-CHRONIQUES POUR LA PAIX –
Marc Alain GRUMELIN répond aux questions de Paul Ouzi MEYERSON suite au communiqué anxieux, commentant les résultats des élections en Israël, de la grande et ancienne fondation judéo-arabe GIVAT HAVIVA. Marc Alain GRUMELIN est le Président des amis de GIVAT HAVIVA en France, il nous explique les raisons du malaise des responsables de l’institution.
On connaît maintenant la composition du Parlement israélien. La nouvelle Knesset est très à droite, plus à droite qu’elle ne l’a jamais été. Et, c’est parmi les leaders de cette droite nationaliste, conservatrice et ultra religieuse que le futur chef du gouvernement, Benyamin Netanyahou, va choisir les ministres qui composeront son exécutif. Il y aura donc des politiciens issus du groupe des sionistes religieux, des gens comme Ben Gvir qui n’a pas été accepté par l’armée israélienne du fait de ses activités anti-arabes violentes et factieuses, ou comme Smootrich qui propose que la tradition juive, la halakha, remplace les lois séculières de l’Etat d’Israël. Ces politiciens, hier marginaux, exigent des mandats stratégiques : la sécurité intérieure, la gestion administrative de la Judée et de la Samarie, le Ministère de la défense. Avec les partis ultra-orthodoxes, qui font partie de cette majorité parlementaire mais s’intéressent peu aux valeurs du sionisme, ils insistent pour prendre en charge des dossiers brûlants : la modification de la loi du retour et la définition de qui est Juif, l’orientation des études et le financement du système d’éducation, l’imposition du shabbat dans tout le pays, la répression de l’homosexualité et d’autre sujets de même acabit. Par ailleurs, beaucoup d’observateurs israéliens estiment que le Likoud ne pourra pas endiguer l’influence des nationaux-religieux et des ultra-orthodoxes car le parti de Netanyahou est de moins en moins libéral et légaliste, il ne correspond plus au vieux Hérout de Menahem Begin.
Cette situation inquiète beaucoup de citoyens israéliens. Non qu’ils redoutent l’alternance politique du pouvoir, c’est le jeu naturel d’un pays libre, mais parce que certains éléments qui composeront le nouveau gouvernement risquent de s’attaquer aux fondements démocratiques de l’État Juif et de ses institutions.
D’ailleurs, il n’y a pas que des individus qui s’interrogent, certaines organisations font aussi entendre leurs craintes. Ainsi de GIVAT HAVIVA, grande et ancienne fondation éducative judéo-arabe dont la direction écrit dans un communiqué (voir ci-dessous) : « Nous ne cacherons pas que les résultats des élections à la Knesset nous ont tous remplis d’inquiétude pour l’avenir du pays, avec un gouvernement qui s’appuiera sur des éléments racistes ».
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Communiqué de la Direction de Givat Haviva en Israël, 10 novembre 2022
“Chers amis,
Nous ne cacherons pas que les résultats des élections à la Knesset de la semaine dernière nous ont tous remplis d’inquiétude pour l’avenir du pays, avec un gouvernement qui s’appuiera sur des éléments racistes. Ces composantes racistes expriment clairement leur opposition pour Israël à toute ouverture vers une société solidaire et la paix. Ils sont fondamentalement opposés au principe d’égalité censé être la base de la démocratie israélienne.
Le renforcement de l’extrême droite et sa main-mise sur le gouvernement peuvent encourager certains groupes à chercher la régression de l’Etat et du pays sur les plans de la défense des droits des minorités, de la protection du système judiciaire et du renforcement de la démocratie.
Néanmoins, malgré la déception et l’inquiétude, nous pouvons encore influer sur l’avenir d’Israël. Le système politique n’est pas tout. Le travail de la société civile et l’éducation ont un impact considérable sur la direction que prendra la société israélienne. Et il est important de rappeler qu’environ la moitié de la population, juive comme arabe, soutient toujours une gouvernance modérée, la démocratie et la pleine inclusion de tous les citoyens de l’État.
Par le passé, Givat Haviva a déjà relevé plusieurs défis du même ordre, face à des gouvernements qui cherchaient à tirer parti de la division, de la haine et du racisme en Israël. Mais même dans les moments les plus sombres, nous avons toujours continué à chercher et à diffuser la lumière. Et il en est de même maintenant. Nous continuons à promouvoir nos programmes éducatifs et nos rencontres, à élargir les cercles du dialogue public et à promouvoir l’égalité pour la société arabe, avec des programmes mettant en oeuvre notre vision d’une société solidaire qui est notre idéal. Nous appellerons sans relâche les institutions gouvernementales à intensifier leur implication et leur investissement dans la lutte contre la discrimination et le racisme, tout en travaillant de concert avec d’autres organisations et forces luttant elles aussi pour améliorer la société israélienne.
Notre grande expérience, et les techniques que nous avons élaborées depuis 73 ans, avec votre soutien constant, nous aident à surmonter les obstacles présents et à avancer encore vers la construction d’une société juste, dans la paix et l’égalité.
Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe du désespoir. Nous n’avons pas d’autre terre, pas d’autre société. Si nous voulons vivre dans une société juste et démocratique, nous y vivrons ensemble”.
