La photo de l’année et celle qui manque

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Parmi toutes les photos du Moyen-Orient qui resteront de 2021, nous avons choisi celle où Mansour Abbas, le leader du parti islamique Raam, signe avec Naphtali Bennett et Yaïr Lapid l’accord de coalition scellant, pour la première fois, l’entrée d’un parti arabe dans un gouvernement en Israël. Bien qu’il soit encore trop tôt pour faire un bilan de son action, nous avions organisé le 8 novembre une visioconférence pour faire un premier point au bout de 4 mois de son fonctionnement, conférence que vous pouvez revoir sur notre site. Mais quel que soit le devenir de ce gouvernement, il est certain que cette photo aura marqué un tournant déterminant dans l’histoire du pays comme un témoignage de l’intégration des Arabes israéliens dans la vie démocratique du pays, qui vient renforcer celle d’Israël dans la région.

Sur la question des relations israélo-palestiniennes, cette année s’achève par la rencontre de Mahmoud Abbas avec le ministre de la défense israélien, Benny Gantz, qui a pris l’initiative d’inviter chez lui le président palestinien, une marque de respect à son égard à laquelle ce dernier a été très sensible. Cette rencontre, qui fait suite à celle du mois d’août à Ramallah entre les deux hommes, n’a pas pu se faire sans l’aval du premier ministre Bennett. Bien qu’aucune photo n’ait été diffusée de cette rencontre, cette visite, la première depuis 2010 du chef de l’Autorité palestinienne en Israël, n’en était pas moins un évènement marquant dans l’histoire des relations israélo-palestiniennes. Elle témoigne de la volonté, de part et d’autre, de reprendre des contacts à ce niveau. Mais les objectifs n’étaient pas les mêmes pour les deux parties.

Pour Gantz, dont la marge de manœuvre est réduite du fait de la composition du gouvernement, il s’agissait de se limiter à offrir aux Palestiniens un certain nombre d’allègements administratifs et de les aider sur le plan économique pour que l’Autorité palestinienne ne s’effondre pas, de renforcer la coopération sécuritaire dans l’intérêt des deux parties et …., accessoirement, de se présenter comme le leader de l’aile gauche du gouvernement.

L’objectif de Mahmoud Abbas en revanche était beaucoup plus politique. Venu avec une délégation de hauts responsables palestiniens en charge de la sécurité et de l’économie, il a fait savoir à son interlocuteur, selon le porte parole du Fatah, que « nous assistons à la dernière opportunité avant qu’une explosion ne se produise, et que, sans formule politique, la situation pourrait facilement exploser». Le président palestinien a réaffirmé à Gantz son engagement à maintenir la coopération sécuritaire avec les Israéliens et son refus de la violence. Pour preuve, les forces de sécurité palestiniennes, plus mobilisées ces dernières semaines pour arrêter la dégradation sécuritaire, ont arrêté une cinquantaine de membres du Hamas en Cisjordanie, responsables de l’organisation de plusieurs dizaines de tentatives d’attentats contre des Israéliens, et préparant une nouvelle intifada. Sur le plan de la scène politique interne, le vieux leader palestinien, fortement concurrencé par le Hamas en Cisjordanie, a besoin, à la veille de la prochaine réunion de l’OLP, qui aura lieu en janvier, et du 8ème congrès du Fatah, qui aura lieu en mars, de renforcer son image de plus en plus décriée au sein de la population palestinienne qui lui reproche de n’avoir rien obtenu pendant des années de négociations avec les Israéliens. Critiqué pour s’être rendu chez Gantz, Abbas doit montrer que les acquis, non négligeables, obtenus lors de cette rencontre – avance de 100 millions de shekels sur la collecte de la TVA perçue au nom de l’Autorité palestinienne par Israël, régularisation de la situation de 6000 Palestiniens vivant sans statut dans un secteur de la Cisjordanie sous contrôle israélien, 600 permis de circuler en Israël pour des hommes d’affaires et des VIP palestiniens …- s’inscrivent dans le cadre d’une reprise d’un dialogue plus politique avec les Israéliens. Les officiels palestiniens, conscients que ce ne sera pas avec ce gouvernement qu’ils pourront reprendre des négociations sérieuses, ne cachent pas qu’ils sont à la recherche du leader israélien qui sera le successeur de Rabin. Est-ce que ce pourrait être Gantz comme le lui a dit Mahmoud Abbas ? En attendant, comme l’a dit, lors d’un récent interview au journal Le Monde, Yaïr Lapid, le ministre des Affaires étrangères israélien, conscient que « La structure du gouvernement israélien ne lui permet pas, comme celle des Palestiniens, d’avancer vers des négociations. Nous voulons les aider à améliorer leurs vies et leur économie».

Pendant ce temps  sur le terrain, c’est encore malheureusement la violence des plus extrémistes parmi les colons qui prévaut. Selon les autorités militaires israéliennes, alors que 507 infractions ont été enregistrées en 2020 – déjà près du double par rapport à 2019 où il y en a eu 363 – , durant les 6 premiers mois de 2021, 416 incidents auraient été commis contre des Palestiniens : agressions physiques, destruction de biens, arrachages d’oliviers… Nous y consacrerons notre prochaine visioconférence le 17 janvier.

2021 s’est donc terminé en demi-teinte, avec des avancées et beaucoup d’espoir, suite au changement de gouvernement en Israël et au retour au pouvoir, après plus de 20 ans, de représentants de partis politiques engagés à mettre fin à l’occupation, mais aussi avec beaucoup de craintes de voir, en l’absence d’une reprise sérieuse des négociations, le retour à la violence.

En cette période de vœux pour 2022, formulons les nôtres de voir le retour de la raison et de l’espoir au Moyen-Orient. Nous vous présentons, ainsi qu’à vos proches, nos meilleurs vœux pour 2022.

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