Dimanche 17 août Israël s’arrête!
Affiche appelant à la grève générale
Jeudi 7 août 2025, sur proposition du Premier ministre, 22 mois après le début d’une guerre qu’Israël s’est vue imposée après les massacres du 7 octobre, le gouvernement israélien a voté l’extension de la guerre et l’occupation de Gaza.
Selon la plupart des analystes militaires, y compris les 550 membres des Commandants pour la sécurité d’Israël », rassemblant des anciens hauts responsables issus de l’armée, du Mossad, du Shin Bet et de la police, aujourd’hui à la retraite, le Hamas ne constitue plus une menace existentielle. Pourtant le gouvernement israélien a décidé d’engager l’armée dans une nouvelle campagne militaire pour atteindre ses « objectifs de guerre » et occuper les 25% du territoire de la bande de Gaza qu’il ne contrôle pas.
Alors que 72% de la population s’oppose à cette décision, que des pétitions signées par les responsables des principales universités, par plus de 2000 artistes, par des médecins, des avocats … appellent à mettre fin à cette guerre et à libérer les otages par un accord ‘en une seule fois’, ce gouvernement, minoritaire dans tous les sondages, engage toute la population du pays dans une guerre qui, selon ces mêmes anciens responsables de la sécurité, n’est plus une guerre juste, une guerre de défense depuis plus d’un an. Elle est devenue une guerre de conquête pour réaliser les aspirations des ministres messianistes et suprémacistes de ce gouvernement.
Malgré les images terribles, envoyées récemment par le Hamas, de deux otages, leur situation ainsi que celle des autres survivants, n’intéressent pas les ministres et leurs soutiens, la mort des soldats non plus, la famine et la terrible souffrance de civils palestiniens encore moins. Ils veulent créer de nouvelles implantations à Gaza, comme ils le font en Cisjordanie, et expulser la population palestinienne. Ils appellent aujourd’hui le Premier ministre à déclarer l’annexion de toute la Cisjordanie.
Eyal Zamir, le chef d’État-major nouvellement nommé par Netanyahou, s’est opposé au cours de ce conseil des ministres à cette décision qui va conduire, dit-il, à la mort des otages. Samedi dernier plus de 100 000 Israéliens ont manifesté en soutien à leurs familles qui ont décidé de lancer un appel à la grève générale du pays dimanche prochain, 17 août, pour mettre fin à la guerre et libérer les otages par un accord ‘en une seule fois’.
Depuis, les partis politiques de centre et de gauche, ainsi que des centaines d’entreprises publiques et privées, d’organisations professionnelles, de municipalités de petites et grandes villes comme Tel Aviv ou Haïfa, de personnalités … appellent à participer à cette grève, à paralyser l’économie du pays pendant cette journée et à descendre dans la rue pour manifester.
Nous appelons nous aussi à soutenir leur action et nous vous encourageons à envoyer le message suivant à l’ambassade d’Israël ([email protected]) : « Je soutiens l’appel à la grève générale du 17 août lancée par les familles des otages en Israël pour mettre fin à la guerre et libérer tous les otages par un accord ».
Nous le savons après 22 mois. Les conséquences de l’extension de la guerre à Gaza seront terribles.
Car la guerre a un coût humain. La mise en danger de la vingtaine d’otages présumés encore en vie. Non seulement la pression militaire ne ramène pas les otages, mais elle les tue. Rappelons les six otages assassinés en août dernier quand l’armée se rapprochait de leurs geôliers.
La conquête et la démilitarisation de la bande de Gaza par une occupation militaire coûteront la vie à d’autres soldats et réservistes et augmenteront le nombre de blessés et de traumatisés. Déjà aujourd’hui les dégâts sur la santé physique et mentale des soldats et de leur famille sont immenses. 43 suicides depuis le début de la guerre. En première estimation près de 12 000 soldats d’active ou de réserve souffrent de troubles post-traumatiques. Les estimations portent ce chiffre à plus de 100 000 d’ici 2 ans.
Dans la population palestinienne, plus de soixante mille morts à Gaza et plus d’un millier en Cisjordanie. Même si, selon les estimations de l’armée israélienne, il y aurait de 20 à 30 000 membres du Hamas parmi ces derniers, des dizaines de milliers de civils, dont une forte proportion de femmes et d’enfants, sont victimes de cette guerre, auxquels se rajoutent, depuis le mois de mars et la fin du cessez-le-feu décidé par le gouvernement israélien, des centaines d’autres victimes de la faim ou de maladies consécutives à la destruction de presque toutes les infrastructures existantes avant-guerre à Gaza.
La guerre a un coût financier. L’occupation de Gaza est estimée à près de 100 milliards d’euros /an. Car l’armée, dont ce n’est pas le métier, devra subvenir aux nécessités de la vie civile de 2 millions de personnes (adduction d’eau, BTP et voirie, logement, école, hôpitaux et dispensaires …). Israël aura la pleine responsabilité civile des habitants de l’enclave. On voit déjà les problèmes que pose actuellement la distribution de vivres.
La guerre a un coût sécuritaire. Se maintenir à Gaza va exiger des ressources décuplées en renseignement et en forces opérationnelles pour assurer la sécurité et le contrôle du terrain. Autant de ressources qui ne seront plus disponibles pour d’autres tâches. Sur le plan sécuritaire, c’est une hérésie. Comment défendre 5 frontières, contrôler 5 millions de personnes dans deux territoires, surveiller et se tenir prêts à intervenir contre des ennemis plus éloignés avec des forces qui s’épuisent après deux ans de guerre, des jeunes recrues formées à la va-vite, des équipements militaires qui demandent à être rénovés. Le général Eyal Zamir a alerté Netanyahou à ce sujet. Cela prendra des mois avant que notre armée soit à nouveau vraiment opérationnelle, a-t-il prévenu.
La guerre a un coût pour les soldats. L’armée nettoie actuellement le terrain avec les D9 (énormes pelleteuses blindées) pour préparer la création de nouvelles implantations. Demain, elle devra aussi assurer leur sécurité. D’où viendront les effectifs militaires ? Sachant que les députés ultra-orthodoxes font une pression énorme pour faire voter l’exemption de service militaire pour les membres supposés de leurs yeshivot.
La guerre a un coût éthique. Les images des foules palestiniennes se bousculant pour accéder à l’aide alimentaire et celle des enfants décharnés, même si une partie d’entre elles sont mises en scène, bouleversent un nombre croissant de manifestants contre la guerre. Elles resteront une tache dans l’histoire du pays.
La guerre a un coût. Le coût de l’ostracisme. Israël est déjà isolé à l’international. L’ambassade d’Israël en Irlande a été fermée. Les investissements étrangers sont en chute libre, notamment dans le secteur high tech. Les exportations s’effondrent. Les accords commerciaux ne sont pas renouvelés. De nombreuses universités boycottent leurs homologues israéliens.
La guerre a un coût pour le peuple juif en diaspora. L’antisémitisme atteint des sommets inédits depuis la fin de la seconde guerre mondiale : synagogues incendiées, agressions violentes de porteurs de kippa, « ratonnades » de présumés Israéliens comme en Hollande et en Grèce… L’antisémite/antisioniste ne fait pas de différence entre un Israélien (citoyen d’Israël) et un Juif citoyen du pays dans lequel il vit, tous dénoncés comme responsables de la politique de Netanyahou. Pas moins en France qu’ailleurs.
Poursuivre la guerre aujourd’hui n’apportera plus de victoire, ni davantage de sécurité à Israël. Seuls 4 otages, sur les 205 libérés vivants ou morts jusqu’à présent, l’ont été par l’armée. Tous les autres l’ont été par des négociations. Quant à l’objectif d’éradiquer le dernier membre du Hamas dans son dernier tunnel, cela prendra, selon le chef d’état-major lui-même, de 2 à 3 ans. La seule façon de vaincre le Hamas est de mettre en place une alternative politique qui donne un espoir véritable de changement pour la population palestinienne.
La seule solution pour mettre fin à cette guerre est un accord de cessez-le feu immédiat avec retour de tous les otages en une unique opération, des pourparlers pour une gouvernance technique de la bande de Gaza durant la phase de reconstruction, avec la participation active des pays arabes modérés et des pays occidentaux, dans la perspective de la création d’un État Palestinien aux côtés de l’État d’Israël.
C’est la seule solution possible pour ne pas voir Israël s’effondrer dans l’obscurantisme et la guerre sans fin.
Les signataires de cette déclaration soutiennent le combat des Israéliens pour la défense de leur démocratie et la solution à deux États. Ils soutiennent également leur appel à l’aide de l’Union européenne, et notamment de la France, pour ramener le Premier ministre Netanyahou à une politique plus raisonnable : fin des hostilités à Gaza et accord négocié de libération de tous les otages.
Le Collectif Défendre la Démocratie Israélienne, La Paix Maintenant, JCall, Centre Medem Arbeter-Ring, Les Démocrates mobilisés