Devons-nous appeler au cessez-le-feu à Gaza ?

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Plus de 3 mois après le début de la guerre à Gaza de plus en plus de voix dans le monde appellent à un cessez-le-feu. Tout en nous démarquant de toutes celles qui font porter la responsabilité de cette guerre aux deux parties, allant jusqu’à nier l’agression du Hamas ou lui trouvant des justifications, nous devons nous poser cette question aujourd’hui devant la catastrophe humanitaire à laquelle est confrontée la population civile à Gaza.

En Israël la population, encore traumatisée par l’attaque barbare du Hamas du 7 octobre sur son territoire et les massacres de 1200 personnes majoritairement des civils, et les annonces quotidiennes des soldats tombés au combat, continue de faire bloc derrière son armée. Si elle ne remet pas en cause les objectifs de cette guerre – éradiquer le Hamas, détruire ses infrastructures et ramener les 136 otages – elle commence de plus en plus à s’interroger sur leur faisabilité. Notons qu’au sein du cabinet de sécurité Benny Gantz inverse l’ordre de priorité de ces objectifs, privilégiant d’abord la libération des otages

La récente interview dans une émission très suivie de la chaîne 12 de Gadi Eisenkot, un ancien chef d’Etat-major, numéro 2 du parti centriste et membre du cabinet de sécurité, dont le fils et le neveu sont tombés dans cette guerre, affirmant « qu’Il faut dire, courageusement, qu’il est illusoire d’envisager le retour des otages, vivants, à court terme, sans accord » vient renforcer la campagne d’opinion qui, avec les familles des otages, demande leur libération. Le gouvernement est face à une contradiction entre cette pression montante de l’opinion pour sauver les otages et celle des populations déplacées du Sud et du Nord qui exigent pour pouvoir revenir dans leurs villes et kibboutzim près de la frontières d’avoir des garanties pour leur sécurité, ce qui implique la poursuite des opérations militaires à Gaza. Pour l’instant les négociations se poursuivent via plusieurs canaux, le Hamas exigeant un cessez-le-feu complet et Israël offrant une trêve de quelques mois en échange de la libération des otages.

Dès le 8 octobre nous avions proclamé notre soutien total et inconditionnel à la population israélienne et à son armée et affirmer son droit à se défendre. Nous n’avons pas changé de position, mais devant le risque d’enlisement de l’armée israélienne à Gaza, les conséquences sur les populations civiles et les menaces de voir le conflit s’étendre aussi sur la frontière Nord, n’est-il pas temps de chercher une sortie de crise ? Nous savons, et l’avons toujours affirmé depuis la création de JCall, qu’il n’y a pas de  solution militaire à ce conflit. Le gouvernement vu sa composition est dans l’incapacité de définir un objectif politique à cette guerre et de proposer un scénario pour gérer le « jour d’après ». Et sans un projet politique, il ne peut pas y avoir de plan militaire pour mettre fin à cette guerre. C’est le chef d’Etat-major Herzi Halevi qui le dit lui-même quand il avertit le gouvernement que les progrès réalisés en plus de trois mois de combats risquent d’être érodés « parce qu’aucune stratégie n’a été élaborée pour le jour d’après ».

Le conflit israélo-palestinien est de nouveau au centre des préoccupations internationales, à cause des risques de guerre régionale, de la situation humanitaire à Gaza et de ses conséquences sur nos sociétés en Occident. Il faut profiter de cette prise de conscience pour créer une nouvelle dynamique autour d’une large coalition comprenant les États-Unis, l’Union Européenne et les pays arabes sunnites pour ressusciter la solution des deux États, la seule qui puisse garantir aux deux peuples de pouvoir vivre côte à côte en sécurité. Le gouvernement israélien doit affirmer qu’il n’a pas l’intention d’installer une présence civile juive à Gaza, ni de gérer la vie des Gazaouis à l’issue de cette guerre et que ce rôle reviendra aux Palestiniens au travers d’une Autorité palestinienne relégitimée et débarrassée du Hamas.

La société civile israélienne, qui depuis le début de cette guerre fait preuve d’une mobilisation sans précédent pour pallier les déficiences de l’État et d’une résilience remarquable, est beaucoup plus mûre que ses dirigeants pour imaginer le « jour d’après ». 51,3% des Israéliens, contre 28,9% soutiendraient un accord obtenu avec le soutien américain qui serait basé sur la création d’un État palestinien démilitarisé et d’une normalisation des relations avec l’Arabie saoudite selon un récent sondage demandé par l’Initiative de Genève.

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