Arié Avidor : « Netanyahou risque de faire d’Israël une démocrature »

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-CHRONIQUES POUR LA PAIX –

Pourquoi avoir peur du futur gouvernement d’Israël ? ARIÉ AVIDOR répond aux questions de PAUL OUZI MEYERSON : 

ARIÉ AVIDOR a rejoint le corps diplomatique d’Israël après des études de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il a occupé plusieurs postes d’ambassadeur en Europe puis dans différents pays d’Afrique. Aujourd’hui, Arié Avidor intervient comme consultant politique dans les médias israéliens et internationaux.

 

Vous savez tous que Benyamin Netanyahou a présenté son nouveau gouvernement. Mais, depuis plusieurs jours, nous assistons à une levée de boucliers contre ce nouvel exécutif dont on ne connaît pas encore la composition. mais pourquoi avoir peur du futur gouvernement ? Pourquoi une telle mobilisation générale préventive contre lui ? Qui manifeste ainsi son opinion contradictoire ? Évidemment, c’est son rôle, l’opposition s’oppose et Yaïr Lapid, l’ancien Premier ministre, a annoncé que «les fondements de la société israélienne allaient être démantelés», voilà une inquiétante révélation ! Au même moment, le Président de l’Etat, Ytsrak Herzog déclarait dans une allocution qu’il était «préoccupé par l’attitude anti LGBT de certains hommes politiques» et Netanyahou lui-même affirmait qu’il ne « permettra pas que des citoyens soient discriminés».

Pour compléter le tableau, simultanément, des dizaines de maires, celui de Tel-Aviv en tête, prévenaient qu’ils «n’appliqueront pas certaines directives gouvernementales à venir». Par ailleurs, une centaine de dirigeants d’entreprises high-tech s’inquiétaient «de la politisation du système judiciaire israélien» et de nombreux officiers supérieurs et responsables sécuritaires exprimaient leur appréhension que «la nouvelle coalition conduise à l’éclatement de l’armée ». Toute cette forte critique s’exprime sur fond de manifestations contre Netanyahou devant la résidence du Premier ministre à Jérusalem. Mais de quoi s’agit-il ? De quoi parle-t-on ?

 

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Arié Avidor rappelle que le nouveau gouvernement de Benyamin Netanyahou est basé sur un accord de coalition signé entre quatre factions comprenant des formations d’extrême droite messianique ainsi que religieuses ultraorthodoxes, et le Likoud qui représente la droite nationaliste séculière. Pour l’ancien ambassadeur d’Israël « c’est un exécutif qui s’attaquera aux fondements démocratiques de l’État et à ses principes égalitaires. Il nous fera entrer dans un nouveau régime qui équivaut à une démocrature (1)».

Arié Avidor considère que Netanyahou est le «destructeur de la démocratie israélienne car il est faible face à ses partenaires extrémistes et ne peut rien leur refuser». Le diplomate explique cette « faiblesse » du nouveau Premier ministre par son désir d’échapper aux multiples poursuites judiciaires à son encontre et son insistance à vouloir modifier les lois et institutions légales pour échapper aux poursuites. «Il n’a pas d’autres options et ses partenaires savent tirer parti de cette situation», constate l’ancien ambassadeur.

La Knesset, le parlement israélien

Pour Arié Avidor les transformations sont déjà en marche, il donne comme exemple « la loi fondamentale qui a été modifiée pour permettre à Arié Dery, le dirigeant du Shaas (2), de devenir ministre. Ce dernier a fait l’objet de plusieurs condamnations pour détournements de fonds et la loi n’autorise pas une personne condamnée à occuper un poste ministériel. Avec la modification votée en accéléré par la Knesset cela devient possible (3) ». L’ancien ambassadeur relève également le «dépeçage des institutions», en effet, les ministères de la défense, de la sécurité intérieure, de l’éducation et des finances ont été partagés au profit de kahanistes (4), notamment Ben Gvir et Smootrich qui entendent mettre la main sur l’administration de la Judée et de la Samarie (Cisjordanie).

Arié Avidor craint des conséquences politiques, institutionnelles et sécuritaires très graves dans l’avenir. Néanmoins, il espère que l’autre moitié du pays (aux élections les « anti-Bibi » (5) étaient légèrement majoritaires), libérale et attachée aux principes du sionisme démocratique, saura réagir. L’ancien ambassadeur compte aussi sur les élites pour «contrecarrer la mise en place de la démocrature».

 

1) La démocrature est souvent définie comme étant un régime politique qui, par son système d’élection, est démocratique, mais où la réalité de l’exercice du pouvoir penche vers la dictature et la suppression de l’état de droit. La démocrature est par conséquent un simulacre de démocratie.

2) Shaas : Parti ultraorthodoxe d’obédience orientale.

3) La Cour suprême d’Israël a fait appel de cette décision de la Knesset, la jugeant inconstitutionnelle. Le litige est en cours…

(4) Kahanistes : Le kahanisme est une idéologie extrémiste juive issue du sionisme religieux et développée par le rabbin Meïr Kahane, fondateur de la Jewish defense ligue et du parti politique Kach en Israël. Le parti Kach est considéré comme une organisation terroriste et raciste, il a été interdit dès 1994 par le gouvernement israélien et le département d’État américain.

(5) « Bibi » est le diminutif populaire de Benyamin Netanyahou.

 

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