David Bénichou : “Le nouveau gouvernement représente la mosaïque des citoyens mobilisés contre Netanyahou”

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DAVID BÉNICHOU répond aux questions de Paul Ouzi MEYERSON : Un nouveau gouvernement  a été désigné en Israël, avec à sa tête Naftali Bennett et Yaïr Lapid, mais il semble idéologiquement fragile et doit faire ses preuves. Benyamin Nétanyahou est éloigné du pouvoir mais demeure farouchement présent à la tête de l’opposition.  Comment les  libéraux israéliens réagissent-ils face à ce nouveau contexte politique ? Tournant historique ou étape intermédiaire ?

David Bénichou est l’un des fondateurs et animateurs des «démocrates mobilisés» qui ont manifesté tous les samedis, pendant des semaines, devant la résidence officielle de Benjamin Netanyahou (“Balfour”) à Jérusalem pour demander son départ.

 Diplômé de l’Ecole des Sciences Politiques de Paris, David Bénichou a été le directeur des affaires sociales du Fonds Social Juif Unifié (FSJU) pendant de nombreuses années. Par la suite, il a fait son alyah (départ en Israël) et il travaille désormais comme consultant en stratégie de l’environnement auprès de municipalités du pays.

 

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Tout d’abord, David Bénichou souhaite répliquer à ceux qui ont insulté les manifestants qui se sont opposés à Netanyahou, que ce soit à “Balfour” ou ailleurs, en les traitant de “gauchistes et de propagateurs du Covid”. Évoquant ses jours de mobilisation dans la rue il leur objecte : “Moi,  je n’ai vu que des citoyens qui avaient fait et faisaient leur devoir. J’ai eu l’honneur pendant des semaines de côtoyer des anciens pilotes de chasse, des responsables des services de sécurité d’Israël, des officiers supérieurs, des artistes, des chefs d’entreprises, des employés. Il y avait des gens de droite, du centre et de gauche. Nous échangions nos opinions, nous refaisions le pays, c’était généreux et enthousiasmant. Aujourd’hui, le gouvernement au pouvoir est à l’image de cette mosaïque de citoyens qui se sont mobilisés, c’est la traduction politique de ce large mouvement”.

David Bénichou est prêt à faire face à toutes les critiques, à entendre différentes opinions, mais il refuse que l’on fasse son procès en de mauvais termes. “Personne n’a de leçon à me donner sur le sionisme, le patriotisme et le judaïsme. Je suis monté une première fois en Israël à 16 ans, j’y ai étudié,  j’ai fait l’armée dans un régiment de choc, au Liban j’ai vu des camarades tomber. Pendant 10 années j’ai été au service de la communauté juive de France. C’est donc sans aucune inhibition que j’ai pu critiquer  un Premier ministre qui nous conduisait vers une démocratie illibérale où on ne respecte plus le peuple et les institutions de l’état”. 

L’ancien directeur du FSJU considère que le ralliement de Benny Gantz (leader du parti d’opposition “”Bleu-Blanc” lors des dernières élections à la Knesset) au gouvernement Netanyahou est à l’origine du mouvement de contestation contre “Bibi”. “Ce fut une immense déception et on estime à plus d’un million le nombre d’électeurs (1) qui se sont sentis floués puis se sont indignés des manoeuvres du Premier ministre sortant”, constate-t-il.

Concernant les violentes émeutes qui ont opposé juifs et arabes dans plusieurs villes du pays pendant la dernière guerre contre le Hamas à Gaza, David Bénichou admet leur gravité et la difficulté à retrouver l’ancien équilibre national. Mais, il demeure persuadé qu’elles sont le fait d’une minorité agissante répondant à des motivations diverses : politiques, religieuses, sociales. “Les juifs et les arabes citoyens d’Israël continueront à travailler côte à côte et feront progresser la société dans son ensemble”, conclut-il.

 

(1) Il y avait  6,5 millions d’électeurs inscrits en Israël en 2020.

 

 

 

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