Israël: un mouvement de femmes veut réveiller le « camp de la paix »

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Cet article a été mis en ligne le 5 mars 2015 sur la page Internet de l’Agence France Presse


Le conflit israélo-palestinien est le grand absent de la campagne pour les élections israéliennes du 17 mars mais un mouvement de femmes tente de redonner vie au « camp de la paix », moribond depuis des années.

Le mouvement Women Wage Peace (“Les femmes font la paix”), dont l’idée a germé pendant la guerre de juillet-août 2014 à Gaza, a été officiellement lancé fin novembre et compte plus de 7.000 adhérentes actives et 15.000 sympathisantes sur les réseaux sociaux, juives et arabes, affirme Michal Shamir, l’une de ses fondatrices.

Mercredi, des milliers de ses militantes se sont rassemblées face au Parlement israélien à Jérusalem pour dénoncer le silence de la classe politique sur le dossier israélo-palestinien et exiger du prochain gouvernement qu’il se fixe comme priorité un accord de paix.

La campagne électorale a jusqu’ici été terne et sans débat de fond sur la possibilité de parvenir à un tel accord.

Le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu, qui brigue un quatrième mandat, n’a pratiquement pas évoqué le dossier et mis surtout en avant sa capacité à faire face au programme nucléaire iranien.

Son principal adversaire, le chef du parti travailliste, Isaac Herzog, a lui abordé le sujet avec prudence, se déclarant favorable à un Etat palestinien, mais répétant avec insistance que cela dépendrait aussi de « l’humeur du côté palestinien ».

Les ONG et organisations de la société civile israéliennes, qui parvenaient dans les années 1980 et 1990 à mobiliser des milliers de personnes pour la paix, ont renoncé à lancer des appels à manifester en raison d’un climat de démobilisation lié à l’enlisement du processus de paix.

Des femmes manifestent à l’appel du mouvement « Women Wage Peace » devant le parlement israélien à Jérusalem le 4 mars 2015

« Nous sommes la seule organisation de base non partisane, qui fait un travail de terrain indépendamment de tout parti politique, pour redonner de l’espoir dans la paix et briser la thèse selon laquelle il n’y a personne à qui parler », explique Michal Shamir.

Ce mouvement de femmes organise plusieurs fois par semaine des rencontres d’informations et des débats aux domiciles de sympathisantes, aux quatre coins d’Israël, ainsi que des petites manifestations aux carrefours routiers.

Un seul mot d’ordre: quel que soit le parti au pouvoir, l’essentiel est de parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens.

Ce thème a progressivement disparu du discours politique avec le déclin du « camp de la paix » depuis l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, souligne Hanna Herzog, professeur de sociologie à l’université de Tel-Aviv, spécialiste du rôle des femmes dans la société israélienne.

« En tant que mouvement populaire, rassemblant des femmes ordinaires venues d’horizons politiques différents –même si évidemment le centre et la gauche sont dominants– Women Wage Peace essaye de remédier à cette situation », dit-elle.

Après quasiment 70 ans de conflit et des décennies d’efforts diplomatiques, le processus de paix, relancé sans succès par le parrain américain en 2014 avec neuf mois de difficiles négociations, est de nouveau dans l’impasse, tant les désaccords sont profonds entre les deux camps.

C’est la dernière guerre dévastatrice de Gaza, déclenchée par une offensive de l’armée israélienne pour faire notamment cesser les tirs de roquettes sur Israël et détruire les tunnels du Hamas, qui a poussé la plupart des adhérentes à rejoindre Women Wage Peace.

« Pendant la guerre, je me suis promise que si mon fils n’était pas tué (…) j’agirai pour que ce cauchemar ne se reproduise plus », explique Lili Weisberger, une artiste de la région de Tel-Aviv, dont le fils âgé de 21 ans effectuait son service militaire lorsqu’il a été envoyé combattre le Hamas à Gaza.

« Je ne veux plus de cette guerre de la jeunesse, avec d’un côté ces soldats de 18 ou 20 ans et de l’autre des enfants palestiniens », s’insurge Amal Rihan, professeur d’arabe à Jaffa, l’ancien port de Tel-Aviv, où vit une population mixte juive et arabe.

Pour cette mère de quatre enfants, qui se définit comme « musulmane, activiste et féministe », la « seule solution c’est de tout faire pour parvenir à un accord acceptable par les deux parties ».

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