Les citations ci-dessous sont, sauf mention contraire, extraites du livre JCall, les raisons d’un Appel publié en 2011 par les éditions Liana Levi.
Se débarrasser du fardeau des Territoires
Par Elie Barnavi
Il est temps de le comprendre enfin: se débarrasser du fardeau des Territoires n’est pas une «concession» faite aux Palestiniens; c’est une mesure de salut public pour les Israéliens. JCall est né pour asséner ces vérités-là. JCall n’est ni pacifiste, ni post-sioniste. Ce n’est pas une association de belles âmes qui pensent que l’opprimé a toujours raison et l’oppresseur toujours tort. JCall a à cœur les véritables intérêts de l’Etat d’Israël, tels qu’honnêtement il les perçoit. JCall n’est mandaté par personne, n’est l’officine de personne. Il est le produit de l’angoisse juive de la Diaspora face aux dangers qui guettent Israël, et du désir de ses promoteurs et adhérents de ne pas lui tourner le dos à un moment crucial de son existence.
C’est pour la survie de l’Etat juif en tant qu’Etat juif
Par Georges Bensoussan
C’est parce que je sais la profondeur du refus arabe, lequel n’a quasiment rien à voir avec les “territoires” ni même avec la cause palestinienne, que je souhaite un Etat d’Israël plus petit et plus homogène. Plus sûr de son droit et donc plus à même de se défendre. Pour faire désarmer l’hostilité internationale ? Que non ! Cette hostilité-là, comme le refus arabe, ne désarmera guère parce que l’Occident a besoin de voir dans l’Etat juif le Juif des nations qu’il a pourchassé jusqu’à la fin que l’on sait. Ce n’est donc pas pour complaire aux uns ni aux autres qu’il faut dialoguer, donc être prêt à donner, à recevoir et à se séparer in fine. C’est pour la survie de l’Etat juif en tant qu’Etat juif.
Extrait d’un entretien publié le 2 mai 2010 par le site Primo-Info.
On ne peut pas défendre l’occupation
Par Daniel Cohn-Bendit
Les deux arguments majeurs de JCall sont à la fois très forts et très justes. Premièrement, Israël a tout intérêt à trouver un compromis rapidement parce que, si le statu quo perdure ,sa position deviendra de plus en plus difficile au Moyen-Orient. C’est l ‘argument le plus rationnel si on veut «protéger» Israël. Deuxièmement, autant je pense que l’on peut être sioniste et défendre l’idée d’Israël – même si ce n’est pas mon idée, je comprends cela parfaitement –, autant je pense qu’on ne peut pas défendre l’occupation.
Pour sauver Israël
Par Jean Daniel
Les personnalités qui ont pris cette initiative déclarent avoir des liens «indéfectibles» et même «identitaires» avec l’Etat hébreu. En fait, c’est un cri d’alarme accompagné d’une déclaration d’amour et de fidélité. Et cela donne évidemment plus de force encore au contenu de cet appel. On peut observer qu’il ne s’agit pas d’une expression de compassion envers ou de solidarité avec le peuple palestinien. Les auteurs ont sans doute voulu éviter de prêter le flanc à la sournoise accusation de «haine de soi», si souvent utilisée par les ultras. Il n’est question ici que de l’avenir d’Israël et de sa sécurité, de son isolement possible et, à la rigueur, de sa délégitimation. C’est le seul mot sévère que l’on trouvera dans cet appel d’une modération calculée. Inattaquable donc dans son inspiration, il devrait paraître irrécusable dans son argumentation.
Extrait d’un article publié dans Le Nouvel Observateur le 28 avril 2010. Cliquer ici pour lire la totalité du texte.
Le seul moyen d’aboutir à une coexistence entre les peuples est de les séparer
Par Alain Finkielkraut
Je sais trop qu’Israël reste infiniment vulnérable et que ce n’est toujours pas un sujet politique comme les autres pour pouvoir imputer, comme tant de militants, de journalistes et d’experts le font, la perpétuation du conflit à sa seule mauvaise volonté. J’ai cependant signé l’Appel à la raison de JCall, car je pense que le soutien à Israël va de pair avec le soutien à ceux des Palestiniens qui veulent non pas de l’Oumma mais un Etat-nation aux côtés d’Israël. Aujourd’hui comme hier, je fais mienne cette observation de l’historien J.L. Talmon: «De nos jours, le seul moyen d’aboutir à une coexistence entre les peuples est, bien que cela puisse paraître ironique et décevant, de les séparer».
Garder les yeux toujours ouverts
Par David Grossman
Pour moi, être un homme au milieu de ce conflit qui se poursuit signifie principalement observer, garder les yeux toujours ouverts, autant que je le peux – et je ne le peux pas toujours, je n’ai pas toujours assez de force morale pour cela, mais je sais que je dois au moins m’obstiner, savoir ce qui se passe, ce qui est fait en mon nom, les actes auxquels je suis associé bien que je ne sois absolument pas en accord avec eux; les voir pour réagir et pour dire, à moi-même et aux autres, ce que je ressens à leur égard. Les nommer avec mes mots, ne pas être tenté par ceux que le gouvernement ou l’armée ou mes propres frayeurs – ou mon ennemi, aussi – tentent de me dicter.
Retrouver l’inspiration de leurs illustres aînés
Par Bernard-Henri Lévy
J’ai lutté toute ma vie contre la délégitimation d’Israël. J’ai défendu la légitimité de son point de vue dans toutes les guerres auxquelles Tsahal a été poussé depuis que j’ai l’âge d’homme. Maintenant encore, je n’atterris jamais à Tel-Aviv sans prendre le temps d’une visite à mes amis de Sderot, la ville du Sud qui vit sous la menace des obus du Hamas. Eh bien, c’est la même démarche qui me fait m’adresser, aujourd’hui, aux dirigeants israéliens et les adjurer, au fond, de retrouver l’inspiration de leurs illustres aînés.
Extrait d’un article publié dans Le Point le 6 mai 2010. Cliquer ici pour lire l’article dans Le Point
La nécessité d’intervenir lorsqu’une faute est commise est un impératif religieux
Par le rabbin David Meyer
La tradition talmudique se penche avec beaucoup de sérieux sur la responsabilité de l’individu prêt à formuler une critique à l’encontre des autres. Nous y trouvons en particulier l’enseignement suivant: «Quiconque a la possibilité de s’opposer aux fautes des habitants de sa maison, et ne le fait pas, est responsable de leurs fautes. Il en sera de même des habitants de sa ville, et s’il s’agit de tous les hommes de la terre aussi. Il répondra d’eux s’il laisse passer leurs fautes sans intervenir.» C’est dans cet esprit que se justifient non seulement mes prises de position individuelles, mais également ma participation à l’Appel de JCall. La nécessité d’intervenir lorsqu’une faute est commise est un impératif religieux. La critique traduit ainsi notre foi dans la capacité d’Israël et de ses citoyens – y compris les plus radicaux – à écouter et à modifier leurs choix politiques et leurs réflexions religieuses.
Un rééquilibrage des rapports entre Israël et les diasporas
Par Pierre Nora
J’ai signé l’appel de JCall pour deux raisons. D’abord pour encourager tous ceux qui, en Israël même, se refusent à désespérer de l’avenir de la paix, de leur pays. Pour qu’ils se sentent moins seuls et peut-être moins condamnés à la résignation. Pour leur dire que leur cause est notre cause et leur manifester ainsi notre solidarité et notre fraternité… La deuxième raison est que le moment semble venu d’un rééquilibrage des rapports entre Israël et les diasporas comme de ceux à l’intérieur même de ces diasporas… Y a-t-il un autre espoir que dans un sursaut de la volonté et de la raison de la part des Palestiniens comme des Israéliens, appuyé par une intervention internationale? Et cet Appel à la raison peut-il venir d’autres voix que celles de l’extérieur? Même si l’on ne se fait pas d’illusions sur leur efficacité immédiate, même si l’on ne souscrit pas à toutes leurs expressions – ce qui est le propre de toutes les pétitions –, il est bon qu’elle se fasse entendre.
Eprouver de l’empathie pour Israël et dénoncer en même temps la politique actuelle
Par Henry Rousso
Cet Appel concerne les Juifs européens qui ont leur histoire, différente des Juifs américains dont la voix porte souvent plus, et c’est en cela qu’il porte l’amorce d’un changement. On peut éprouver de l’empathie pour Israël et dénoncer en même temps la politique actuelle de ses dirigeants, de la même manière qu’une partie de l’opinion en Israël même la dénonce – et avec quelle vigueur! Non, cela ne signifie pas ipso facto un soutien inconditionnel à la cause palestinienne. Encore moins une quelconque indulgence face à l’«antisionisme» qui considère Israël comme un Etat illégitime voué à disparaître – avec combien de morts? Il ne s’agit donc pas, comme le pensent ceux qui ont dénoncé cet Appel, de succomber à notre tour au mirage d’une partie de l’intelligentsia européenne, aveugle sur la nature du combat mené par la frange la plus fanatique des organisations palestiniennes. Cela ne signifie pas non plus que les souffrances du peuple palestinien doivent être ignorées à cause de l’attitude de certains de leurs dirigeants.
La politique des extrémistes, elle, n’a aucune chance d’aboutir
Par Dominique Schnapper
Mon inquiétude porte sur l’avenir d’Israël. Je ne suis pas sûre qu’une autre politique soit facile à mettre en œuvre, ni même qu’elle soit possible. Mais je suis convaincue que la politique des extrémistes, elle, n’a aucune chance d’aboutir. Il faut tout de même que les Israéliens s’entendent avec leurs voisins! J’ai signé cet Appel pour dire qu’il faudrait réfléchir à une autre politique, ne pas être enfermé dans une occupation du sol qui rend impossibles les négociations. Avec l’espoir que la voix de la Diaspora pourra aider les Israéliens hostiles à la politique du gouvernement à se battre pour que leur pays adopte une autre politique.
Je nourris la conviction que la paix est incontournable
Par le rabbin Michel Serfaty
Il s’est donc installé une relation de fait entre Israéliens et Palestiniens sur ce territoire. Il est donc du devoir des deux de tout faire pour mettre en place les conditions d’une vie harmonieuse entre les deux populations. Voilà pourquoi je me suis autorisé à signer l’Appel de JCall, malgré quelques réserves. Celles-ci portent sur Jérusalem, où je considère qu’Israël est en droit de demander, en compensation de la guerre de 1967 qui lui a été imposée, de garder les territoires annexées à l’est de la ville… Si un Etat palestinien doit voir le jour, il doit avoir des conditions économiques et géographiques viables. Je comprends mieux les exigences d’Israël en matière sécuritaire, mais j’ai signé cet Appel parce que je nourris la conviction que la paix est incontournable et qu’il faut la construire en plein accord avec le droit international.
Juifs de la diaspora, vous vous réveillez enfin
Par Abraham. B. Yehoshua
A la différence de certains de mes amis du camp de la paix, je n’ai jamais soutenu que les Juifs de diaspora aux idées nationalistes n’avaient pas le droit de dire au gouvernement et au public israélien de poursuivre la colonisation ni de s’opposer au retrait des territoires. (…) De même, quand vous, Juifs de la diaspora, vous vous réveillez enfin et que vous vous adressez publiquement au gouvernement israélien en lui demandant d’une façon beaucoup plus énergique et plus ferme que par le passé de changer sa politique et d’avancer de façon plus résolue vers la paix, c’est votre droit absolu de le faire et d’agir de façon publique et non publique pour expliquer et faire avancer vos idées. Nous sommes des frères et nous devons pouvoir nous parler ouvertement sur tous les sujets. Tous les propos sont légitimes tant qu’ils sont exprimés à partir d’une position solidaire. Je connais et je sais combien est profonde votre solidarité avec l’Etat d’Israël. Je sais que vous vous opposez continuellement à l’antisémitisme et à l’antisionisme qui se développent actuellement en Europe. C’est pourquoi je suis venu vous saluer et renforcer votre voix.