Elections israéliennes en route pour le troisième tour

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Dessin de Kichka

Le 2 mars prochain les Israéliens retourneront donc aux urnes pour la troisième fois en moins d’un an. La 22ème Knesset a voté, comme attendu, son autodissolution dans la nuit du 11 au 12 décembre, soit 69 jours après son intronisation, comme le firent avant elle la 21ème et la 20ème Knesset. Pourtant les dirigeants des principaux partis avaient juré qu’il n’y aurait pas de nouvelles élections ;  mais ils n’ont pas pu s’entendre pour mettre en place ni un gouvernement « minoritaire », ni un gouvernement d’union nationale rassemblant les deux principaux partis, le Likoud et Bleu Blanc. Pour la majorité de la population, comme le montrent tous les sondages, il ne fait aucun doute que le principal responsable de cet échec est Netanyahou. Malgré ses déclarations de campagne, il a refusé de s’engager à ne pas demander l’immunité parlementaire, comme le lui demandait Benny Gantz pour accepter la formation d’un gouvernement d’union nationale avec lui. Ce qui est le plus étonnant, ce n’est pas tant le comportement de Netanyahou, qui a montré qu’il était prêt à tout pour échapper à la justice, que celle du comité central du Likoud et de ses alliés à droite qui continuent à le soutenir malgré son inculpation pour fraude et abus de confiance pour trois dossiers et de corruption pour l’un des trois. La seule explication dans ce suivisme aveugle réside dans le fort soutien que Netanyahou continue à bénéficier au sein de son électorat et qui fait de lui le meilleur candidat à droite.

Pourtant celui que l’on avait pris l’habitude de qualifier de « grand magicien », parce qu’il gagnait élection après élection, a par deux fois cette année échoué à rassembler une majorité et il ne sera sans doute pas en mesure d’y réussir en mars prochain selon les derniers sondages. Mais le résultat le plus intéressant de ceux-ci, c’est que pour la première fois depuis longtemps, son adversaire est crédité du même degré de confiance de la part des électeurs que lui pour exercer le poste de Premier ministre (38 % contre 40 %). Ce résultat montre le chemin parcouru par Benny Gantz qui, en quelques mois, a su rassurer le public sur ses capacités pour gérer le pays, alors qu’il n’est entré en politique que depuis moins d’un an, tandis que Netanyahou domine la scène politique depuis 24 ans et qu’il l’aura marquée de son empreinte pour longtemps encore.

Dans les prochains jours, la Cour suprême devra décider si un député sous le coup de plusieurs accusations graves, comme l’est Netanyahou, a le droit d’être chargé de former une coalition. Bien qu’il y ait un précédent où sous le gouvernement de Rabin en 1992, la Cour suprême de l’époque s’était opposée à la nomination d’Arie Derhy et d’un autre député du Shas à des postes ministériels pour des faits analogues, il est peu probable qu’elle prenne la même décision cette fois-ci. D’une part la situation n’est pas tout à fait la même et d’autre part surtout ce serait une décision lourde de conséquences qui serait perçue comme une immixtion dans le débat politique.

La nouvelle campagne électorale n’a pas encore véritablement commencé. A la différence des deux précédentes, abordera-t-elle enfin les questions qui concernent le quotidien et l’avenir des Israéliens ou se contentera-t-elle d’être encore un référendum « Pour ou contre Bibi » ? Elle s’annonce d’ores et déjà difficile. Les menaces exercées à l’encontre des soutiens apportés à Guidéon Saar pendant les primaires au Likoud, qu’il vient de perdre, sont un avant goût de ce qui nous attend pendant les deux mois à venir.

Nous serons aussi très attentifs aux tractations pendant les prochaines semaines des « petits » partis, à droite comme à gauche, en vue de s’allier pour constituer des listes plus importantes leur garantissant de franchir le seuil électoral. Si l’un des deux partis de gauche – la liste Avoda Gesher ou celle du Meretz et de ses alliés- ne franchissait pas ce seuil minimum, ce serait l’assurance pour la droite d’être en mesure de constituer le prochain gouvernement.

Nous aurons l’occasion de revenir su lienr cette campagne dans nos prochaines newsletters.

En tous cas, pour la première fois depuis longtemps, il existe une alternative crédible à la droite et une chance de mettre, enfin, un terme à l’ère Netanyahou. Si cela devrait être le cas, il faudra encore beaucoup de temps pour réparer les dégâts qu’il a causés d’abord au sein de la société israélienne qu’il a divisée, mettant en péril les fondements de sa démocratie en contestant la légitimité et l’indépendance de sa police et de ses institutions judiciaires, et sur la scène internationale où l’image du pays s’est fortement dégradée. Nous continuerons pour notre part à nous engager auprès de la société civile israélienne et de ses nombreuses ONG en son sein qui se battent pour promouvoir un retour aux négociations avec les Palestiniens afin de mettre fin à l’occupation et de sauver la solution des deux États.

Il est encore temps de vous souhaiter, à vous et vos proches, de bonnes fêtes de Hanouccah et nos meilleurs vœux de bonne année. En espérant que, cette fois-ci, ceux que nous formulons, année après année, de voir Israël s’engager dans une autre direction seront enfin exaucés.

Vous pouvez encore nous apporter votre soutien en renouvelant, pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, votre cotisation pour 2019. Pour cela il vous suffit de cliquer sur ce lien.  L’attestation fiscale vous parviendra aussitôt par mail.

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