Agence Reuters, Paris, le 20 juin 2014 –
Les opérations israéliennes en Cisjordanie pour retrouver trois adolescents juifs portés disparus sont inacceptables mais il n’y aura pas de troisième Intifada tant que Mahmoud Abbas sera au pouvoir, assure le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al Maliki (photo). Israël accuse le Hamas d’avoir enlevé les trois Israéliens et Riyad al Maliki affirme, dans une interview à Reuters, que le président de l’Autorité palestinienne prendra des mesures draconiennes envers le parti islamiste si cela s’avérait.
« Nous ferons notre maximum pour aider parce que si cela continue comme ça, cela aboutira à la destruction de ce que nous avons construit en Palestine », a dit Riyad al Maliki à Reuters en marge des rencontres euro-méditerranéennes au Sénat, à Paris.
Mahmoud Abbas a été durement critiqué dans son propre camp pour avoir offert de coopérer avec Israël, dont les opérations en Cisjordanie ont fait un deuxième mort vendredi, un adolescent de 15 ans tué près d’Hébron.
Mahmoud Abbas a conclu fin avril un accord de réconciliation avec le Hamas et les deux parties sont convenues début juin de former un gouvernement d’unité nationale, mais la disparition des trois jeunes gens – un habitant d’une colonie et deux résidents d’Israël – près d’Hébron a dégradé leurs relations.
« Si le Hamas est derrière tout cela, et personne ne le sait pour l’heure, ce serait un coup porté au processus de réconciliation parce que nous ne saurions accepter que le Hamas utilise détourne ce processus », a souligné le ministre palestinien. « Si nous arrivons à cette conclusion, alors le président prendra des mesures draconiennes », a-t-il ajouté, sans préciser lesquelles.
Des occidentaux silencieux
Le Hamas n’a ni démenti être à l’origine de la disparition des trois Israéliens ni revendiqué leur enlèvement, et certains de ses responsables ont mis en garde Israël contre le risque d’une troisième « Intifada », ou soulèvement.
Les autorités israéliennes disent avoir arrêté 330 suspects, dont 240 membres du Mouvement de la résistance islamique, depuis une semaine, et fouillent localités et camps de réfugiés.
« Jusqu’à présent, deux Palestiniens ont été tués, ils ont enlevés plus de 300 Palestiniens à leurs familles, ils ont détruit plus de 150 habitations (…) et nous ont tous pris en otages au prétexte qu’ils cherchent ces trois (jeunes) », a dit Riyad al Maliki.
« Leur réaction défie la logique, est inacceptable (…) La première question à se poser, c’est de savoir ce que faisaient ces trois colons israéliens dans les territoires palestiniens occupés », a-t-il insisté.
Pour autant, assure ce ministre, l’Autorité palestinienne reste engagée en faveur de la paix, quand bien même il juge que l’autorité de Mahmoud Abbas pâtira de sa volonté de coopérer, et n’a pas l’intention d’aller à la confrontation avec Israël.
« Ni les dirigeants palestiniens ni le peuple palestinien n’ont l’intention de réagir ainsi, à moins que les Israéliens ne le provoquent, à moins que les Israéliens ne veuillent que l’on aille dans cette voie », a-t-il dit.
« Si les Israéliens nous y poussent, la responsabilité en reviendra aux Israéliens. Mais je peux vous assurer que tant que le président Abou Mazen sera au pouvoir, il n’y aura pas de troisième Intifada », a-t-il dit en utilisant le nom de guerre de Mahmoud Abbas.
Alors que les pourparlers de paix sous l’égide des Etats-Unis sont dans l’impasse et ne reprendront sans doute pas avec le Hamas au gouvernement, le chef de la diplomatie palestinienne se dit « extrêmement inquiet et extrêmement déçu » que les Occidentaux ne réagissent pas aux opérations en cours.
« C’est comme s’ils avaient donné (au Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu leur feu vert pour détruire, tuer (…) Notre inquiétude vient de la façon dont se comporte la communauté internationale, qui reste silencieuse comme si elle redoutait la réaction d’Israël. »