A la question posée le soir du seder par les enfants « Ma nichtana halaïla haze » – En quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits –, il aurait fallu répondre cette année qu’elle n’était pas différente des autres nuits de cette année pour beaucoup de monde.
Pas différente pour les 24 otages supposés vivants, détenus toujours par le Hamas depuis plus de 550 jours à plusieurs mètres sous terre dans les tunnels de Gaza, enchaînés, manquant d’eau et d’air et avec comme seul repas quotidien une demi pita – le pain traditionnel mangé au Proche Orient.
Pas différente pour les deux millions de Gazaouis, vivant sous des tentes dans un territoire dévasté, à la merci des bombardements qui ont repris après la rupture du cessez-le-feu par Israël et subissant le blocage de l’aide humanitaire pour faire pression sur le Hamas
Pas différente pour les centaines de milliers d’Israéliens qui, semaine après semaine, continuent de manifester contre ce gouvernement qui poursuit sa politique de démantèlement des fondements de la démocratie et de l’État de droit du pays, alors que les découvertes de nouveaux scandales se succèdent constamment montrant le niveau de corruption régnant au sein des cercles du pouvoir.
Non cette nuit de Pessah ne fut pas celle du passage à la liberté comme il est dit dans la Haggadah ordonnant de manger uniquement accoudé en signe d’aise et de liberté. Car comment peut-on être un peuple libre quand on en domine un autre depuis bientôt 58 ans ? Comment peut-on se sentir libre quand 59 otages sont encore détenus, vivants ou morts, à Gaza ? Le peuple d’Israël doit encore sortir d’Égypte !
Pour Netanyahou et son gouvernement ces questions ne se posent pas. La libération des otages n’est pas leur priorité. Le Premier ministre l’a dit dans une allocution télévisée préenregistrée pour la sortie de la fête. Il veut poursuivre cette guerre pour arriver à « une victoire absolue », alors que 18 mois de guerre ont largement prouvé que celle-ci ne sera pas atteignable par des opérations militaires.
C’est ce qu’ont compris des milliers de réservistes qui se sont joints aux 1000 aviateurs ayant signé une pétition appelant à mettre fin à cette guerre et à échanger les otages contre des prisonniers palestiniens.
C’est ce que demandent la grande majorité des familles des otages qui font appel à Donald Trump, lui demandant d’imposer à Netanyahou un nouveau cessez-le-feu, comme en janvier dernier, parce que c’est le seul moyen de libérer leurs proches.
C’est aussi ce que veut plus de 70 % de la population israélienne comme le montrent régulièrement les sondages et qui de plus en plus se joint aux manifestations malgré la fatigue et la poursuite de la guerre.
Dans cette opposition entre un gouvernement mené par une bande d’extrémistes et de messianiques et une majorité de la population qui réclame des élections anticipées, se jouent l’avenir et l’identité du pays et du peuple juif. Si Israël bascule dans le camp des démocraties illibérales, il se coupera d’une grande partie de la diaspora qui verra de plus en plus d’Israéliens la rejoindre.
C’est pour cela que nous appelons ceux d’entre vous qui se considèrent comme sionistes et sont attachés à ce pays à participer aux prochaines élections au congrès sioniste et à voter en France pour la liste du sionisme démocratique qui défend nos valeurs. Vous trouverez plus loin dans cette newsletter les renseignements pour assister à une réunion d’information où on vous expliquera comment faire pour participer au vote. En Belgique la liste est Meretz Belgium, en Italie Meretz Italia et en Suisse Meretz Switzerland.
Cette année, comme les années précédentes, nous avons apporté notre soutien à l’organisation de la cérémonie d’hommage commun israélo-palestinien qui se tiendra en Israël le 29 avril et sera retransmise dans le monde. Nous organisons avec Allmep, Les Amis de Standing Together, Les Guerrières de la Paix et La Paix Maintenant une retransmission de cette cérémonie à Paris et à Marseille. Vous trouverez plus loin les renseignements pour vous y inscrire.
Avec les deux ONG israélo-palestiniennes organisatrices de cet évènement pour la vingtième année consécutive, « Le cercle des Familles endeuillées » et « Les Combattants pour la Paix« , nous réclamons la fin de la guerre, la libération des otages et réaffirmons la nécessité d’une véritable diplomatie pour la paix, la justice, la sécurité et la dignité pour toutes et tous.
David Chemla