc lui-même somme sioniste.
Juste après le 7 octobre il a su montrer une empathie et une solidarité complètes avec Israël alors que Trump vantait l’intelligence du Hezbollah.
Il a aussi engagé un capital politique pour défendre Israël à l’ONU et dans son parti, au prix d’une perte de popularité dans son propre camp et un risque pour sa réélection.
Ses critiques envers Netanyahu sont du même ordre que celles exprimées en 2023 pour la défense de la démocratie israélienne, elles traduisent en fait son attachement a Israel et sa crainte devant évolution qu’il juge négative pour le pays. Lors d’une interview récente où il reprenait ses critiques contre Netanyahu, il disait dans le même souffle qu’il n’”abandonnerait jamais Israël”.

Il est peu probable que Trump tienne un tel propos alors que l’idée même d’assistance étrangère est aujourd’hui battue en brèche au sein de son parti, et ce à sa demande.
Trump est un allié de circonstance, conditionnel alors que Biden est un ami sincère, préoccupé par l’évolution interne et diplomatique d’Israel.

Approche transactionnelle contre diplomatie de principes : cette différence fondamentale ne porte pas que sur Israël mais sur le rapport au monde en général.

L’isolationnisme de Trump, la vision traditionnelle du leadership américain pour Biden

Une des constantes dans la vision d’un monde de Trump est son isolationnisme.
America First est la matrice fondatrice du trumpisme avant même son irruption sur la scène politique américaine.
Biden est sur ce domaine comme tant d’autres l’exact opposé de Trump. Il est internationaliste et il croit dans les alliances et dans le rôle positif des Etats-Unis dans le monde pour promouvoir la stabilité et la démocratie, notions qui indiffèrent Trump.

Pour Trump, le leadership américain n’existe pas, car les alliances sont négociables, les engagements conditionnels, les fidélités temporaires, au gré des intérêts du moment. Ce désengagement américain, cette perte d’influence sont lourdes de risques réels pour Israël.
Si les Etats-Unis devaient continuer à défendre Israël sous Trump demain, ils le feraient en ayant moins d’influence, ce soutien devenant ainsi moins précieux pour Israël.

Deux visions s’opposent donc entre Trump et Biden : un monde où règne la loi du plus fort ou du plus offrant, contre un monde régi par les alliances et la promotion de la démocratie sous leadership américain. Au désarroi de nombreux amis d’Israel dans le monde, Netanyahu et la majorité des Israéliens, d’après le sondage évoqué plus haut, préfèrent Trump à Biden, un président isolationniste plutôt qu’un président sioniste…

 

Sébastien Lévi

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