Nous ne renoncerons jamais !

Facebook
Twitter

Comme chaque année, nous avons prononcé, le soir de Rosh Hashana (le Nouvel an juif), la phrase traditionnelle: «Que l’année qui s’achève s’en aille avec tous ses maux, et que l’année nouvelle vienne avec toutes ses bénédictions».

En effet, l’année qui vient de s’achever a été particulièrement porteuse d’inquiétudes pour tous ceux qui sont, comme nous, attachés aux principes de la démocratie libérale, au projet européen et à la recherche de la paix au Proche-Orient.

En Europe, la vague des mouvements nationalistes et populistes s’est poursuivie, portant au pouvoir des partis d’extrême droite dans des pays, comme l’Italie et l’Autriche, dont on aurait pu penser qu’ils étaient vaccinés contre la tentation extrémiste après la seconde guerre mondiale. Dans la plupart des pays européens, où les règles de la démocratie continuent heureusement d’être respectées, on constate une multiplication des actes racistes et antisémites. Et le poison de l’antisémitisme ne se limite pas à l’extrême droite traditionnelle: on le retrouve au sein du Parti travailliste britannique, dans une certaine «gauche alternative» espagnole, et en France dans les milieux gagnés par l’idéologie «indigéniste».

A l’Est, les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République Tchèque et Slovaquie) s’éloignent de plus en plus des principes et des valeurs qui sont à l’origine du projet européen, alors qu’ils ont largement  bénéficié des fonds structurels européens depuis leur intégration à l’UE en 2004. Les dirigeants de ces quatre pays étant par ailleurs moins soucieux de la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés que ne le sont leurs confrères européens, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou fait de grands efforts pour se concilier leurs bonnes grâces, quitte à ignorer les déclarations antisémites du dirigeant hongrois Viktor Orban envers le philanthrope juif américain d’origine hongroise George Soros, ou les brutales interventions «mémorielles» du gouvernement de Varsovie visant à masquer les responsabilités polonaises dans la Shoah. Il est vrai que les surprenantes relations internationales du Premier ministre israélien ne se limitent pas à ces «mauvais élèves» de la démocratie européenne: ainsi, la spectaculaire visite en Israël du président philippin Rodrigo Duterte a plongé dans la confusion tous les vrais amis de l’Etat juif.

Benjamin Netanyahou se félicite des bonnes relations qu’il entretient avec son allié américain. D’une part, répondant aux demandes répétées du Premier ministre israélien, Donald Trump a retiré les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, contre l’avis des principaux responsables des appareils sécuritaires américains et israéliens. D’autre part, il a transféré  à Jérusalem l’ambassade américaine, au grand bonheur de Benjamin Netanyahou, ce qui a conduit les Palestiniens à ne plus reconnaître les Etats-Unis comme un intermédiaire légitime entre eux et les Israéliens (on observe par ailleurs que, si Netanyahou escomptait que ce transfert d’ambassade créerait un effet «boule de neige», rien de tel ne s’est produit). Ces apparents succès de la droite israélienne risquent de coûter très cher à l’Etat juif.

Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, et espérant contraindre l’Autorité palestinienne d’accepter le «deal du siècle» que son administration annonce depuis des mois, Donald Trump retire la participation des Etats-Unis au financement de l’UNRWA, supprime l’aide économique américaine à la Cisjordanie et à Gaza – au risque d’y provoquer un regain de violence, dans une situation sociale explosive –, et fait fermer la représentation de l’OLP à Washington. Mais ce n’est pas en les humiliant que les Américains convaincront les Palestiniens d’accepter un plan qui, selon le négociateur palestinien Saëb Erakat, prévoit de leur octroyer un Etat incluant Gaza et seulement quelques parties de la Cisjordanie, sans Jérusalem-Est et en maintenant les colonies israéliennes. Vingt-cinq ans après les accords d’Oslo, il est tragique de constater à quel point on est revenu en arrière…

Ce n’est pas seulement l’espoir de paix qui vacille aujourd’hui; les fondements de la démocratie israélienne sont également menacés. La loi fondamentale dite de «l’Etat-nation» remet en cause l’équilibre que les pères fondateurs d’Israël avaient eu le souci d’établir entre les deux composantes de son identité: Etat juif ET démocratique. Ce qui est ici en jeu, au-delà des finasseries juridiques, ce sont les valeurs d’éthique, de solidarité et de justice sur lesquelles Israël s’est construit; des valeurs indissociables de celles qui ont fait le judaïsme depuis des siècles, et qui sont le socle de notre identité.

Pour nous Juifs, dont le destin a toujours été associé aux combats pour la démocratie sans laquelle nous n’aurions pu survivre individuellement et collectivement, il est insupportable que dans l’Etat du peuple juif, auquel nous sommes indéfectiblement attachés, certains tentent de pérenniser des statuts différents entre diverses catégories de citoyens. Nous n’avons pas été les premiers ni les seuls à élever une telle protestation. En Israël même, et au-delà des partis d’opposition, des personnalités issues de tous les courants – à commencer par le Président Rivlin – ont fait entendre leur voix et ont dit leur inquiétude. Aux Etats-Unis, un dirigeant aussi consensuel que le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, a publié dans le New York Times un article où il constate que «les dimensions démocratiques et égalitaires de l’Etat juif et démocratique sont mises à l’épreuve».

A JCall, nous ne renoncerons à aucun des espoirs qui nous rassemblent: le renforcement de la démocratie libérale dans le monde et en Israël, le projet européen, la paix entre Israéliens et Palestiniens. Nous continuerons de combattre l’antisémitisme où qu’il se manifeste, quels que soient les prétextes qu’il emprunte et quelles que soient les personnes qui lui prêtent leur soutien. Nous veillerons au respect des valeurs humanistes dont le peuple juif est l’héritier et le porteur. Nous ne renoncerons pas au dialogue avec les hommes et les femmes de bonne foi, de toutes origines et de toutes appartenances, qui cherchent comme nous la paix et la démocratie, dans le respect mutuel. Et nous serons plus que jamais solidaires des Israéliens qui, par-delà les clivages traditionnels, œuvrent à la préservation des valeurs au nom desquelles David Ben-Gourion proclama en 1948 la création de cet Etat juif et démocratique.

Nous poursuivrons en 5779, grâce à votre soutien, notre action pour faire entendre la voix de la raison. Nous vous souhaitons Shana Tova à tous. Que l’année 5779 vous apporte tout ce que vous souhaitez, et qu’elle soit – enfin – l’année de la paix.

Facebook
Twitter

Tribune Libre

Agenda

Atlas du conflit Israélo-Arabe

Communiqué

Facebook

Newsletter