Genève 3 mars 2013. Leïla Shahid, déléguée générale de Palestine à Bruxelles et Shaul Arieli, ex-colonel de l’Armée Israélienne et membre du comité des Accords de Genève ont appelé à la reprise des négociations israélo-palestiniennes devant une salle comble réunissant pas moins de 650 personnes.
Ça s’est passé lors d’un grand débat « Israël-Palestine : Pourquoi deux Etats ? » co-présenté par le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains, Genève, par JCall Switzerland et par le Département Fédéral des Affaires Etrangères de la Suisse, représenté par Jean-Daniel Ruch, Ambassadeur, ancien Représentant spécial de la Suisse pour le Moyen-Orient. Ce débat a été précédé d’un film « My neighbourhood » de Julia Bacha et Rebekah Wingert-Jabi, USA/Israël, 2012, un documentaire relatant, à travers les yeux d’un petit Palestinien de 11 ans, la prise de force de sa maison à Sheik Jarrah, Jérusalem Est, par les colons, sous les protestations et les huées d’un groupe de jeunes Israéliens activistes qui se battent contre la colonisation. Une conférence de presse s’est tenue le lendemain dans une des salles de l’ONU.
Cet événement avait de quoi attirer beaucoup de monde et de journalistes non seulement par le sujet – dont on pouvait craindre par ailleurs qu’il soit passé quelque peu au second plan parmi toutes les horreurs : guerres, viols, exactions projetées et débattues durant les 10 jours du festival – mais surtout par la qualité et la combinaison des intervenants dont David Chemla, en tant que Secrétaire général européen de JCall, faisait également partie.
Curieux de savoir comment allait se dérouler une discussion mettant face à face deux personnalités représentant deux camps en principe antagonistes, le public, surpris, a pu voir deux personnes sereines assises côte à côte. Si Leïla Shahid était connue pour des prises de position parfois radicales contre Israël, du temps d’Arafat, elle s’est montrée extrêmement ouverte et positive, concernant la solution des deux Etats. « Il est primordial que le processus de paix se débloque » a-t-elle affirmé avec beaucoup de conviction « mais nous avons reculé ces vingt dernières années ». Puis d’ajouter, en accord avec S. Arieli et D. Chemla, que « si les négociations reprennent, elles doivent avoir un cadre et un but bien précis, limité dans le temps. Le temps de négocier pour négocier est révolu » !
A la question de savoir si la solution des deux Etats était toujours faisable, Shaul Arieli, qui connaît le terrain centimètre par centimètre, est très positif à ce sujet et se réfère aux Accords de Genève qui ont étudié analysé et proposé des solutions pour chacun des problèmes en litige.
Mais tous deux sont d’accord pour déclarer que si le contenu d’un accord est connu, c’est la volonté politique qui manque. Shaul Arieli continue de penser que l’Initiative de Genève reste un modèle pour un accord permanent futur. « Le document est devenu un texte de référence. Nous essayons toujours de convaincre l’opinion publique mais le soutien de la communauté internationale est indispensable. » Si les Israéliens, selon un récent sondage, sont en majorité d’accord pour la solution à deux Etats, « il ne faut pas oublier que la question de la sécurité est vitale et qu’ils sont traumatisés par les attentats terroristes et les roquettes lancées par les Palestiniens de Gaza », n’a pas manqué de souligner S. Arieli. Face à cette situation de violence, de peurs et d’insécurité vécue par les deux populations, la confiance n’est plus là, ont rappelé les intervenants, « on ne peut minimiser ce problème psychologique ». Mais « la confiance des uns dans les autres n’est pas la clé, souligne avec éloquence l’ambassadeur suisse « la confiance dans le système politique est déterminante, système à être garanti par la communauté internationale »
Concernant la visite du Président Obama, prévue du 20 au 22 mars, Leila Shahid pense qu’elle ne peut à elle seule résoudre les problèmes, mais peut redonner confiance à la population. Les espoirs dans cette visite ne doivent pas être placés trop haut. « Il faut avant tout des changements concrets sur le terrain, dans la vie de la population palestinienne, comme la libération de prisonniers politiques palestiniens, la facilitation des passages aux barrages israéliens, l’arrêt des constructions des colonies de peuplement.
Quant à Shaul Arieli, il espère une nouvelle initiative américaine « il faut reprendre les négociations là où elles se sont achevées fin 2007 à Annapolis, car sans le soutien des Etats Unis, il n’y aura pas de paix entre Israéliens et Palestiniens ».
Quelques divergences d’opinions, certes, notamment sur le rôle des Américains dans le processus de paix, mais sur le fond, nous avons senti une volonté commune de débloquer le processus de paix pour parvenir à la solution des deux Etats. La complicité réelle qui s’est établie entre nos deux invités, logés dans le même hôtel, assis à la même table, plaisantant ensemble et se donnant, côte à côte, sans retenue à la prise de photos, nous ont donné l’espoir, durant deux jours, que tout était possible.
Ce fut surtout une formidable opportunité offerte à JCall Suisse de présenter publiquement, en introduction à cet événement exceptionnel, le mouvement, son objectif et ses actions.
Massia Kaneman
Vice-Présidente
JCall Switzerland
Vous pouvez visionner le débat sur le site du festival du film des Droits de l’Homme en cliquant ici et en choisissant le débat “Israël Palestine – Pourquoi 2 Etats” partie 1 puis partie 2