Benjamin Netanyahou, Premier ministre de l’Etat d’Israël, a rencontré le 19 mai dernier, le journaliste Jeffrey Goldberg, de l’agence Bloomberg, pour lui accorder une interview importante. Ce même journaliste, spécialiste du Moyen-Orient, avait interviewé il y a deux mois, Barak Obama. A cette occasion, il avait questionné le Président des Etats-Unis sur le processus de paix mené par son Secrétaire d’état, John Kerry.
Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité Palestinienne (AP), pour sa part et quasi simultanément, a rencontré le 23 mai le journaliste du « Times of Israël » Avi Issacharoff. Egalement expert de la politique proche-orientale, notamment des rapports entre Israël et les palestiniens, Avi Issacharoff est ce reporter qui a failli être lynché lors des manifestations ayant eu lieu dans les territoires palestiniens à l’occasion de la commémoration de la « Nekhba ». Il a été sauvé à la dernière minute par une intervention de policiers de l’AP.
D’une manière générale et sans surprise, les deux leaders politiques se renvoient la balle pour ce qui est de la responsabilité de l’échec des pourparlers menés par John Kerry. Pour Mahmoud Abbas, c’est la politique d’extension des implantations qui est la cause principale de l’impasse des négociations ; pour Benjamin Netanyahou, le refus des Palestiniens de reconnaître le caractère juif de l’Etat d’Israël a été la pierre d’achoppement des discutions.
Nous vous proposons ci-dessous, des passages extraits de ces deux interviews et si vous souhaitez en savoir plus, cliquez sur les liens qui vous orienteront vers les articles complets.
Dans son interview à Jeffrey Goldberg, Benjamin Netanyahou a confié qu’il « examine les suggestions d’un grand nombre d’Israéliens demandant de considérer des décisions unilatérales pour se désengager des zones de Cisjordanie fortement peuplées par des Palestiniens. Nous voulons un Etat palestinien démilitarisé qui reconnaisse un Etat juif. Comment obtenir cela si ce n’est par des négociations ? Il est vrai que l’idée de décisions unilatérales gagne du terrain, du centre-gauche au centre-droit. Beaucoup d’Israéliens se posent la question sur l’éventualité de certaines mesures unilatérales »…
… Le Premier ministre israélien a confié à Bloomberg que « les Israéliens, y compris lui-même, se rappellent de l’amère expérience du désengagement unilatéral de la bande de Gaza utilisée aujourd’hui comme base de lancement de roquettes contre des objectifs civils en Israël ».
Netanyahou y ajoutait également l’importance d’agir pour empêcher la destruction d’Israël en tant que majorité juive d’un Etat démocratique. “Nous ne voulons ni d’un Etat binational, ni d’un Etat palestino-iranien à nos portes. Il y a un consensus grandissant pour affirmer que nous n’avons pas de partenaire qui puisse défier les limites, prendre des décisions impopulaires, faire quelque chose de difficile. Abbas n’a rien fait pour remettre en question le consensus palestinien actuellement en vigueur”…
Jeffrey Goldberg a demandé à Netanyahou pourquoi il ne déclare pas un gel illimité des constructions des faubourgs de Jérusalem et des implantations proches de Tel-Aviv, car, selon le journaliste américain, cela pourrait restaurer l’image d’Israël au sein de la communauté internationale. Le Premier ministre israélien a répondu : “Je ne pense pas que cela pourrait marcher. Je l’ai essayé une fois et cela n’a pas fonctionné. Les Américains ont dit que la seule manière d’amener Abbas à la table des négociations est soit la libération des prisonniers ou bien le gel des implantations. Choisissez, m’ont-ils dit. Et nous avons choisi (de relâcher les prisonniers). Nous avons fait savoir très clairement aux Américains et aux Palestiniens ce que nous allions construire, y compris à Jérusalem. Nous avons construit exactement ce que nous avons dit. Cela n’a été une surprise pour personne. Il n’y a pas eu de constructions supplémentaires »…
Cliquer pour lire l’analyse du discours (en français) de Netanyahou par la rédaction de I24News
Avi Issacharoff écrit dans le « Times of Israël » au sujet de sa rencontre avec Abbas :
« Notre entrevue soulève plus de questions qu’elle n’apporte des réponses. Mercredi après midi, j’ai rencontré le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas dans ses bureaux à Ramallah »…
… « Abbas, comme il le fait souvent, a parlé très ouvertement et était toujours aussi surprenant. Il a indiqué lors de notre interview, déjà évoquée dans le Times of Israël pas plus tard que mercredi et détaillée plus amplement ici, que l’AP s’abstiendra, pour le moment, de demander l’adhésion à d’autres organes des Nations Unies ou des organisations internationales »… « J’ai essayé, bien sûr, de comprendre ce qu’il y avait derrière cette décision, mais Abbas ne souhaite pas s’expliquer à ce sujet. Il ne fait que souligner que ce n’était pas une politique qui durerait indéfiniment. C’est une question de circonstances. Voyons ce qui va se passer, et nous agirons en conséquence »… « Suspendre les mouvements vers l’ONU et d’autres groupes internationaux était un geste pour John Kerry. Il nous a demandé, que nous cessions de nous tourner vers les organisations internationales pour l’instant, afin de permettre la reprise des pourparlers et peut-être même quelque chose de plus, et c’est la source de l’accord pour ce mouvement »….
… Le gouvernement palestinien « d’union nationale » (AP et Hamas) sera présenté la semaine prochaine. Avi Issacharoff demande à Abbas s’il y serait à sa tête. Le Président de l’AP indique « qu’il n’y avait toujours pas d’accord final. Il est possible qu’il soit dirigé par l’actuel premier ministre Rami Hamdallah, mais en tout cas ce sera un gouvernement qui réalisera mes politiques. Il ne s’immiscera pas dans les affaires politiques. Le nouveau gouvernement va reconnaître Israël ; il reconnaîtra les accords qu’il a signés avec Israël ; et il renonce à la terreur et à la violence. Il n’y aura pas des gens du Hamas ou du Fatah. Tout le monde sera indépendant »…
… Abbas reconnaît qu’il y aura des difficultés sur le chemin de la réconciliation et de l’élection d’un nouveau président et d’un parlement Fatah-Hamas : « Nous voulons atteindre les élections », a-t-il expliqué dans notre interview. « Mais si les choses tournent mal avant, nous saurons faire face aux conséquences ».