-CHRONIQUES POUR LA PAIX –
Une fois de plus, la situation politique qui prévaut en Israël est instable. Une configuration que le pays connaît bien, hélas, pour l’avoir souvent vécue : celle d’une crise gouvernementale sur fond d’attentats terroristes meurtriers.
Mais avant de questionner notre invité, nous aurons une pensée affligée pour les victimes de ces attaques sanglantes. A ce jour, 14 personnes dont douze israéliens y ont perdu la vie.
C’est MARCO SARABIA qui nous donne son analyse des difficultés que risque de rencontrer le gouvernement Bennett/Lapid mis en minorité récemment. Rappelons que celui-ci est une alliance de différents partis de gauche, du centre et de droite avec une formation politique arabe en soutien, ce qui est inédit.
MARCO SARABIA est membre de l’assemblée du Parti travailliste israélien depuis de nombreuses années. Il a été l’un des animateurs du mouvement social contre Nétanyahou dit de “Balfour”, du nom de la rue à Jérusalem où se situe la résidence du Premier ministre et où les manifestations se sont déroulées pendant plusieurs semaines.
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Marco Sarabia ne voit pas de planification terroriste dans la vague d’attentats qui vient d’endeuiller Israël. Il estime qu’il n’y a pas de rapport entre eux et le sommet qui a rassemblé, quelques jours avant à Sdé Boker (1), les signataires des Accords d’Abraham (2) plus l’Égypte et les États-Unis. Le militant du Parti travailliste constate que le premier attentat a été commis par un Bédouin du sud d’Israël, le second par un habitant arabe du pays et les deux autres par des palestiniens de Cisjordanie. Les motivations du terroriste bédouin sont plutôt à relier aux tensions sociales et aux trafics d’armes qui sévissent dans cette communauté et dont la police s’occupe très activement depuis l’arrivée du gouvernement Bennett/Lapid au pouvoir. Les trois autres attentats sont dus à un effet “d’enchaînement par l’exemple” dans le cadre du Ramadan, qui est toujours un moment délicat en Israël d’un point de vue sécuritaire.
Marco Sarabia regrette que l’opposition de droite nationale-religieuse cherche à exploiter ce drame pour déstabiliser le gouvernement d’union Bennett/Lapid. Il rappelle que “malgré le désistement d’une députée religieuse de la coalition de gouvernement, soumise à l’énorme pression de l’opposition d’extrême-droite, l’union Bennett/Lapid continue à fonctionner. Elle a déjà amplement fait ses preuves. Elle a déjà réglé de nombreux dossiers importants et en sursis depuis plusieurs années du fait de l’ancien Premier Ministre Nétanyahou : le budget national a été voté, des mesures ont été prises pour le logement et contre la vie chère, un plan d’urgence adopté contre la criminalité dans les villes arabes d’Israël, des moyens ont été dégagés pour moderniser la barrière de sécurité bordant les territoires palestiniens, etc.”
Marco Sarabia estime que “personne n’a intérêt à ce que de nouvelles élections aient lieu, certainement pas le Likoud qui serait dans l’incapacité de monter un gouvernement majoritaire et qui aurait Nétanyahou comme Premier ministre , un homme poursuivi par la Justice pour de multiple raisons”. Pour l’ancien manifestant de Balfour, “l’actuel gouvernement plaît à la majorité des citoyens d’Israël car il s’agit d’une union démocratique, pluriethnique, qui oeuvre efficacement dans le dialogue”.
En ce qui concerne la guerre entre la Russie et l’Ukraine , Marco Sarabia note qu’il existe un large consensus dans le pays pour considérer qu’Israël doit rester à égale distance des deux pays. Il explique : “nous voyons bien que l’agression vient de Poutine, mais nous devons préserver nos intérêts, c’est-à-dire notre capacité d’attaquer les forces iraniennes qui nous menacent en Syrie et le Hezbollah au Liban. Nous avons un accord avec les Russes qui nous laissent une liberté d’action que nous devons préserver. C’est pour cela qu’Israël essaie de favoriser le dialogue entre Poutine et Zelensky. De plus, nous avons une population qui compte beaucoup de personnes issues de ces deux états”.
(1) Sdé Boker est un kibboutz dans le désert du sud d’Israël, le Néguev, où est enterré David Ben Gourion, le père fondateur de l’État hébreu.
(2) Les accords d’Abraham sont deux traités de paix, signés en 2020 à Washington, entre Israël et les Émirats Arabes Unis, d’une part et entre Israël et Bahreïn d’autre part. Le Maroc s’y adjoindra quelques mois plus tard.