En France après une campagne électorale escamotée à cause de la situation internationale qui a beaucoup plus mobilisé l’opinion publique et le président de la République depuis le 24 février, jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le premier tour s’est caractérisé par un taux d’abstention de 26%, supérieur de 4% par rapport à celui de 2017. Il s’est achevé par un résultat où les trois premières listes totalisent ensemble près de 73% des votes.
Devant ce résultat, les électeurs français sont confrontés à un choix dont les conséquences seront déterminantes, non seulement pour la France, mais aussi pour l’avenir de l’Union Européenne. Le choix est, comme il y a 5 ans, entre deux visions de la France et de sa place dans l’Europe. Il est entre d’une part Marine Le Pen, la candidate représentante d’un parti qui n’a aucunement changé en profondeur, toujours marqué par le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme, développant des positions antidémocratiques et opposées au projet européen ; une candidate qui a reçu le soutien, comme il fallait s’y attendre, de l’autre candidat d’extrême droite Eric Zemmour, avec lequel depuis quelques mois elle se répartit les rôles pour se présenter comme la modérée, lui laissant celui du repoussoir, comme le font dans les films policiers le bon flic et le mauvais flic, afin de propager leur discours populiste remettant en cause les valeurs de la République ; une candidate qui, malgré toutes ses récentes déclarations pro européennes, reste celle qu’a adoubé Vladimir Poutine, le dirigeant autocrate de la fédération de Russie, l’ennemi déclaré de l’Union Européenne et de ses valeurs de démocratie, l’auteur de crimes de guerre en Ukraine après ceux que son armée a commis en Syrie ou en Tchétchénie, un dirigeant auprès duquel elle est allée chercher les financements de son parti.
Le choix est donc entre Marine Le Pen et d’autre part Emmanuel Macron, qui, à la différence d’il y a 5 ans où il était alors inconnu du grand public, peut faire valoir son bilan après un premier quinquennat. On peut certes reprocher au président, aujourd’hui candidat, de ne pas avoir pris la mesure de la détresse sociale et économique dans laquelle se trouvait une partie importante de la population, notamment dans les zones rurales, ce qui a entrainé la vague de contestation des gilets jaunes, et de ne pas lui avoir apporté les réponses à la hauteur de ses besoins. Mais il faut lui reconnaître avoir su protéger la population française face aux conséquences de la pandémie et cela mieux que dans la plupart des autres pays. Et surtout, alors que pour la première fois depuis 1945, un pays au cœur de l’Europe est victime d’une agression par un de ses voisins, ayant causé déjà la mort de plusieurs milliers de civils, mettant fin ainsi à l’illusion dominante, depuis la désagrégation de l’URSS, de la victoire de l’idéologie libérale et de la paix dans le continent, il faut reconnaître à Emmanuel Macron son engagement européen constant. Il a toujours appelé à la constitution d’une Europe de la défense et il a su mobiliser les autres dirigeants européens pour renforcer les fondements de l’UE, depuis le projet de mutualisation de la dette européenne jusqu’au financement et la livraison à l’Ukraine des armes nécessaires à sa défense.
Pour nous, le choix entre ces deux candidats est évident. Nous appelons à voter sans hésitation pour Emmanuel Macron, un républicain convaincu, un défenseur des valeurs morales et démocratiques auxquelles nous adhérons, et également un partisan constant d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens sur la base de deux États.
A la veille du seder, où dans chaque famille nous allons relire la Haggadah de Pessah, rappelant que chaque génération doit sortir à son tour d’Egypte, nous devons nous mobiliser ici pour défendre les valeurs de liberté que symbolise plus que toute autre cette fête dans le calendrier juif. Et la liberté est indissociable des autres valeurs qui font la devise de la France d’égalité et de fraternité. Hag Pessah sameah ! Bonnes fêtes de Pâques !