Dans la tradition juive, il est de coutume de dire à Rosh Hashana : « Que l’année qui s’achève s’en aille avec tous ses maux, et que l’année nouvelle vienne avec toutes ses bénédictions ».
Si l’on devait faire le bilan de cette année juive 5775 qui vient de se terminer, la liste serait longue des maux qui l’ont marquée. Le monde n’est pas plus apaisé aujourd’hui qu’il ne l’était il y a un an. Loin de là. Mais chacune des crises et des guerres auxquelles il est confronté nous pose aujourd’hui un défi majeur qu’il nous faut relever.
Les attentats de janvier à Paris, où les islamistes se sont attaqués aux fondements mêmes de l’identité européenne que sont la liberté de la presse et la laïcité, ont réveillé la conscience que nous partageons un ensemble de valeurs que nous devons défendre.
L’arrivée continue aux portes de l’Europe de vagues de réfugiés fuyant l’Etat islamique ou la dictature sanglante syrienne commence à provoquer une mobilisation des Etats et des populations devant l’ampleur de cette tragédie.
En Israël, une fois passée la déception après l’échec des élections, la gauche, toujours en quête d’un leader, cherche à se remobiliser, notamment au travers de l’action des dizaines d’ONG qui luttent quotidiennement contre la montée du racisme et de l’intolérance au sein même de la société israélienne, et contre la poursuite continue de l’occupation. Malgré les condamnations unanimes de la classe politique contre les attentats meurtriers de cet été, les terroristes juifs responsables de la mort d’un bébé palestinien et de ses parents courent toujours, bien qu’ils aient été identifiés aux dires du ministre de la défense – nouvelle preuve, s’il en faut, de la difficulté qu’a ce gouvernement à faire face à ses propres extrémistes, qu’il encourage par ailleurs.
Sur le plan de sa politique extérieure, ce quatrième gouvernement Netanyahou ne peut se prévaloir d’aucun succès et Israël est de plus en plus isolé sur la scène internationale. L’année s’achève sans la moindre reprise de négociations avec les Palestiniens qui continuent de remporter des victoires symboliques dans leur combat pour la reconnaissance de leur Etat. Les relations avec l’administration américaine se sont dégradées après l’engagement personnel du Premier ministre Netanyahou contre l’accord sur le nucléaire iranien – qu’il n’a pas réussi à bloquer au Congrès, malgré la mobilisation de l’aile droite de la communauté juive américaine et de ses amis républicains. Et enfin, le Parlement européen vient d’affirmer, par sa décision d’exiger l’étiquetage des produits en provenance des colonies tout en s’opposant à tout boycott, sa volonté de distinguer les territoires occupés d’Israël, réintroduisant ainsi sur la carte la « ligne verte » que les gouvernements israéliens ont cherché à gommer depuis des années.
Quant à nous, nous avons continué cette année à nous mobiliser en Europe en organisant des réunions – notamment celle de janvier à Paris en présence de Daniel Cohn-Bendit, Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Levy, trois des premiers signataires de notre appel. Nous avons publié de nombreux communiqués condamnant notamment, ici les attaques contre la démocratie et les Juifs endeuillant les communautés juives de Paris à Copenhague, et en Israël la colonisation qui a conduit au terrorisme juif. Nous avons pris note de l’accord instaurant un contrôle sur le nucléaire iranien, préférable à nos yeux à toute autre alternative, en espérant que ce retour à la diplomatie permettra d’apaiser les tensions dans la région.
Nous poursuivrons en 5776, grâce à votre soutien, notre action pour faire entendre la voix de la raison, appelant à une reprise sérieuse des négociations, avec un engagement contraignant de la communauté internationale, afin d’aboutir à une solution du conflit sur la base de deux Etats et que soit mis fin à la colonisation.
En attendant, nous vous souhaitons Shana tova à tous. Que l’année 5776 vous apporte tout ce que vous souhaitez, et soit celle – enfin – de la paix