Dessin de Kichka
Le promoteur immobilier, Donald Trump, a trouvé une solution à l’un des problèmes les plus complexes auquel est confronté le nouveau président américain : Quoi faire de Gaza, si l’accord signé sous sa pression entre le Hamas et Israël va jusqu’à son terme et que la guerre s’arrête ? La solution trouvée consisterait « simplement » à déplacer 2 millions de Palestiniens de la bande de Gaza pour y installer une nouvelle Riviera avec des casinos et des terrains de golf !
Comme tout bon promoteur, Donald Trump, s’est, affirme-t-il, assuré du financement de son programme en y associant Saoudiens et Émiratis. Il reste juste « un petit problème » à résoudre : où transférer cette population, si tant est qu’elle accepterait de partir ? Il prétend pouvoir contraindre, à coups de dollars, le maréchal Sissi en Egypte et le roi Abdallah en Jordanie de les accueillir. Mais ces deux dirigeants ont immédiatement, à l’unisson de tous les autres dirigeants arabes, refusé de soutenir ce projet qui mettrait en péril l’équilibre déjà fragile de leurs États.
Seule la droite et l’extrême-droite israéliennes, agréablement surprises par cette annonce qu’elles n’attendaient pas, font sembler de croire à la faisabilité de ce projet fou. Même Netanyahou semble déconcerté lors de l’annonce de cette proposition par le président Trump pendant leur conférence de presse commune. Elle aura au moins le mérite de lui donner un répit pour la survie de sa coalition qui est confrontée aux échéances prochaines : celle du soutien de son extrême droite, en cas de poursuite de l’accord qui devrait aboutir à la fin de la guerre, et à laquelle s’opposent Smotrich et Ben Gvir, et celle du vote du budget avant le 31 mars, que les partis orthodoxes menacent de ne pas voter s’ils n’obtiennent pas la dispense de l’armée pour les étudiants de leurs yeshivot.
Nous dénonçons ce projet irréaliste et dangereux, qui s’il est mis en place serait un nettoyage ethnique, comme le font toutes les ONG israéliennes engagées pour une solution politique au conflit sur la base de deux États ou les autres organisations juives en diaspora qui, comme nous, les soutiennent. Certes, les villes sont à reconstruire dans la bande de Gaza. Mais elles doivent l’être en y associant les Palestiniens, qui auront à trouver une alternative au Hamas pour gérer la région, et avec toute l’aide internationale nécessaire.
Une telle annonce met aujourd’hui en danger la vie des otages encore aux mains du Hamas. L’accord de cessez-le-feu doit se poursuivre pour aboutir à la fin de la guerre. Puis, cette étape franchie, il faudra, avec une très forte participation des intermédiaires impliquées aujourd’hui dans la négociation, relancer un processus politique entre Israéliens et Palestiniens pour aboutir à la seule solution susceptible de mettre fin à ce conflit, la solution à deux États.