LE MOMENT DE VERITE DE NETANYAHOU
Traduction française d’un éditorial d’Ari Shavit du journal Haaretz (centre gauche)
« La visite actuelle du Secrétaire d’état John Kerry est différente de ses précédentes visites. Cette fois, il ne s’agit plus de traiter de procédures, de processus et de libération des prisonniers. Le document que le Secrétaire d’état américain apporte avec lui à Jérusalem et à Ramallah touche le cœur même du conflit et tente d’y mettre fin. Il contient les fondements sur lesquels la paix se construira.
Un état juif d’Israël aux côtés d’un état palestinien démilitarisé ? Jérusalem comme capitale des deux états ? Une frontière sur la base des lignes de 1967 avec des échanges de territoires ? La proposition de Kerry oblige les Israéliens et les Palestiniens à dire «oui» ou «non» à un accord permanent. Ce sera l’heure de vérité pour le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Certes, les Palestiniens ont maintes fois montré qu’ils ne désiraient pas la paix. Certes, les Américains et les Européens ont fait des erreurs majeures dans la conduite du processus de paix. Mais Netanyahou a également contribué à cette situation, en refusant de prendre des mesures contraignantes pour faire avancer le processus de paix.
Ainsi, pour Netanyahou, les prochaines semaines seront difficiles. S’il dit «oui» à Kerry, il dira «oui» aux frontières de 1967, avec quelques ajustements, et à une Jérusalem qui ne sera pas indivisible. S’il dit «non» à Kerry, il dira «non» à la légitimité internationale d’Israël et à sa capacité à se protéger contre l’Iran. S’il parie sur la paix, il se positionnera à la tête du mouvement nationale mené par Meretz (gauche sioniste). S’il reste fidèle aux positions historiques du Likoud, il devra assumer la responsabilité qu’Israël devienne un pays isolé en proie à une détresse diplomatique et économique.
Netanyahou a également une raison très importante de dire «oui» au Secrétaire d’état américain. Si les principes énoncés dans le document de Kerry comprennent en effet la reconnaissance d’un Etat Juif dans les frontières de 1967, ce sera une victoire pour le sionisme et pour Netanyahou qui a placé la demande de reconnaissance d’Israël comme l’état-nation du peuple Juif au sommet de l’agenda diplomatique. Ceci est une raison supplémentaire pour le Premier ministre Benyamin Netanyahou de marcher avec la tête haute en direction de la paix ».
Source : revue de presse de l’Ambassade de France en Israël et presse israélienne (semaine du 30 décembre 2013 au 3 janvier 2014.