Non, Monsieur Netanyahou, vous ne nous représentez pas

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S’adressant récemment à un public francophone, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a déclaré s’être rendu à Paris lors de la manifestation du 11 janvier « en tant que représentant de tout le peuple juif ». C’est à ce même titre qu’il se dit « prêt à se rendre en tout lieu, s’il y est invité, pour présenter la position israélienne contre tous ceux qui veulent nous tuer, et qui sont en premier lieu issus du régime iranien ». Il fait ainsi allusion à sa décision de se rendre prochainement à Washington pour prendre la parole devant le Congrès américain à qui il exposerait les raisons pour lesquelles il s’oppose à l’accord que les États-Unis sont en train de négocier avec l’Iran.

En Israël, cette décision est l’objet de vives controverses. Et aux États-Unis, de plus en plus de Juifs américains demandent au Premier ministre israélien de repousser son intervention au Congrès après les élections. Beaucoup d’entre eux y voient une volonté de s’ingérer dans la politique américaine menée à l’égard de l’Iran, alors que, selon un sondage réalisé à la demande de J Street auprès d’un échantillon d’électeurs juifs américains, 84 % d’entre eux soutiendraient un accord donnant à l’Iran un accès au nucléaire civil avec des contrôles internationaux. Cette immixtion dans la politique américaine est perçue par certains comme dangereuse pour les intérêts même de la communauté juive américaine. De nombreux membres démocrates du Congrès ont déjà annoncé qu’ils n’assisteraient pas au discours de Netanyahou, et des voix se font entendre en ce sens, même, au sein du camp républicain.

Pour notre part, compte tenu des informations dont nous disposons actuellement, nous ne prenons pas de position sur un éventuel accord sur le nucléaire iranien.

Si M. Netanyahou peut revendiquer à juste titre le droit de s’exprimer au nom de l’État d’Israël, il ne peut en aucun cas prétendre le faire au nom de tous les Juifs du monde. Dès les années cinquante, le fondateur de l’État d’Israël, David Ben Gourion, avait déclaré que « l’État d’Israël ne pouvait parler qu’au nom des citoyens israéliens et, en aucun cas, au nom des Juifs citoyens d’autres pays ». Donc, non, Monsieur le Premier ministre, vous ne pouvez pas parler en notre nom.

En diaspora, nous sommes nombreux à penser que les années Netanyahou resteront comme une période où Israël s’est politiquement affaibli, perdant de son crédit sur la scène internationale – à cause, notamment, de la politique de statu quo menée à l’égard des Palestiniens, parallèlement à la poursuite continue de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Nous revendiquons simplement, comme J Street aux États-Unis, de représenter en Europe cette partie de la diaspora profondément attachée à l’État d’Israël qui prône dans le même temps la création d’un État palestinien viable à ses côtés. Et nous n’accordons à personne le droit de parler en notre nom.

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