CHRONIQUES POUR LA PAIX – DAVID CHEMLA, secrétaire général de JCall Europe, répond aux questions de PAUL OUZI MEYERSON pour faire le point sur la situation politique en Israël et essayer de comprendre ce qui se trame au gouvernement et à la Knesset (parlement).
Le président de l’état d’Israël, Reouven Rivlin, a confié à Benny Gantz, leader du parti Bleu-Blanc qui s’opposait au Likoud de Netanyahou, la composition du nouveau gouvernement. Mais, coup de théâtre, celui-ci a préféré accepter l’offre de Netanyahou de composer un gouvernement «d’urgence nationale». Ce faisant Benny Gantz a fait éclater le bloc du centre dont il était le dirigeant. Que penser de ce soudain revirement politique ?
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David Chemla estime que “Benny Gantz a certainement pensé faire preuve de responsabilité en acceptant de se joindre à Netanyahou et au Likoud pour former un gouvernement d’urgence nationale”. Selon le secrétaire national de JCall deux raisons motivent cette décision qui a surpris beaucoup de monde : d’abord, la crise sanitaire due au coronavirus qui exigeait une mobilisation totale et immédiate du pays ; ensuite, si Bleu-Blanc disposait de la majorité théorique (61 sièges) pour mettre en place un gouvernement, dans les faits cette majorité était hétéroclite et hypothétique car faisant cohabiter des députés aux horizons antagonistes comme ceux du nationaliste juif laïc Avigdor Lieberman et de la Liste Arabe Unie. “Nous aurions préféré un gouvernement plus enclin à reprendre les négociations avec les palestiniens”, reconnaît David Chemla. “Mais pour se faire une réelle opinion il faut attendre la composition du nouveau gouvernement et y mesurer les rapports de force”.
Dans l’immédiat, le secrétaire de JCall craint que se mette en place un gouvernement pléthorique car “Netanyahou a promis tout à tout le monde et les partis orthodoxes et national-religieux, s’ils sont oubliés, risquent de lui faire une guérilla incessante”. Dans ce contexte, la position que prendra le nouveau gouvernement vis-à-vis du plan Trump risque d’être cruciale. “Si Netanyahou veut annexer rapidement la vallée du Jourdain dans la perspective des élections aux USA, comme prévu par le “deal du siècle”, Gantz lui, entend que cette annexion soit d’abord discutée au niveau international, diplomatiquement” souligne David Chemla.
Selon le secrétaire général de JCall Europe deux tabous politiques sont tombés pendant la dernière campagne électorale israélienne : les partis politiques arabes ont accepté de soutenir des “partis sionistes” pour composer le gouvernement ; dans l’autre sens, des “partis sionistes” ont accepté le soutien des députés arabes pour former une majorité qui puisse composer un gouvernement. “Depuis la signature des accords d’Oslo par Itsrak Rabin en 1995, et avant, cela n’avait jamais eu lieu”, constate David Chemla.