Le soutien bipartisan à Israel, un enjeu stratégique et plus que jamais fragilisé

Facebook
Twitter

Pour sa première campagne électorale en 1996, Benyamin Netanyahu fit appel au gourou des campagnes victorieuses républicaines Arthur Finkelstein, qui devait changer radicalement la politique en Israël, avec l’utilisation d’attaques personnelles et de spots de campagne choc.

Ce partenariat illustre la connivence entre Netanyahu et le Parti Républicain américain, et sa défiance envers les Démocrates, au point qu’il fut qualifié par Alon Pinkas, ancien consul d’Israël à New York, de « sénateur MAGA de Jérusalem », préférant Mitt Romney à Obama en 2012, s’adressant au Congrès à majorité républicaine dans le dos d’Obama en 2015 contre l’accord sur le nucléaire iranien (déjà !), et jouant ouvertement Trump contre Biden puis Harris en 2024.

Cet alignement fragilise le soutien bipartisan à l’Etat Israël, qui a toujours su en jouer. Lorsque Bush père menaçait de couper des crédits en 1991, Shamir puis Rabin pouvaient compter sur les Démocrates, et a contrario le Parti républicain s’est élevé contre Obama ou Biden lorsque ceux-ci faisaient pression sur Israël. Le fait de ménager les deux partis a longtemps permis d’éviter la politisation d’Israël, soutenu largement dans l’opinion jusqu’au changement opéré par Netanyahu (d’autres facteurs ont joué, comme la montée en puissance d’une aile gauche plus sensible au sort des Palestiniens chez les Démocrates, et la montée de l‘isolationnisme au sein du Parti Républicain).

Si Trump lui a apporté un soutien total contre l’Iran, l’Etat d’Israël est aujourd’hui impopulaire auprès d’une majorité d’électeurs américains, chez les démocrates mais aussi chez les Républicains de moins de 30 ans. Au-delà de sa politique, Netanyahu est peu apprécié chez les élus Démocrates, y compris les plus centristes et pro-Israël comme le député Richie Torres, même si cela n’empêche pas la majorité de ces élus de soutenir Israël dans la guerre actuelle et la frappe américaine contre l’Iran, au-delà des questions de constitutionnalité de la décision prise par Trump sans l’approbation du Congrès.

Si la doctrine isolationniste « America First » semble pour l’instant en retrait sur l’Iran, elle pourrait influencer Trump sur d’autres dossiers, comme le renouvellement de l’aide militaire à Israël par exemple, et même les sénateurs républicains les plus pro-Israël hésiteraient alors à discuter les choix de Trump. Lorsque l’on voit la légèreté avec laquelle Trump a semblé conditionner le maintien de l’aide à Israel à l’abandon des poursuites judiciaires contre Netanyahu, on voit à quel point cette aide peut dépendre du bon vouloir d’un homme connu pour ses foucades et son imprévisibilité. Si ce scenario catastrophe pour Israël apparait peu probable aujourd’hui, il n’est pas à exclure totalement, et le soutien du Parti Démocrate serait alors essentiel.

Fort du succès de la guerre contre l’Iran et de la parfaite entente entre Israël et les Etats-Unis, Netanyahu pourrait et devrait profiter de ce contexte porteur pour retisser les liens avec le Parti Démocrate et consolider un autre pilier de la puissance stratégique israélienne, le soutien bipartisan à Israel, à Washington et au sein du peuple américain. Malheureusement, son alignement complet sur Trump, sa dépendance envers le président américain qui demande une loyauté absolue à sa personne, dont il confond les intérêts avec ceux des Etats-Unis, rendent ce scenario hélas peu probable, soulignant une fois de plus que dans la vision du premier ministre israélien, les intérêts de Netanyahu priment sur ceux de l’Etat d’Israël.

Sébastien Lévi

Facebook
Twitter

Tribune Libre

Agenda

Atlas du conflit Israélo-Arabe

Communiqué

Facebook

Newsletter