Palestine – Israël : que peut faire le cinéma ?

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Bilan d’une « Masterclass » organisée à Genève, du 7 au 16 mars, par le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains en association avec JCall  Suisse et Le Manifeste pour une paix juste et durable au Moyen Orient

 

« Une piscine, mosaïques bleues, dans une villa de rêve, quelque part en Israël. Deux jolies jeunes filles. L’une en bikini se prélasse dans l’eau, l’autre, petite domestique arabe en jupe longue et foulard sur la tête astique le carrelage blanc ; leurs regards intrigués se croisent … »

« Au milieu de nulle part, un jeune soldat israélien au fusil chargé, cherche à convaincre un prisonnier arabe dont il a la charge,  de capturer un âne qui broute paisiblement afin de l’atteler à la jeep qui s’est embourbée dans le sable. »

« Une source alimente une jolie piscine en pleine nature : celle d’un Palestinien cette fois qui en fait profiter les habitants des villages environnants moyennant une modeste entrée payante. Les familles y viennent se reposer et se détendre les jours de congé. Sauf que parfois, des bandes de colons avec enfants font irruption bruyamment, refusent de payer l’entrée, envahissent martialement les lieux. La scène est filmée caméra cachée. C’est édifiant. »

« S’il suffit généralement d’ouvrir un robinet pour obtenir de l’eau courante, ce n’est pas le cas de familles palestiniennes vivant dans les  territoires occupés. Le chauffeur d’un gros camion-citerne nous raconte ses difficultés d’approvisionner villes et villages. »

Voilà quelques extraits des neuf courts métrages, fictions ou documentaires de création, réunis sous le titre « Water » réalisés par de jeunes cinéastes israéliens et palestiniens et présentés dans le cadre du Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains, à Genève, le 9 mars dernier, auquel JCall a été associé. Water, cette eau si précieuse à la fois source de vie et force de la nature, prend évidemment un sens tout particulier dans cette région.

Ce projet mené par Yaël Perlov, productrice israélienne et enseignante au Département cinéma de l’Université de Tel-Aviv, a pour objectif de faire travailler ensemble de jeunes étudiants de cinéma israéliens et palestiniens autour de la réalisation collective de films sur des thèmes sensibles aux prises avec une réalité quotidienne vécue comme « Water » ou « coffee », son projet précédent.

Alors que peut faire le Cinéma dans le conflit Israélo-Palestinien ? Tel était le thème de la masterclass auquel se sont soumis Yaël et deux jeunes réalisateurs : Yona Rozenkier, israélien, et Ahmad Bargouthi, un artiste palestinien de Ramalah. A les voir tous deux, assis côte à côte, même look, même style, totalement complices, on a vite compris que le dialogue entre eux auquel ils sont maintenant habitués, le fait de travailler ensemble et voyager ensemble est essentiel dans cette quête d’un rapprochement entre ces deux communautés. C’est toute la tâche de Yaël Perlov : faire se rencontrer et dialoguer autour d’un projet précis de jeunes artistes vivant de part et d’autre du mur de séparation.

Mais la tâche n’est pas facile, on s’en doute ! Si la sélection des jeunes réalisateurs israéliens s’est faite sur place parmi les étudiants de Yaël Perlov, c’est sur Facebook qu’elle a recouru pour entrer en contact avec les réalisateurs palestiniens.

La difficulté est encore plus grande, nous raconte Yoni, en conclusion, lorsqu’il veut aller à Ramalah, ne serait-ce que pour rendre visite à Ahmad, non pas tant à cause des check points, mais cette peur au ventre d’un soldat qui a fait la guerre. Une impossibilité émotionnelle de faire le pas.

Mots de vérité et de tristesse devant cette situation, mais aussi mots d’encouragement et d’espoir d’une productrice engagée qui a su, par son énergie et sa conviction passionner les deux cents spectateurs présents attentifs et curieux.

 Massia Kaneman-Pougatch

Présidente, JCall Suisse

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