Après 11 jours de guerre, le Hamas et Israël ont accepté un cessez-le-feu qui a mis fin à ce nouveau round de violences, le sixième depuis le désengagement d’Israël de la bande de Gaza en 2005.
Il a fallu l’implication personnelle du président Biden- qui s’est entretenu six fois avec Netanyahou pendant ce conflit – pour qu’Israël accepte ce cessez-le-feu et par ailleurs que l’Egypte donne au Hamas des garanties pour obtenir son accord.
En Israël seulement un peu plus d’un tiers de la population soutient cette décision, la majorité demandant avant tout accord que soient restituées les dépouilles des deux soldats morts en 2014 et que soient libérés les deux civils israéliens détenus par le Hamas depuis des années. Plus des deux tiers des Israéliens restent convaincus qu’il y aura un nouveau conflit dans les 3 ans à venir.
Comment sortir de ce cycle de violences qui frappe en premier les populations civiles des deux côtés de la frontière ? Pour espérer y mettre fin, il faut d’abord comprendre qu’il ne peut pas y avoir de victoire militaire dans ce conflit. L’armée ne peut que donner du temps à l’échelon politique pour lui permettre de trouver une solution de compromis.
C’est ce même message que Joe Biden a envoyé aux dirigeants israéliens. Après avoir bloqué 3 décisions du Conseil de sécurité qui voulaient imposer un cessez-le-feu, il a affirmé son soutien, et celui de son administration, au droit d’Israël de se défendre. Il s’est engagé à lui donner les moyens de le faire en renouvelant, notamment, les missiles utilisés par le système de défense « Dôme de fer » qui a permis aux Israéliens d’intercepter 90 % des 4400 roquettes envoyées par le Hamas sur leurs villes (le coût de chaque missile est de l’ordre de 40 à 50 000 $). Mais il a aussi demandé qu’il soit mis fin aux violences à Jérusalem, faisant référence aux émeutes survenues sur le Mont du Temple où la police était entrée en plein Ramadan dans la mosquée d’Al Aqsa et aux expulsions à Sheikh Jarrah et il a réitéré son soutien à la solution des deux États. C’est un changement de tonalité avec celle qui prévalait sous l’administration Trump qui donnait carte blanche à Netanyahou. Il est probable que les pressions exercées par 28 sénateurs démocrates sur le président, pour lui demander d’être plus exigeant et critique à l’égard de la politique israélienne, ne soient pas étrangères à cette évolution. Mais c’est aussi l’aboutissement d’une longue expérience, tant sous les administrations démocrates que républicaines, pour essayer de résoudre ce conflit.
Les Européens sont quant à eux, comme toujours, très divisés sur ce dossier. Mais même si la plupart des pays d’Europe centrale et de l’Est au sein de l’Union Européenne ont apporté leur soutien à Israël – 14 ministres des affaires étrangères de ces pays se sont rendus sur place pendant le conflit (dont ceux d’Allemagne, de Grèce, d’Autriche … )- les autres ne le condamnent pas pour autant. Mais tous affirment toujours leur soutien à la solution des deux États.
Alors que, encore une fois, la communauté internationale – fatiguée de l’être- et les pays arabes vont être sollicités pour financer la reconstruction à Gaza, il faut profiter de cet engagement international pour vérifier que les fonds versés n’iront pas, comme les fois précédentes, au réarmement du Hamas – et relancer parallèlement les négociations entre Israël et l’Autorité palestinienne, lui redonnant ainsi sa place d’interlocuteur privilégié. Ce n’est qu’en répondant aux attentes des Palestiniens pour leurs droits et en mettant fin au statu quo, qui est catastrophique pour les deux parties, et au blocus de Gaza que l’on arrivera à mettre fin à ces conflits à répétition. Ce n’est qu’en redonnant ainsi espoir aux populations que l’on affaiblira l’influence des extrémistes sur celles-ci.