Lorsque nous avons lancé notre Appel à la raison, il y a une dizaine de jours, nous nous exposions à être pris à partie violemment et conjointement par la partie la plus intransigeante de la communauté juive et par la faction la plus radicale des Palestiniens et de leurs amis. Ces attaques n’ont pas manqué ; nous nous y attendions. Mais nous avons aussi et surtout nous continuons à recevoir d’innombrables soutiens qui nous réjouissent et nous prouvent à quel point notre appel correspond à une attente. En revanche, quelques-uns n’ont pas fini de nous surprendre.
Nous ne pouvons empêcher personne de se réclamer de notre texte pour des raisons qui leur sont propres, Internet est ainsi fait. Mais cet Appel n’est pas un menu à la carte où chacun est libre de puiser ce qui lui convient, ni d’apporter de manière ostentatoire sa signature en tenant des propos qui la contredisent en même temps.
C’est une profession de foi dont chaque mot a été soigneusement pesé, une proclamation à prendre ou à laisser. Tout entière. Y compris, et notamment, dans la partie du texte qui exprime l’attachement des signataires à Israël et, donc, leur référence commune à la grandeur du sionisme.
Sur un tout autre plan, dans l’interview qu’elle a accordé au Nouvel Observateur, Madame Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union Européenne, dit d’une part « A travers JCall il y a un interlocuteur pour les Palestiniens. » et d’autre part : « La solution au conflit doit être évidemment négociée au plan officiel par les représentants israéliens, palestiniens, arabes, européens, américains, mais elle doit se faire aussi sur le plan non officiel dans les courants de pensée israéliens, palestiniens, arabes, européens, américains et dans la diaspora juive. » En tant que représentants d’une partie de la diaspora juive, nous serions ravis de pouvoir en effet être les partenaires d’un dialogue avec les signataires d’un appel symétrique au nôtre issu de personnalités palestiniennes et du monde arabe. Une telle initiative, dont la portée historique n’échapperait à personne, aurait un impact majeur sur beaucoup de citoyens européens juifs qui hésitent encore à nous suivre.
Bien entendu, les désaccords et les divergences n’empêchent pas les débats ; ils les rendent même nécessaires et passionnants. La discussion étant la vocation première de JCall, nous souhaitons vivement qu’elle se poursuive sans exclusive, mais sur des bases claires. Sans quoi elle serait parfaitement inaudible, et, tout compte fait, inutile.