Monsieur le Premier ministre,
En tant que Juifs européens et amis d’Israël, nous sommes profondément préoccupés par le projet de votre gouvernement d’expulser des dizaines de milliers de demandeurs d’asile érythréens et soudanais.
Dans la plupart des pays démocratiques, les taux d’acceptation des demandes d’asile pour les réfugiés soudanais et érythréens sont en général supérieurs à 50%, tandis qu’en Israël ils restent inférieurs à 1%.
Nous sommes troublés par les nombreux témoignages selon lesquels les demandeurs d’asile ayant accepté de quitter «volontairement» Israël n’ont pas trouvé la sécurité ni la protection requises dans les pays d’accueil, que ce soit leur pays d’origine ou des pays tiers comme l’Ouganda et le Rwanda. Nous savons que beaucoup d’entre eux ne sont plus en vie.
Nous craignons, si vous appliquiez ces plans, que la vie de milliers de personnes ne soit mise en péril, et que le nom de l’État juif et du peuple juif en soit irrémédiablement entaché.
Descendants de réfugiés et d’un peuple qui fut étranger dans une terre étrangère, nous croyons avoir une obligation particulière envers les réfugiés, quelle que soit leur religion ou leur origine. Nous croyons également que l’État d’Israël – qui figure parmi les premiers signataires de la Convention internationale sur le statut des réfugiés (1951), et qui, de plus, est un État fondé par des réfugiés et des survivants – devrait être un modèle dans le traitement et l’accueil des réfugiés.
Nous vous demandons donc de reconsidérer votre projet. Nous vous exhortons à respecter les droits des demandeurs d’asile et des réfugiés, tels qu’ils sont énoncés dans la Convention internationale des réfugiés et dans le respect de nos traditions et de nos valeurs, et à leur permettre de vivre dans la dignité jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux en toute sécurité.
Nous vous demandons de ne pas expulser ces personnes qui ont cherché refuge au sein du peuple juif. Travaillons plutôt ensemble pour relever ces défis, conformément à nos valeurs morales.
«Tu ne livreras point à son maître un esclave qui se réfugiera chez toi, après l’avoir quitté. Il demeurera chez toi, au milieu de toi, dans le lieu qu’il choisira, dans l’une de tes villes, où bon lui semblera: tu ne l’opprimeras point.» (Deutéronome 23:15-16)
«Tu aimeras l’étranger comme toi-même, car tu as été étranger en terre d’Égypte.» (Lévitique 19:34)
Avec nos sentiments respectueux,
JCall – Le réseau juif européen pour Israël et pour la paix