Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité Palestinienne (AP), est attendu par Barak Obama à la Maison Blanche ce lundi 17 mars. Voici un éditorial publié le 4 mars 2014 par le « Jewish Daily Forward », juste au lendemain de la rencontre entre le Président Obama et le Premier Ministre d’Israël, Benjamin Netanyahou à Washington. Ces contacts très importants ont lieu dans le cadre d’un projet intensément préparé par John Kerry, le Secrétaire d’Etat américain, pour relancer les négociations de paix entre israéliens et palestiniens.
Le « Jewish Forward » est aujourd’hui un journal de référence pour les Communautés juives de la côte Est des Etats-Unis. Favorable au Parti Démocrate, il traite de questions politiques (nationales et internationales), culturelles, religieuses et sociales. Il a pris la relève de l’ancien quotidien yiddish « Forverts » de tendance socialiste. Le « Jewish Forward » est publié à New York en anglais, il existe également une édition spéciale en yiddish.
Le tendancieux échange entre le Président Barak Obama et le Premier Ministre Benjamin Netanyahou, ces derniers jours, souligne combien est différente la perception que chacun d’eux se fait de leur troisième partenaire dans l’éternelle négociation entre Israéliens et Palestiniens. Evidement, nous parlons de Mahmoud Abbas (Président de l’Autorité palestinienne, ndt).
Obama et Netanyahou sont si diamétralement opposés dans leur présentation publique du leader Palestinien qu’il n’y a qu’une seule manière de constater lequel des deux a raison. En fait, il s’agit de tester Abbas afin de vérifier s’il « bluffe » ou non.
Obama a fait un vibrant éloge du Président de l’Autorité Palestinienne dans une interview qu’il a accordée à l’agence de presse Bloomberg (cliquer ici pour lire cet entretien en anglais) publiée juste au moment où Netanyahou arrivait aux Etats-Unis. Cette interview a été donnée dans le cadre d’une échéance très difficile et elle comprenait un message important.
“Je crois que le Président Abbas est sincère concernant sa volonté de reconnaître Israël et son droit d’exister, de reconnaître ses légitimes besoins de sécurité afin d’éviter la violence, de résoudre toutes ces questions d’une manière diplomatique, cela correspondant aux préoccupations du peuple d’Israël », a déclaré Obama à l’éditorialiste Jeffrey Golberg. « Et j’estime que c’est une qualité rare, pas seulement à l’intérieur des Territoires Palestiniens, mais au Moyen-Orient en général. »
Toujours dans cet entretien avec Jeffrey Golberg de l’agence Bloomberg, Obama poursuit : «Personne ne contestera, je pense, malgré les désaccords que l’on peut avoir avec lui, qu’Abbas a prouvé qu’il est quelqu’un qui préfère la non violence et la diplomatie pour résoudre cette question (Israël-Palestine, ndt).»…
Bien entendu, actuellement, Netanyahou n’est pas d’accord avec ces assertions d’Obama, et il le dit. Dans ses commentaires précédant sa rencontre bilatérale avec Obama à la Maison Blanche hier (3 mars 2014, ndt), le Premier Ministre a établi la liste de toutes les concessions qu’Israël a faites ces vingt dernières années pour faire avancer la cause de la paix. “Et quand vous regardez ce que nous avons reçu en retour, ce sont une multitude d’attentats suicides, des milliers de missiles tirés sur nos villes à partir de territoires d’où nous nous sommes retirés et d’incessantes incitations de haine en provenance des Palestiniens contre Israël ». Netanyahou a en outre souligné : « Eh bien, Israël a fait sa part et j’ai le regret de dire que les Palestiniens ne l’ont pas fait. »
Si Obama est allé trop loin dans son éloge d’Abbas, de son coté Netanyahu a négligé le calme relatif que connaît Israël, grâce à la barrière de sécurité et à la coopération sans précédent entre l’Autorité Palestinienne et les forces de sécurité israéliennes.
Les appels à la haine continuent du coté Palestinien vis-à-vis d’Israël mais les implantations juives se poursuivent également à un rythme accéléré sur les terres palestiniennes. Les missiles que Netanyahou évoque proviennent de la bande de Gaza qui est gouvernée par le Hamas et le meilleur moyen d’accélérer la chute du Hamas c’est de s’entendre avec le gouvernement d’Abbas.
En fin de compte, il n’y a qu’un seul moyen de savoir si Abbas est un partenaire pour la paix ou bien un obstacle dans les négociations. Golberg a justement provoqué Obama sur ce point en notant que, parmi les « fines attributions » d’Abbas, « il était aussi le chef d’une entité palestinienne affaiblie, corrompue et divisée et structurellement en état de faillite. » Est-ce que cette personne peut négocier un agrément et convaincre les Palestiniens d’accepter Israël en tant que voisin permanent ?
« Regardez, je pense qu’il (Abbas) doit être mis à l’épreuve. La question demeurant : qu’est-ce que l’on perd à essayer ? », a répondu Obama.
Et telle est bien la question, contrairement à ses prédécesseurs, sera-t-il (Abbas) celui qui est en mesure de maîtriser l’histoire au lieu d’être étouffé par elle ? Celui qui sait faire les compromis nécessaires pour obtenir un Etat pour son peuple et offrir la sécurité que les Israéliens attendent et méritent ?
C’est peut-être trop demander à Netanyahu, qui est un chef de file avec beaucoup de capital politique et absolument aucune vision claire sur la façon de parvenir à la solution à deux Etats qu’il prétend vouloir. C’est peut-être un vœu pieux d’espérer qu’il ravalera sa fierté et, en accord avec Obama, qu’il jouera le jeu du « bluff » en acceptant de mettre Abbas à l’épreuve et en négociant comme s’il y croyait vraiment.
« Nous ne savons pas à quoi ressemblera le successeur d’Abbas » a prévenu le Président Obama. Est-ce qu’Israël veut vraiment le savoir ?
Cliquer ici pour lire l’article complet du « Jewish Forward » en anglais
Traduction Paul Ouzi Meyerson