Deux mois à peine après la mise en place du sixième gouvernement Netanyahou, Israël n’a jamais été aussi divisé. Depuis plus d’un mois, semaine après semaine, des centaines de milliers d’Israéliens manifestent leur refus de voir leur pays changer de régime. Ce ne sont plus seulement les habituels « traitres gauchistes », tels que les qualifient les dirigeants et faiseurs d’opinion de la droite depuis des années, qui sortent dans la rue, mais toutes les composantes de la société : laïques et religieux, juristes et enseignants, patronat et économistes, dirigeants des entreprises de la Hi Tech qui sont la locomotive de l’économie du pays, écrivains et artistes, anciens et actuels membres de l’appareil sécuritaire… Ce ne sont plus seulement les habitants de la bulle telavivienne qui occupent les carrefours de leur ville le samedi, mais ceux des villes du centre comme de la périphérie. Ils étaient 300 000 selon certaines estimations à scander autour de la Knesset « Democratia » le jour du vote en première lecture de ces lois qui allaient transformer la démocratie créée par leurs parents et grands-parents il y a près de soixante quinze ans, et dont ils sont si fiers, en un régime qui n’en sera plus une, un régime qui donnera tous les pouvoirs à une majorité circonstancielle. 55 % de la population s’opposent à cette « révolution juridique ».
Et voila que cette semaine, au chaos de la rue dans le pays, se rajoute celui d’une perte de contrôle de la situation dans les territoires occupés, où l’armée n’est intervenue dans le village de Hawara qu’au bout de plusieurs heures alors que des centaines de colons y accomplissaient un véritable pogrom en réaction à l’assassinat de deux jeunes frères habitants l’une de leurs colonies située à proximité.
Cette situation ne nous étonne pas. Nous la craignions il y a 13 ans déjà quand nous avions lancé notre Appel à la raison. Aujourd’hui nous relançons un nouvel Appel à la raison lors d’une conférence au parlement européen le 27 mars à laquelle vous pourrez assister soit en présentiel, soit par vidéo conférence.
Nous sommes convaincus qu’en Israël, comme dans la diaspora, nous sommes la majorité à refuser cette dérive suicidaire de ce pays auquel nous sommes indéfectiblement attachés en tant que Juifs. Il est temps que notre majorité fasse entendre sa voix pour exprimer ses convictions et son attachement à ce qu’Israël reste ce que ses pères fondateurs avaient voulu qu’il soit : Un État juif ET démocratique pour tous ses citoyens !