Nous avons lancé l’Appel à la Raison de JCall en mai 2010, un an après le retour de Benjamin Netanyahou au pouvoir, pour appeler à mettre fin à l’occupation et sauver la solution à deux États. Depuis, sous la direction des différentes coalitions de droite qui se sont succédé, non seulement cette question n’est plus à l’ordre du jour, mais de plus on est témoin d’une lente détérioration du climat politique interne qui se traduit aujourd’hui par des menaces sur la démocratie israélienne. C’est pourquoi nous espérons que les prochaines élections conduiront à un changement dans la direction du pays et nous avons recensé pour cela dix bonnes raisons de le faire :
- Amender la « loi de l’État-nation » dans l’esprit du texte de la Déclaration d’Indépendance afin de permettre à tout Israélien, quelle que soit son appartenance ethnique ou religieuse, de s’identifier avec son pays et de ne pas se sentir rejeté. Un nouveau gouvernement devrait également supprimer ou amender les autres lois récemment votées qui ont mis à mal le modèle démocratique israélien et garantir l’indépendance de la Cour suprême et la liberté d’expression.
- Remettre l’éthique au cœur du débat public, dans l’esprit de l’héritage des prophètes auquel les pères fondateurs de l’Etat ont voulu se rattacher. Ne pas oublier que « nous avons été esclaves en Egypte », comme le fait le gouvernement ces jours-ci en renvoyant des enfants nés en Israël et leurs parents restés illégalement. Lutter contre la corruption et interdire l’éligibilité de candidats mis en examen et la possibilité qu’ils soient nommés à des fonctions publiques.
- Réduire les disparités sociales qui se sont creusées, faisant d’Israël un des pays les plus inégalitaires au sein de l’OCDE, et ne plus diriger le pays en privilégiant l’intérêt de quelques familles.
- Donner des moyens identiques pour le développement de toutes les agglomérations du pays, quelle que soit l’identité de leur population ou leur localisation et ne pas comme aujourd’hui privilégier les colonies au détriment de la périphérie du pays.
- Lutter contre le climat d’intolérance prédominant trop souvent aujourd’hui dans le débat public, opposant les communautés les unes aux autres : laïcs contre religieux, orientaux contre ashkenazes, juifs contre arabes, droite contre gauche …, climat qui se traduit parfois par des actes violents. Développer au contraire les valeurs de tolérance, sans que l’une des composantes de la nation ne cherche à imposer ses convictions à l’autre.
- Ne pas privilégier la conception religieuse des orthodoxes sur celle des libéraux, ceci pour des calculs électoraux ; un choix qui risque de conduire à une coupure avec une part importante des Juifs de la diaspora, notamment américaine.
- S’engager de façon active pour rechercher un accord avec les Palestiniens sur la base de deux États qui mette fin à l’occupation et garantisse l’avenir d’Israël comme État juif ET démocratique et ne pas soutenir comme aujourd’hui les projets d’annexion d’une partie de la Cisjordanie qui mettent en danger la sécurité du pays.
- Changer l’image d’Israël sur la scène internationale et comprendre que la meilleure « Hasbara » (Explication de la politique israélienne) n’est pas de refuser l’entrée du pays à des opposants à cause de leurs opinions mais au contraire de montrer la situation du pays dans toute sa complexité.
- Ne pas s’immiscer comme aujourd’hui dans la politique américaine, allié stratégique le plus important pour Israël, en soutenant ouvertement le parti républicain contre le parti démocrate, choix dangereux pour l’avenir et qui embarrasse la majorité des Juifs américains qui sont démocrates.
- Ne pas soutenir les régimes populistes dont les dirigeants professent ou ont soutenu des opinions ouvertement antisémites comme Jarosław Kaczyński en Pologne, Victor Orban en Hongrie ou le président brésilien Bolsonaro, … au détriment des pays européens avec lesquels Israël partage les mêmes valeurs de démocratie libérale.
Autant de raisons pour espérer que ces élections marqueront enfin la fin de l’ère Netanyahou !