Robert Badinter et le projet de réforme juridique en Israël

Facebook
Twitter

Robert Badinter, qui vient de nous quitter, avait accepté de participer à la conférence que nous avons organisée le 27 mars 2023, conjointement avec La Paix Maintenant et le Centre Communautaire Laïc Juif de Bruxelles (CCLJ David Susskind), au parlement européen à Bruxelles sur le thème « Sauver la démocratie israélienne ».

Robert Badinter s’est rarement exprimé publiquement sur Israël. Il avait accepté de le faire cette fois-ci pour réagir au projet de « réforme juridique » que le gouvernement israélien voulait faire voter par la Knesset.

Nous lui avons d’abord demandé ce qu’il pensait de ce projet qui visait à réduire les pouvoirs de la Cour suprême.

Voici la transcription de sa réponse dont vous pouvez voir l’enregistrement sur notre chaîne YouTube JCallTv

Que M. Monsieur Nétanyahou ait choisi la voie de la démagogie, politique, c’est sa façon à lui de concevoir le rapport à l’électorat israélien. Ce n’est pas à mes yeux, la façon la plus honorable de s’adresser au peuple d’Israël. Cela porte le nom de démocratie illibérale. Mais je dis simplement et fermement, s’en prendre à une institution nécessaire, qui a témoigné dans le passé de son attachement aux libertés fondamentales et le ferait encore aujourd’hui, c’est s’en prendre en effet, à ce qui constitue l’aspiration même de l’État d’Israël, la loi, le respect de la loi.

Je connais bien la Cour suprême d’Israël. J’ai lié d’amitié avec un certain nombre de ses membres. C’est une juridiction qui honore grandement l’État d’Israël et qui, au service des libertés, du droit, a rendu les plus grands services.

S’en prendre à la Cour suprême, c’est s’en prendre à ce qui constitue l’essence même du judaïsme et je dirais de l’État d’Israël aujourd’hui, c’est à dire le respect de la loi. La loi, c’est le mot sacré pour les Juifs. Nous sommes, nous, Juifs, amoureux la loi. Le Temple de la loi aujourd’hui en Israël, c’est la Cour constitutionnelle, c’est la Cour suprême. Et par conséquent s’en prendre à cette haute juridiction, si respectée en Israël et au-delà d’Israël, c’est abaisser, pour des fins purement politiques, je dirais même politiciennes, abaisser Israël dans le monde. Encore une fois ce n’est pas au peuple de la Loi de s’en prendre au Temple de la Loi.

Puis nous lui avons demandé ce qu’il pensait du projet d’établir la peine de mort pour les terroristes palestiniens dans le cadre de cette « réforme juridique ».

Voici la transcription de sa réponse dont vous pouvez voir l’enregistrement sur notre chaîne YouTube JCallTv

Un des sujets de fierté qu’ont eu les Juifs dans le monde, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale qui leur avait été si cruelle, c’est que l’État d’Israël n’ait pas voulu introduire dans sa législation la peine de mort. C’était d’une certaine manière la réponse de la civilisation de la vie à l’hitlérisme et à la mort. Et nous avons tiré tous, tous les Juifs, au-delà de l’État d’Israël, une grande fierté de ce que le nouvel État juif reconstitué refusait la peine de mort, qui était le signe même de la barbarie nazie.

Je sais qu’Eichman,  j’ai assisté au procès dans des temps lointains, a été condamné à mort et exécuté. Mais depuis l’instauration jusqu’à ce jour, et en dépit des attaques constantes des terroristes, jamais Israël n’a voulu rétablir la peine de mort. Jamais. Et pourtant, le terrorisme ne date pas d’hier. Ce n’est pas seulement la nécessaire désormais dimension d’humanité qui doit prévaloir dans l’État d’Israël reconstitué. C’est aussi un mouvement qui emporte à travers le monde toutes les démocraties. La démocratie et la peine de mort ne sont pas compatibles.

Et puis il faut être lucide. Les terroristes entretiennent avec la mort des rapports secrets et névrotiques. Ils donnent la mort. Ils aiment la mort. Ils sont les agents de la mort.  Mourir pour eux, ce n’est pas autre chose que répondre à cette fascination secrète. Espérer dissuader du terrorisme par la peine de mort, c’est absurde. C’est une trahison de ce que nous avons de plus sacré accepter de donner la mort, c’est rejoindre les bourreaux des Juifs, les adversaires d’Israël aujourd’hui.

 

 

Facebook
Twitter

Tribune Libre

Agenda

Atlas du conflit Israélo-Arabe

Communiqué

Facebook

Newsletter