Face aux incertitudes Israël fortifie ses frontières au nord et au sud

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L’avenir politique de la Syrie et de l’Egypte est préoccupant ; la sécurité dans le Sinaï et sur le Golan est précaire ; la tension reste vive aux abords de Gaza. Le gouvernement d’Israël a entrepris  de moderniser et de fortifier ses dispositifs frontaliers dans le sud du pays et sur le plateau du Golan.
Qui s’en souvient ? Il y a plusieurs dizaines d’années la « bonne frontière » (la frontière sans drame) avec Israël c’était celle du… Liban. Aujourd’hui, Hezbollah aidant, cette frontière est devenue dangereuse, les guerres et affrontements ne s’y comptent plus.
Jusqu’à récemment la « bonne frontière » était devenue celle d’avec l’Egypte et aussi celle d’avec la Syrie sur le Golan, depuis 1973 rien de catastrophique ne s’y était déroulé. Quelques petits accrochages, des actions terroristes sporadiques, se produisaient parfois dans le Sinaï, mais dans l’ensemble tout restait « sous contrôle ». Au sud, l’armée égyptienne veillait au grain ; au Nord, les forces d’Assad maintenaient le statu quo (mais pas au Liban).
Egypte, Golan, sans oublier la frontière avec la Jordanie, après les affres de la guerre de Kippour et la paix de Camp David, le corset de fer qui étreignait Israël s’était desserré. Les israéliens et les touristes pouvaient, sans trop de risques, voyager à Petra, plonger dans la Mer rouge à Charm el Cheik ou visiter les villages druzes bordant la Syrie.
Il semble bien que ce temps soit révolu, au moins pour un moment. Ce que l’on a coutume d’appeler « le Printemps arabe » a fait souffler un vent d’incertitude sur les confins de  l’état d’Israël. Les révoltés du Caire ont bousculé les militaires égyptiens au pouvoir depuis 50 ans et la révolte armée qui est en train de mettre à bas le régime baasiste, vieux de 40 ans, se poursuit dans le sang.
 Sinaï : zone dangereuse malgré les efforts du Caire
Certes, l’accord de paix signé par Sadate et Begin semble tenir le coup, Mohamed Morsi, le président égyptien, issu du rang des Frères musulmans, veut maintenir le fragile équilibre de la paix, une « paix froide » certes mais une paix… Cependant, le respect des accords de 1973 par le nouveau pouvoir du Caire n’est pas accepté par toutes les forces politiques du Moyen-Orient. L’Iran  et le Hezbollah, Al Quaïda et la mouvance djihadiste, les derniers survivants du panarabisme, voient cela d’un très mauvais œil. Leur objectif demeure identique depuis des décennies, casser l’accord de paix liant l’Egypte et Israël afin d’entraîner le plus grand des pays arabes dans une spirale anti-occidentale. Résultat, les actes terroristes se sont multipliés dans le Sinaï visant autant Israël que l’Egypte. La péninsule est devenue une zone dangereuse malgré les efforts du Caire pour rétablir l’ordre. Le territoire palestinien de Gaza, bien entendu, n’est pas étranger à cette nouvelle poussée de violence ; les groupes jihadistes qui y demeurent, mais étaient tenus en respect par le Hamas, ont activement participé à la déstabilisation du Sinaï. La mobilisation de ces groupes et leurs attaques contre le territoire israélien sont, en parties, à l’origine du nouvel affrontement entre l’armée d’Israël et le Hamas en novembre 2012.
Les dirigeants d’Israël regardent également avec vigilance l’évolution de la situation sur la frontière du Golan. La guerre civile qui oppose les forces d’Assad à celles de l’Armée de Libération Syrienne (ALS) est en train de déborder le strict cadre national, tous les pays limitrophes de la Syrie sont concernés si ce n’est déjà déstabilisés : Turquie, Jordanie et Liban. Première inquiétude du gouvernement israélien, la présence de groupes djihadistes parmi les force de l’ALS. Savoir Al Quaïda aux portes du Golan n’est pas une sinécure. Actuellement, des unités de l’ALS tentent de s’implanter dans la zone démilitarisée qui longe la ligne d’armistice de 1973. Plusieurs incidents de tirs ont déjà eu lieu amenant les forces de défense d’Israël à répliquer avec leur artillerie. Plus grave, beaucoup d’incertitudes demeurent sur l’usage qui sera fait des stocks d’armes non conventionnelles dont dispose, pour le moment, le régime de Damas, notamment les armes chimiques.
Une clôture identique le long de la frontière égyptienne et sur le Golan
Face à ces multiples incertitudes politiques et militaires, le gouvernement d’Israël a entrepris  de moderniser et de fortifier ses dispositifs frontaliers dans le sud du pays et sur le plateau du Golan.
Ainsi, Benjamin Netanyahou, Premier Ministre israélien, a participé le 2 janvier dernier à la cérémonie d’achèvement de la barrière électronique qui va de Keren Chalom à Eilat. Quelques jours plus tard, le chef militaire de la Région sud présentait une nouvelle brigade d’infanterie créée pour accroître les capacités d’intervention dans ce secteur. Simultanément, les autorités avertissaient le public que la route 10, qui longe la frontière égyptienne, serait fermée pendant un an à la circulation des véhicules civils.
En ce qui concerne le Golan, dans le nord, le chef d’état major de l’armée israélienne annonçait, le 6 janvier dernier, la construction « d’une clôture identique à celle érigée le long de la frontière égyptienne. Quelques changements seront cependant apportés, à cause des conditions différentes sur les hauteurs du Golan ». Une dizaine de kilomètres de la nouvelle barrière a déjà été mise en place, il reste encore, environ, soixante kilomètres à ériger. Les travaux devraient s’achever cette année.
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