Jacques Bendelac : « Le bibisme a fragilisé la démocratie israélienne »

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-CHRONIQUES POUR LA PAIX –

Il y a moins de deux ans Benyamin Netanyahou et son parti, le Likoud, perdaient les élections en Israël. Depuis, une coalition politique composite dirige le pays avec à sa tête Naftali Bennett, un nationaliste religieux et Yaïr Lapid, un séculier centriste. Tournant historique, choc incroyable pour certains, divine surprise pour d’autres, après avoir dirigé pendant 15 ans l’exécutif, « Bibi » s’en est allé rejoindre l’opposition.

A l’unisson de ces événements majeurs, et fort à propos, Jacques BENDELAC publie un ouvrage paru aux éditions l’Harmattan et intitulé : « Les années Netanyahou, le grand virage d’Israël ». Il y fait le bilan de cette longue période.  Paul Ouzi MEYERSON le rencontre aujourd’hui pour l’interroger sur son essai.

Jacques BENDELAC est docteur en économie, chercheur en sciences sociales à Jérusalem. Il a publié de nombreux livres consacrés à la société israélienne et au conflit israélo-palestinien.

 

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Jacques Bendelac constate que Benyamin Netanyahou a construit un courant de pensée politique que les israéliens nomment le « bibisme ». Il s’agit d’un conglomérat d’idées et de comportements qui mélange nationalisme, libéralisme et populisme. « le bibisme ne correspond pas aux traditions conservatrices du Likoud traditionnel, souligne le chercheur en sciences sociales, il est fortement personnalisé, marqué par le culte du chef, et correspond à une vision idéologique nouvelle pour ce pays ».

Jacques Bendelac souligne que le « bibisme » est à la fois illibéral politiquement et extrêmement libéral économiquement. « Cela peut sembler incompatible, remarque l’économiste, mais cela est rendu possible par un positionnement hyper-pragmatique jusqu’à l’opportunisme, l’essentiel étant de s’accrocher au pouvoir. C’est une illustration parfaite du populisme puisque grâce à un travail démagogique on en arrive à ce que les plus pauvres soient les plus sensibles au bibisme et que la bourgeoisie vote contre ».

Reprenant l’analyse figurant dans son dernier livre (1), Jacques Bendelac regrette que « les années Netanyahou  correspondent à un affaiblissement de la démocratie parce que le bibisme a tout fait pour saper les contres pouvoirs, aussi bien ceux de la justice que de la Cour suprême, tant ceux des institutions législatives que sécuritaires et sans oublier les attaques contre les médias… ». Certes, ces vingt dernières années Israël a connu un « développement économique exceptionnel » et les israéliens sont « majoritairement heureux dans leur pays », mais Jacques Bendelac regrette que ces progrès aient été détournés par Netanyahou pour soutenir sa gouvernance très particulière :  » le bibisme a élargi les inégalités sociales, accru les tensions communautaires, corrompu la classe dirigeante, développé les monopoles et la cherté de la vie, empêché  la résolution du conflit israélo-palestinien ».

L’essayiste hiérosolymitain ne pense pas que l’échec du Likoud et de son leader aux dernières élections à la Knesset entraîne la disparition du « bibisme ». « Benyamin Netanyahou refuse de quitter la vie politique malgré les différents procès qui le menacent.  La coalition au pouvoir est fragile, des rebondissements sont possibles et l’ancien Premier ministre se voit toujours comme « LE » recours à la direction du pays ».

 

(1) Jacques Bendelac. « Les années Netanyahou. Le grand virage d’Israël » aux éditions l’Harmattan.

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