– CHRONIQUES POUR LA PAIX –
Voir l’État juif assis au banc des accusés devant la Cour Internationale de Justice pour “génocide contre les Palestiniens” provoque une profonde stupeur ! Quels sont les enjeux de ce procès ? L’historien du peuple juif, SIMON EPSTEIN répond aux questions de PAUL OUZI MEYERSON…
SIMON EPSTEIN est docteur en sciences politiques. historien, il a enseigné à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il est l’auteur de plusieurs livres sur le peuple juif et Israël ainsi que sur l’antisémitisme européen. Il a publié, notamment, «Un paradoxe français : Antiracistes dans la collaboration, Antisémites dans la résistance», également «Une histoire du peuple juif au 20ème siècle». Son dernier ouvrage, édité aux éditions Stock, s’intitule : «1930, une année dans l’histoire du peuple juif».
Depuis le 7 novembre 2023, jour du massacre de masse des civils israéliens et du rapt de 240 otages par le Hamas, dans le sud d’Israël , Tsahal poursuit son offensive avec succès dans toute la bande de Gaza. Lentement mais sûrement, les forces de sécurité de l’État juif laminent les milices islamistes pendant que les habitants du territoire palestinien souffrent d’être pris entre deux feux. Sur la frontière libanaise, l’armée israélienne contient le Hezbollah et répond énergiquement à ses attaques. Mais, on ne sait pas ce qu’il adviendra sur ce front Nord (guerre totale ou pas ?) et le futur statut de Gaza (“le jour d’après”) n’est toujours pas précisé par le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Toujours dramatique, 136 otages sont encore prisonniers des terroristes du Hamas et, sur ce point, les incertitudes et le cauchemar continuent…
Et puis il y a un autre cauchemar, lourd de menaces morales, politiques et diplomatiques, c’est celui du procès intenté par l’Afrique du Sud qui accuse Israël de génocide envers le peuple palestinien. Un procès retentissant qui se déroule devant La Cour Internationale de Justice, principale instance judiciaire des Nations Unies, située à la Haye.
Voir l’État juif mis au au banc des accusés pour génocide provoque une profonde stupeur ! Ce pays, qui a été un refuge pour les rescapés de la Shoah, se voit blâmé du plus infâme des crimes collectifs ! Aaron Barak, l’imminent juge qui représente Israël parmi les dix-sept magistrats qui composent le Tribunal International, a lui-même souligné, en préambule de son mémorandum juridique, que « si Israël avait existé en 1939 le sort du peuple Juif aurait pu être différent ».
Comment en est-on arrivé là ? Comment un pays agressé férocement et qui se défend, peut-il être accusé de « génocide » contre ses ennemis ? Pourquoi les Nations Unies convoquent-elles Israël sous ce prétexte ? Quels sont les enjeux de ce procès ?
PAUL OUZI MEYERSON pose ces questions à SIMON EPSTEIN dans le cadre des “Chroniques pour la Paix”.
CLIQUER SUR LA FLÈCHE (LIEN) CI-DESSOUS POUR ÉCOUTER L’INTERVIEW DE SIMON EPSTEIN SUR RADIO SHALOM (94.8 fm)
Simon Epstein rappelle tout d’abord, que la Cour Internationale de Justice de La Haye a les apparences d’un tribunal objectif et impartial, mais en réalité, il y a derrière cette posture un mécanisme politique qui permet aux pays qui délèguent leurs magistrats, d’orienter les débats juridiques dans un sens qui correspond à leurs intérêts nationaux et leurs idéologies. L’historien précise que «toute l’histoire de cette institution onusienne prouve que vous échapperez à sa juridiction si vous êtes une grande puissance, un pays arabo-musulman ou une nation liée à l’axe du Sud. Les Etats jugés par ce Tribunal sont toujours de petits pays avec beaucoup d’ennemis, comme Israël ou la Serbie. Il suffit de se souvenir du nombre invraisemblable de condamnations dont Israël a fait l’objet à l’ONU pour comprendre comment les coalitions se forment contre certains Etats. Ajouter à ce mécanisme l’anti américanisme et les conflits avec la Chine ou la Russie et leurs alliés et vous avez les ingrédients d’une mise en accusation pour génocide dans le cadre d’un conflit armée. Cependant, tout cela n’empêche pas qu’Israël doive se défendre face aux accusations iniques».
Simon Epstein ne pense pas que l’arsenal juridique et les tribunaux créés dès l’après guerre et suite à la Shoah, comme la Convention pour la prévention et la répression des crimes de génocide, aient complètement atteint leurs objectifs. Il constate : «il y a eu davantage de massacres de masse depuis la fin de la deuxième guerre mondiale qu’avant cette dernière, le concept du «plus jamais çà» a encore des progrès à faire».
L’historien considère que le verdict d’urgence demandé par l’Afrique du Sud au Tribunal International de La Haye, pour imposer un cessez-le-feu à Gaza, a été plutôt favorable à Israël. Il n’y a pas eu d’injonction des juges pour arrêter les combats, de plus les magistrats ont exigé du Hamas que les otages israéliens soient «libérés immédiatement et inconditionnellement». Certes, reconnaît Simon Epstein, « le Tribunal a exigé qu’Israël fasse la preuve que des mesures soient prises pour éviter que ne se créent les conditions d’un génocide dans la bande de Gaza. Il n’aura aucune difficulté à les fournir concernant ses efforts de préservation des populations civiles et quant à la fourniture de l’aide humanitaire ».
Pour conclure, Simon Epstein estime que ce procès instrumentalise et banalise la notion de génocide et fragilise tout l’édifice juridique bâti autour après la deuxième guerre mondiale. « Il y aura des Shoah partout et n’importe où, c’est la plus grande opération de négationnisme jamais réalisée », déplore-t-il.