Alors que Jérusalem est au bord de l’explosion, il est encore temps d’empêcher le pire.
Nous condamnons la tentative d’assassinat de Yehouda Glick, militant israélien d’extrême-droite et fervent partisan de la construction du troisième temple à Jérusalem, avec d’autant plus de vigueur que nous dénonçons l’idéologie dangereuse et irresponsable dont il est porteur.
Nous condamnons la poursuite des constructions dans les quartiers de Jérusalem-Est et en Cisjordanie qui rend de plus en plus difficile la création d’un État palestinien viable et qui nourrit, par ailleurs, les sentiments de frustration et de colère de la population palestinienne, renforçant en son sein les mouvements extrémistes. Le responsable du précédent attentat à Jérusalem, qui a causé la mort d’un bébé de trois mois et d’une femme, n’était-il pas un habitant de Silwan, village situé au-dessus du site supposé de la cité de David, où Israël a procédé à un certain nombre d’expropriations récemment ?
Depuis la fin de la guerre de cet été à Gaza, le gouvernement israélien n’a rien fait pour relancer les négociations et dégager ainsi le nouvel horizon politique, que le premier ministre, Benjamin Netanyahou, avait pourtant annoncé vouloir proposer aux Palestiniens. Au contraire, les annonces continues de nouveaux programmes de constructions dans les territoires ou le projet proposé sous la pression des colons par le ministre de la défense Moshé Yaalon, et pour l’instant repoussé, de mettre en place des bus séparés pour les Palestiniens en Cisjordanie, ne peuvent que pousser au désespoir les Palestiniens qui se voient sans avenir sur leur propre terre.
De telles décisions ne peuvent qu’affaiblir la position d’Israël sur la scène internationale et accroitre son isolement au moment où les développements des conflits dans la région devraient plutôt le pousser à renforcer ses alliances avec ses alliés stratégiques, notamment les pays musulmans engagés dans la lutte contre les mouvements islamistes. La reconnaissance de l’État palestinien par la Suède ou le vote du parlement britannique en sa faveur sont les premiers signes tangibles du changement des États européens à l’égard d’Israël. Quant aux États-Unis, les récentes déclarations de responsables de l’administration américaine concernant les dirigeants israéliens, même si elles sont diplomatiquement atténuées ou désavouées par la suite, témoignent de la lassitude grandissante à l’égard d’Israël de son principal allié.
Vingt ans après la signature de paix avec la Jordanie, et à la veille de la commémoration du dix neuvième anniversaire de l’assassinat de Yitzhak Rabin, il est encore temps pour les responsables politiques des deux peuples, à savoir le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne, de retrouver le chemin de la table des négociations.
Rabin a été assassiné il y a presque 20 ans, ne laissons pas assassiner le message dont il était porteur !
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