Youval Rahamim : “Les Israéliens et les Palestiniens de notre association, qui sont tous des victimes du conflit, s’efforcent de transformer la haine et la douleur en réconciliation”

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-CHRONIQUES POUR LA PAIX –

Yuval Rahamim, répond aux questions d’Alain Rozenkier :” Les Israéliens et les Palestiniens de notre association, qui sont tous des victimes du conflit, après un cheminement personnel, s’efforcent de transformer la haine et la douleur en réconciliation…Pour chacun d’entre nous, il y a de l’autre coté des personnes qui nous sont semblables dans la douleur et dans l’angoisse et qui veulent faire la paix”…

Le Forum israélo-palestiniens des familles endeuillées est une ONG qui, assez fréquemment, retient l’attention des médias suite aux attaques, souvent diffamatoires, dont elle est l’objet, attention que suscitent des évènements qu’elle organise où dont elle est partenaire. On peut citer la Cérémonie conjointe israélo-palestinienne du souvenir organisée tous les ans, la dernière édition s’étant déroulée le 24 avril dernier, des interventions dans les lycées devant des élèves de  classes terminales et dont la tenue est souvent contestée par des extrémistes juifs, et tout récemment encore, le 19 juin dernier, le débat particulièrement houleux qui s’est tenu en commission de l’éducation de la Knesset au sujet du prochain camp d’été israélo-palestinien qui doit se tenir au village de Ben Shemen, entre Tel Aviv et Jérusalem, à 2 km de Lod, et auquel doivent participer une cinquantaine de jeunes.  Les accusations et calomnies étant parfois colportées en France, notamment à l’occasion d’évènements auquel le Forum est associé, nous avons convenu de lui donner la parole. Pour ce faire, nous recevons Yuval Rahamim, co-directeur du Forum israélo-palestinien des Familles endeuillées qui fait l’effort de s’exprimer en français.

 

CLIQUER SUR LE LIEN CI-DESSOUS POUR ÉCOUTER L’ÉMISSION SUR RADIO SHALOM  (94.8 fm)

 

Yuval Rahamim indique que l’ONG existe depuis presque 30 ans et regroupe des personnes endeuillées qui ont perdu un être cher, soldats ou civils du côté israélien, et chez les Palestinien, il s’agit le plus souvent de victimes collatérales de l’intervention de soldats israéliens. Après un travail personnel, ils se décident à nous rejoindre pour transformer la douleur, la haine, le désir de vengeance  en une aspiration à la réconciliation. “Nous sommes deux sociétés en miroir…” et par nos rencontres, nos échanges, parfois difficiles, nous nous apercevons les uns et les autres que de l’autre coté, il y a des personnes comme nous qui ont subi la même douleur, éprouvé la même angoisse et qui veulent faire la paix.” En réponse à la question d’Ilan Rozenkier, Yuval Rahamim précise qu’il est orphelin de guerre. Son père  a été mobilisé et tué au 2ème jour de la guerre des 6 jours. Il a été lui-même officier et a servi durant 6 ans. Il est représentatif des membres de l’ONG qu’il n’a pas rejoint rapidement une fois adulte.

Au reproche souvent entendu que les Palestiniens de l’association seraient des proches de terroristes ayant du sang  juif sur les mains, Yuval Rahamim  insiste sur le fait que ce qui est commun aux membres de l’association, quelles que soient les circonstances de la mort de leur proche  c’est qu’ils sont tous, tant les Israéliens que les Palestiniens, opposés à la violence, au terrorisme et veulent que ce conflit se termine par un accord. A la différence d’une association normale, elle n’aspire en aucun cas à s’agrandir.
Yuval Rahamim attire l’attention sur le fait qu’il y a des gens qui les  rejoignent seulement maintenant, longtemps après la perte de leur proche, car ils comprennent  que la démocratie est menacée à cause du conflit, que ce sont souvent les partisans les plus acharnés de l’annexion qui remettent  en cause  la pérennité de la démocratie avec le plus de virulence.
La dernière partie de l’entretien porte sur ce fameux camp d’été pour jeunes israéliens et palestiniens qui a déclenché l’ire de la droite extrême. Ce camp d’été qui existe depuis 20 ans, est un camp comme les autres mais il a la particularité de réunir des jeunes qui sans cela ne se rencontrent jamais.  Ils se découvrent et à leur retour chez eux, ils racontent. Ce camp n’a pas vocation a être public, il n’y a aucune publicité qui lui est faite car il n’est pas question d’exposer les enfants aux médias. Mais cette année, des militants de droite ont infiltré les circuits de communication de l’ONG. Ils ont envoyé des lettres au parents, aux députés, aux médias, menaçant les responsables du village qui devait accueillir, à titre payant, ces jeunes alors que les élèves qui le fréquentent habituellement seront en vacances. Aucun prosélytisme donc ! Ils ont provoqué un débat à la commission de l’éducation de la Knesset qui a été trés houleux et menaçant à l’égard des organisateurs et de la structure accueillante.
Yuval Rahamim, fait remarquer, pour s’en féliciter, que le village n’a pas cédé aux menaces et a maintenu la location des lieux à l’ONG qui a reçu un soutien du public. Il indique également, à titre de curiosité, que ce camp aura pendant quelques jours une connotation française  autours de la cuisine : des chefs français animeront des ateliers culinaires qui prépareront le repas à l’attention des parents qui seront présent lors de la clôture du camp. La Fondation Paul Bocuse est en effet partenaire de l’opération depuis plusieurs années.
“Avec ce camp, conclu Yuval Rahamim, nous produisons des agents de paix et de réconciliation”.
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