Pourquoi avons-nous décidé de relancer l’appel de JCall ?

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Depuis plus de cinq mois le temps s’est arrêté pour les Israéliens et pour les citoyens juifs dans le monde qui sont attachés à l’existence d’Israël. L’aiguille de l’horloge est restée bloquée à 7 heures du matin le 7 octobre 2023, heure de l’attaque du Hamas ce samedi noir, jour de la fête juive de Sim’hat Torah. Et depuis, la population israélienne est dans un état de sidération, à l’écoute des témoignages des survivants du massacre – ou des sauveteurs, dont les actions souvent héroïques sont relatées sur les écrans. À ces récits, s’ajoutent ceux des familles des 134 otages encore aux mains du Hamas, dont on sait que plusieurs dizaines d’entre eux sont morts. Parler de leurs proches est un moyen pour ces familles, en les nommant, de les maintenir symboliquement en vie et de poursuivre ainsi leur pression pour obtenir leur libération. Et au-delà de ces familles, c’est tout le pays qui est aujourd’hui pris en otage, ce qui rend impossible le démarrage de la période de deuil collectif qui pourrait lui permettre de reprendre le cours du temps.

Mais alors que la population israélienne reste bloquée à cette date fatidique, l’horloge du temps a continué à avancer pour le reste du monde. Et aux images des viols et abominations commis ce 7 octobre par les miliciens du Hamas, filmés et diffusés en temps réel par eux-mêmes sur les réseaux sociaux, ont succédé celles des destructions à Gaza suite aux bombardements israéliens qui ont causé des morts au sein de la population civile. Toutes les campagnes d’information et d’explication que mène Israël dans le monde, avec notamment une forte participation des familles des otages, ne font pas le poids dans la guerre des images.

Le dirigeant du Hamas Yahwa Sinouar, savait très bien en organisant cette attaque du 7 octobre – et en prenant des civils en otage -, qu’il détiendrait ainsi un moyen de pression sur la société israélienne et qu’il provoquerait une réaction israélienne à la hauteur de ce traumatisme. Peu lui importait le nombre des victimes palestiniennes et des destructions que cette guerre allait entraîner au sein de la population gazaouie. Ce qui comptait pour lui, et pour les autres dirigeants du Hamas, c’est qu’Israël soit tenu responsable de cette situation sur la scène internationale et condamné au sein des opinions publiques occidentales. La récente décision du Canada de ne plus vendre d’armes à Israël, qui survient après celle de l’Italie, est une des premières conséquences de la dégradation de la position israélienne dans le monde. Bien que ces pays fournissent chacun moins de 1% des armes achetés par Israël, ce sont des signes annonciateurs qui devraient pousser les dirigeants israéliens à s’engager dans une autre politique.

Sur le plan militaire, la population israélienne soutient son armée et accrédite, dans sa majorité, les objectifs de guerre que le gouvernement continue d’affirmer, à savoir l’éradication des capacités militaires du Hamas et la libération des otages. Mais un dissensus commence à s’instaurer sur la capacité de l’armée à atteindre ces objectifs. Les manifestations mobilisent chaque samedi des milliers de personnes. Au mot d’ordre appelant à la « libération MAINTENANT des otages » (slogan scandé par les manifestants), quel que soit le prix à payer, s’ajoute de plus en plus l’appel à des élections.

Alors que le porte-parole de l’armée continue chaque soir de présenter les succès obtenus, donnant le nombre de membres du Hamas (dont des dirigeants importants) tués ou faits prisonniers, une forte pression internationale, venant surtout de Washington et du Caire, s’exerce sur Netanyahou pour qu’il n’ordonne pas le déclenchement des opérations à Rafah, la dernière ville à ne pas avoir été occupée par Tsahal et où sont rassemblés près de 1,5 millions de réfugiés. Il y a une logique militaire pour Israël d’entrer à Rafah et d’y détruire les derniers tunnels, notamment ceux qui traversent la frontière vers l’Egypte et permettent l’approvisionnement du Hamas en armes et la poursuite de tous les trafics. Mais les conséquences de cette intervention sur la population risquent de faire perdre à Israël le peu de support qu’il a encore à l’étranger. C’est pourquoi il ne peut se lancer dans une telle opération qu’avec l’assentiment des Américains et des Égyptiens, qui auront à charge de contrôler les passages de leur côté de la frontière, et selon un plan défini avec eux pour gérer la situation à Gaza après la guerre.

N’est-il pas temps pour Israël de changer de logiciel et de comprendre, comme beaucoup d’anciens haut-gradés l’affirment depuis longtemps, que le seul moyen de vaincre le Hamas est de donner une perspective politique aux Palestiniens qui pourraient au sortir d’un processus de négociations obtenir leur État ?

C’est pourquoi il faut être capable, dès aujourd’hui, de dépasser le traumatisme et de penser au jour d’après cette guerre, parce qu’elle finira bien par s’arrêter. Toutes les guerres se terminent soit parce qu’un des deux camps admet sa défaite, soit parce que les deux camps, épuisés et reconnaissant ne pas pouvoir atteindre leurs buts de guerre, le décident – soit encore parce que l’un ou l’autre des protagonistes, ou même les deux, conviennent, sous la pression internationale, d’un cessez-le-feu. Au vu de la situation humanitaire à Gaza, il semble que ce troisième scénario soit le plus probable. Mais, pour l’instant, aucun des deux camps n’est arrivé à une telle conclusion.

C’est justement pourquoi nous devons profiter de ce temps de latence afin de redonner toute sa place à la raison qui nous avait conduit à lancer JCall il y a quatorze ans. L’analyse que nous faisions alors n’a pas changé, mais la situation a empiré. C’est pourquoi nous relançons aujourd’hui notre appel et réaffirmons avec force notre conviction que seule la solution des deux États peut mettre fin à ce conflit si, de part et d’autre, des dirigeants courageux en prennent la décision. Pour y arriver, il faudra réussir à créer une nouvelle dynamique, au sein de la diaspora comme en Israël, et encourager les pays dont l’influence compte dans la région à l’accompagner. C’est pourquoi nous vous invitons à signer et faire signer ce nouvel appel à la raison.

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