Aux chefs d’État et de gouvernement des pays européens
Mesdames, Messieurs,
Les négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne, enclenchées il y a neuf mois sous l’égide des États-Unis, se sont achevées sans résultat. Chacune des parties a déjà accusé l’autre d’être responsable de ce nouvel échec. Aucune information officielle n’ayant filtré sur leur contenu, conformément aux engagements pris, il nous est difficile d’en tirer un bilan. Par contre, nous affirmons que tout retour au statu quo antérieur est source de danger. C’est pourquoi nous nous adressons à vous et vous demandons de vous joindre aux États-Unis pour proposer un accord-cadre afin de sauver la solution à deux États qui, seule, permettra aux Palestiniens de réaliser leur existence nationale dans un État souverain et à Israël de rester un État démocratique avec une majorité juive. Cet accord-cadre aurait le mérite d’inciter les deux parties à réagir et à exposer leurs points de désaccord – et, corollairement, de convergence possible. Il leur permettrait ainsi de reprendre les négociations et d’essayer de parvenir à un accord sur la base des principes suivants, connus de tous :
– Un retour aux frontières de 1967, avec des échanges consentis de territoires d’égale superficie afin de tenir compte des réalités sur le terrain et de limiter le nombre d’Israéliens qui devront revenir au sein des frontières de l’État d’Israël.
– Des mesures de sécurité accordées aux deux parties, garanties notamment par une présence internationale reposant principalement sur les États-Unis.
– Des compensations accordées aux Israéliens actuellement établis dans les implantations de Cisjordanie et qui seront rapatriés en Israël.
– Différentes options proposées aux réfugiés palestiniens et à leurs descendants, pour résoudre définitivement leur problème. Ils recevraient des compensations et pourraient choisir de s’installer soit dans le futur État palestinien, soit dans leurs pays d’accueil actuels ou dans des pays tiers (à la discrétion souveraine des pays concernés), soit en Israël (pour une minorité symbolique d’entre eux, et à la discrétion souveraine de l’État d’Israël).
– Jérusalem capitale des deux États sur la base de la répartition actuelle des quartiers : ceux habités par les Juifs feraient partie de la capitale d’Israël, et ceux habités par les Arabes de la capitale du futur Etat palestinien. Les lieux saints seraient protégés par des accords internationaux et resteraient accessibles à tous.
– Une reconnaissance, par les deux parties, du droit des Juifs à disposer de leur État et du droit des Palestiniens à disposer du leur, sans préjudice des droits égaux de leurs citoyens respectifs.
Sans une intervention politique internationale aujourd’hui, le risque est grand d’une grave détérioration de la situation, qui élargirait le fossé existant entre les deux populations.