CHRONIQUES POUR LA PAIX –
Face aux massacres terroristes contre les Juifs et aux menaces d’agression sur plusieurs fronts contre Israël comment parler de la paix, l’envisager même ? Cette question extrêmement difficile PAUL OUZI MEYERSON la pose à DAVID CHEMLA, le Secrétaire Général de JCall.
Comment aujourd’hui parler de paix ? Depuis 10 jours le chaos règne au Moyen-Orient, Israël a été attaqué par les terroristes du Hamas qui ont massacrés femmes, enfants, vieillards. En tout 1200 civils tués dans d’atroces conditions. Toutes les villes et les kibboutzim du Sud, qui jouxtent la bande de Gaza, ont été livrés sans défense à la haine anti juive des assassins islamistes qui ont pris 199 personnes en otages, parmi eux des enfants, de très petits enfants… Où est Tsahal, ou est Tsahal ? Imploraient par téléphone les habitants de Sdérot, de Beeri, de Nir Oz, de Zikim. Où est Tsahal imploraient les jeunes gens participants à la rave party de Reïm ? Où sont les renforts imploraient les soldats abandonnés de la position de Soufa ? Et pendant 12 heures au moins le massacre a continué pendant qu’Israël se trouvait, une nouvelle fois, sous le feu des missiles tirés par les milices de Gaza…
Sur le terrain, pendant ces très longs moments d’angoisse et de mort, des actes de résistance et d’héroïsme juif, il y en a eu plein. Finalement, aujourd’hui, Tsahal et là et l’organisation «Zaka» (1) recueille les corps des martyrs ! Quand au Hamas, la traque est commencée, les bombardements aériens sur Gaza sont incessants, précis et terrifiants. Les commandos israéliens ont commencé à pénétrer dans la bande de terre, les corps blindés se massent à sa frontière, la population arabe panique à l’annonce de l’assaut israélien, elle se précipite du côté égyptien vers des horizons incertains.
Et au Nord d’Israël aussi, en Galilée, la tension monte face au Hezbollah qui menace, un ennemi impitoyable, chien de guerre tenu en laisse par l’Iran qui mène la danse. Les échanges de feu s’intensifient, il y a les premières victimes, les villages frontaliers sont évacués…
Tous, nous connaissons cette situation dramatique, alors le moment est venu de poser la question : Face aux massacres terroristes contre les juifs et aux menaces d’agression sur plusieurs front contre Israël comment parler de la paix, l’envisager même ? Cette question extrêmement difficile, diabolique pourrait-on dire, Paul Ouzi MEYERSON la pose à DAVID CHEMLA.
DAVID CHEMLA est le Secrétaire Général de JCall, une des associations qui, avec «La Paix Maintenant», sponsorise l’émission «Chroniques pour la Paix».
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Pour David Chemla, qui a participé comme soldat de Tsahal (2) à la guerre de Kippour, il y a peu de similitudes entre cette catastrophe stratégique ancienne et celle que vit Israël aujourd’hui. Certes, maintenant comme hier, il y a l’unité nationale et le pays se mobilise entièrement face à la situation d’urgence. Mais la guerre de Kippour a été une affaire de combattants d’armées régulières et les nombreuses victimes du conflit étaient des militaires qui s’affrontaient en terrains découverts. De plus, en 1973, il n’y avait pas d’accords de paix avec l’Égypte et la Jordanie et ces deux pays, plus la Syrie, constituaient un grave danger à la frontière. Aujourd’hui, ce sont des milliers de civils qui ont été attaqués par les milices terroristes du Hamas. Ce sont des femmes, des enfants, des vieillards, qui ont été torturés, tués, pris en otages. Ce sont des kibboutzim, des villages et des villes qui ont été bombardés, incendiés, détruits. Le Secrétaire général remarque, avec tristesse, que “la plupart des yshouvim (3) impactés étaient habités par une population progressiste qui souhaitaient faire la paix avec leur voisins palestiniens. Ces sont ces gens de gauche, vilipendés par Netanyahou ces derniers mois pendant la crise de la réforme de la justice, qui ont été en première ligne lors de l’attaque du 7 octobre sur le pourtour de Gaza”.
David Chemla estime qu’Israël ne peut échapper à la géographie et à la démographie de la régions. “Les 6 ou 7 millions de palestiniens ne partiront pas, les 7 ou 8 millions de Juifs resteront, il n’y a donc pas d’autre possibilité que de trouver un accord pour la paix. Si on perpétue l’occupation, si on poursuit le terrorisme, il y aura d’autres massacres et d’autres souffrances. Comme disait le grand écrivain israélien Amos Oz : il faut que le monde nous aide à divorcer, chacun pourra être chez soi !”
Dans l’immédiat, le Secrétaire général de JCall juge qu’Israël doit regagner son pouvoir de dissuasion, vaincre le Hamas et récupérer tous ses otages. Il considère qu’après la fin de la guerre, l’organisation palestinienne islamiste évincée, il sera nécessaire de recourir à la diplomatie et à l’aide internationale pour reconstruire Gaza. Il faudra y tenir des élections ainsi qu’en Cisjordanie afin qu’une direction politique palestinienne se mette en place pour négocier un accord de paix avec Israël. David Chemla ajoute : “Ce processus sera difficile, il ne faut pas se faire d’illusions, mais il est certain qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit israélo-palestinien”.
En ce qui concerne les erreurs stratégiques de défense, qui ont facilités les massacres perpétrées par le Hamas contre les juifs, David Chemla s’attend à ce que des commissions d’enquête soient mises en place à l’issu des opérations militaires. “Elles devront, comme après la guerre de Kippour en 1973, pointer du doigt les erreurs et ceux qui les ont commisses, non seulement au niveau militaire mais aussi au niveau politique. Les citoyens israéliens demanderont que l’ensemble du gouvernement, ainsi que Netanyahou lui même en tant que Premier ministre, leurs rendent des comptes”.
(1) Zaka : organisation religieuse israélienne dont la mission est de récupérer les dépouilles, identifier les victimes, reconstituer les corps (guerre, terrorisme, accidents) avant de leurs donner une sépulture.
(2) Tsahal, acronyme de “Tsava Hagana le Israël”, Armée de défense d’Israël (צה”ל)
(3) Yshouvim : villes de peuplement juif en Israël (ישובים)