CHRONIQUES POUR LA PAIX – HYAM TANNOUS répond aux questions de Paul Ouzi MEYERSON sur l’origine et les conséquences des violences communautaires qui ont ravagé de nombreuses villes mixtes en Israël à l’occasion des derniers combats qui ont opposé Tsahal au Hamas à Gaza. Que faire maintenant pour reconstituer le lien social, la paix civile, entre citoyens juifs et arabes ?
HYAM TANNOUS est une militante chrétienne du mouvement judéo-arabe « Les femmes font la paix » (en hébreu : Nashim osot chalom). Psychologue et éducatrice, elle travaille pour le Ministère israélien de l’éducation, notamment elle a supervisé des centaines de conseillers juifs et arabes afin qu’ils puissent aider les enseignants, les parents et les élèves à réaliser leur potentiel. Habitante de Haïfa, elle a été à la tête d’un comité de non-violence dans toutes les écoles juives et arabes du nord d’Israël.
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Pour expliquer les émeutes qui ont opposé juifs et arabes dans différentes localités, Hyam Tannous évoque la « difficulté de vivre des arabes israéliens ». Pour elle, ce « mal-être » est une des causes principales qui expliquent la violence des jeunes hommes de sa communauté. En outre, elle estime que l’épisode des provocations à Jérusalem pendant le Ramadan, autant à Al Aqsa qu’à Cheik Jarah, a joué un rôle, ainsi que l’inquiétude des arabes israéliens pour la sécurité de leurs familles à Gaza pendant les combats entre le Hamas et Tsahal. « L’écriture était sur le mur » dit-elle, évoquant un proverbe moyen-oriental. Mais, la psychologue considère qu’il n’y a pas plus de 10 % d’extrémistes des deux cotés. La priorité désormais, c’est de trouver vite des solutions pour effacer les raisons de la haine.
Hyam Tannous relève que, depuis plusieurs années, il y a une prise de conscience dans la population pour chercher une voie au dialogue. Le mouvement « Les femmes font la paix » est né de cette prise de conscience. Cinquante mille femmes israéliennes et palestiniennes participent aux mobilisations de ce mouvement, des femmes sans obédience politique particulière et issues de toutes les catégories sociales. Il s’agit d’oeuvrer ensemble pour relancer un processus de négociation et faire en sorte qu’Israël vive en paix avec ses voisins palestiniens. « Il faut trouver une solution fiable pour la dignité des deux peuples, assez de guerre, assez de morts », s’exclame la psychologue.
Hyam Tannous regrette que les émeutes aient laissé des traces dans sa ville de Haïfa qui est pourtant connue pour la coexistence bienveillante qui prévaut entre les deux communautés. « Pendant l’épidémie de Coronavirus nous avons tous lutté côte à côte dans une grande solidarité, maintenant il faut reconstituer les liens sociaux et rétablir la confiance, c’est triste », soupire-t-elle. Une source d’espoir immédiat pour l’éducatrice : la mise en place d’un nouveau gouvernement en Israël qui inclut des élus arabes du pays. « Il faut combattre ensemble contre l’ignorance et la pauvreté, mieux se connaître et reconnaître en tant que citoyens », conclut-elle.