CHRONIQUES POUR LA PAIX – FREDERIC ENCEL est docteur en géopolitique. Professeur à Sciences Po-Paris et à l’Institut des Hautes études de Défense Nationale, il a publié plusieurs ouvrages sur le Moyen-Orient et Jérusalem. Son dernier livre est une réédition de «l’Atlas géopolitique d’Israël». Il répond aux questions de Paul Ouzi MEYERSON suite à la présentation du nouveau plan économique des Etats-Unis destiné à résoudre le conflit israélo-palestinien.
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A BahreÏn, le 25 et le 26 juin derniers, Jared Kushner a présenté le nouveau plan des Etats-Unis destiné à résoudre le conflit israélo-palestinien. Devant un parterre de représentants des pays arabes sunnites, de délégués américains et européens, le beau fils de Donald Trump a détaillé son programme économique intitulé «La paix et la prospérité».
On s’est étonné qu’à cette rencontre les israéliens et les palestiniens ne soient pas invités. Cependant, une délégation juive officieuse était bien présente ainsi qu’une délégation palestinienne quasiment clandestine puisque que le Président Mahmoud Abbas s’oppose fortement à ce plan.
Autre incongruité, la diplomatie et la politique étaient absentes également. Le Plan de Paix Américain se présente comme une série d’actions destinées au développement de la société palestinienne. Ses trois axes sont :
– Libérer le potentiel économique c’est à dire investir dans les infrastructures publics et les entreprises privées.
– Donner à la population la possibilité de réaliser ses ambitions c’est à dire améliorer l’ensemble du système éducatif et du système de santé.
– Améliorer la gouvernance de l’Etat c’est à dire créer un système judiciaire indépendant et une administration au service des habitants qui garantissent le respect de la propriété et la mise en place d’une vraie fiscalité.
Pour réaliser ce Plan de paix, 50 milliards de dollars devraient être levés, soit 45 milliard d’euros, qui permettraient la création d’un million d’emplois.
Mais est-ce bien réaliste de faire passer l’économie avant la diplomatie ? Quel prix politique les uns et les autres payeront pour récolter la manne car le « Plan de paix vers la prospérité » concerne tous les voisins de la Cisjordanie et en premier lieu Israël ?
Pour nous aider à évaluer la pertinence de cet énième plan de paix, nous nous tournons vers Frédéric Encel (écouter l’enregistrement de l’émission « Chroniques pour la paix » ci-dessus). Le géopolitologue considère qu’un « processus de paix c’est d’abord des réponses politiques sur des questions diplomatiques, stratégiques et identitaires ». Frédéric encel ajoute que « deux ans pour présenter un plan de paix uniquement basé sur l’économie ! L’ administration du président Trump n’est pas sérieuse ». Il relève un seul point vraiment positif à l’issu de la conférence de Bahreïn, c’est « la quasi officialisation des rapports entre Israël et les états sunnites du Golf Persique ».