CHRONIQUES POUR LA PAIX : Il y a un paradoxe politique notoire en Israël : la colère sociale contre le gouvernement va en s’amplifiant au rythme de l’expansion épidémique du Coronavirus ; pourtant, si demain des élections législatives avaient lieu, les mêmes partis âprement critiqués seraient remis au pouvoir par les électeurs !
ILAN ROZENKIER a demandé à DAVID BEN ICHOU d’expliquer cette surprenante situation en l’interviewant au cours de notre émission.
David Ben Ichou a été directeur des affaires sociales du FSJU. Devenu spécialiste en environnement, il travaille maintenant en Israël comme conseiller auprès de la mairie de Kfar Saba et de plusieurs entreprises. Il milite pour la démocratie et la paix.
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David Ben Ichou constate qu’il y a une “énorme insatisfaction” dans la population israélienne. Les mesures pour éviter l’écroulement de l’économie et la montée du chômage ont été insuffisantes et mal organisées. Les citoyens du pays regardent les dissensions entre ministres et les directives contradictoires de Ministère de la santé avec stupéfaction ; par exemple, la polémique qui s’est envenimée entre l’opposant d’extrême-droite Naftali Bennet et le Ministre de la santé du gouvernement Netanyahou quant au rôle de l’armée (Tsahal) pour lutter contre l’épidémie.
Pour David Ben Ichou, “les dirigeants politiques ont manqué d’écoute, et d’empathie pour la population. La communication a été très mauvaise et parfois parfaitement contradictoire après le déconfinement“.
“La contradiction entre colère sociale et conservatisme politique s’explique par trois raisons principales“, considère David Ben Ichou :
1/ Certes, il se passe des choses graves d’un point de vue démocratique et judiciaire mais les israéliens hésitent à modifier leurs habitudes et à réagir à une triste réalité car “ils sont fatigués”.
2/ Cette fatigue est le résultat des trois dernières élections successives qui se sont déroulées dans un climat exécrable. “Les gens veulent de la stabilité politique, de la normalité”.
3/ L’épidémie a tout bousculé, la majorité des israéliens rencontrent d’énormes difficultés financières et certains se retrouvent dans le dénuement. Les tentatives illibérales contre la justice, la presse, les institutions de l’état ne passent plus car “les citoyens en ont assez des tentatives de division des différentes populations qui constituent la société, ils veulent un nouveau contrat social d’union, de progrès et de paix”.