dessin Eran Wolkowski : Idit Silman, la députée de Yamina, téléphonant à Netanyahou qui lui demande d’amener avec elle deux autres députés de son parti
Le récent attentat à Tel Aviv, le quatrième en 16 jours, portant à 14 le nombre de victimes de cette nouvelle vague de terreur, a remis au premier plan de l’actualité israélienne la situation sécuritaire. Une fois de plus, le retour du terrorisme, que craignaient l’armée et le « shin bet » en cette période de ramadan, a prouvé que toutes les mesures économiques, mises en place par ce nouveau gouvernement pour faciliter la vie des Palestiniens, ne remplaçaient pas le nécessaire retour à une négociation, indispensable pour donner aux Palestiniens une perspective politique. Cet attentat survient au moment de la première crise politique mettant en péril l’avenir du gouvernement mis en place il y a 10 mois. En effet la défection d’Idit Silman, une députée du parti de Bennett, a de nouveau mis à l’agenda israélien la possibilité de retourner aux élections, la cinquième fois en 3 ans. Ce scénario n’est pas le seul parce que la coalition actuelle, soutenue encore par 60 députés, peut encore survivre, mais elle aura du mal à fonctionner et dépendra de chaque voix. Et on voit mal comment elle pourrait faire voter les lois qui sont à son programme, ou le budget pour 2023, quand la Knesset ouvrira sa prochaine session après les fêtes de Pessah et de Yom Haatsmaout. Netanyahou sort renforcé de cette nouvelle crise qu’il a tout fait pour provoquer, depuis la mise en place du gouvernement Bennett-Lapid, afin de conduire le pays à des élections, dont il espère un résultat qui lui donnerait enfin l’immunité par rapport à ses risques judiciaires. Mais les premiers sondages ne lui permettent pas encore d’obtenir une majorité avec le Likoud et les partis qui le soutiennent. D’autres scénarios sont encore possibles, mais il est encore trop tôt pour voir se dégager une tendance. En tous cas seulement 21% de la population soutient celui d’un retour aux urnes.
Cette nouvelle crise survient pourtant à un moment où la situation d’Israël sur la scène internationale s’est renforcée sous l’action du gouvernement actuel : reprise des relations avec la Turquie avec la visite envisagée de Bennett à Istanbul après celle du président Herzog, sommet à Sdé Boker dans le Neguev, d’Israël et des pays arabes signataires des accords d’Abraham avec la participation de l’Égypte et des États-Unis, qui sera suivi par d’autres rencontres, témoignant de la volonté des participants de renforcer leur coopération économique et sécuritaire face à la menace iranienne, tentative de Bennett de se positionner comme médiateur entre Poutine et Zelensky pour mettre fin à la guerre en Ukraine … Il sera temps de tirer des conclusions de l’action de ce gouvernement plus tard en fonction des évènements. Mais on peut mettre déjà à son crédit le retour à une normalité et à un fonctionnement des institutions apaisé après les années Netanyahou. Il est à redouter un retour au climat de guerre civile larvée qui a dominé la vie politique du pays ces dernières années.