-CHRONIQUES POUR LA PAIX –
DENIS CHARBIT est interviewé par PAUL OUZI MEYERSON, le politologue a participé de très près à l’exceptionnelle exposition sur les JUIFS D’ORIENT organisée à Paris jusqu’au 13 mars à l’Institut du Monde Arabe (IMA). Dans le cadre de cette rétrospective, Denis Charbit est intervenu pour traiter des aspects «de la période contemporaine», c’est-à-dire la période qui inclut la création de l’État d’Israël en 1948. A cette date, plus d’un million de Juifs habitaient les pays du Maghreb et du Machrek. Aujourd’hui, il en demeure 5000, tout au plus, la plupart vivant au Maroc.
On parle peu de ces JUIFS d’ORIENT et de leur «départ» des pays arabo-musulmans, à l’instar de certains qui, en Israël, font l’impasse sur l’exil des palestiniens suite à la guerre d’indépendance de 1948. Mais, peut-on comparer ces drames humains l’un à l’autre, ce n’est pas évident…
Denis CHARBIT est citoyen israélien, né dans une famille juive orientale. Professeur en Sciences Politiques à l’Université ouverte d’Israël, il a écrit de nombreux livres sur le sionisme dont le dernier en date, “Israël et ses paradoxes”, publié aux éditions «Le Cavalier Bleu».
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Denis Charbit considère que l’exposition “Juifs d’Orient” est une excellente nouvelle et qu’elle constitue un moment crucial de l’historiographie des mémoires orientales. “J’ai souscrit immédiatement à la proposition de Benjamin Stora, le Président de la commission scientifique de l’exposition, de me joindre à l’équipe qui a travaillé à sa mise en oeuvre. C’est une belle réussite, les visiteurs affluent à l’IMA“, souligne le politologue israélien.
Certes, cette exposition n’effacera pas tous les préjugés qui accompagnent la relation judéo-arabe, mais Denis Charbit espère qu’elle “contribuera à préparer l’opinion en éclairant sur la vérité historique dans le but de négociations et de rapprochements futurs”. “Il est important que le grand public prenne connaissance de l’étendue de la culture juive dans les pays arabo-musulmans et de sa durée millénaire. On comble ainsi une lacune énorme”, se félicite le politologue israélien.
Denis Charbit tient à ce qu’un malentendu soit évité : “il ne s’agit pas d’une exposition sur le conflit Israël-Palestine ! Ceux qui ne voient que cela passent complètement à coté des intentions des muséographes de l’IMA. L’exposition court sur 1000 ans de vie juive dans les pays du Maghreb et du Machrek, on retrace la longue histoire d’une civilisation. La naissance de l’Etat hébreu n’en est que le dernier moment. Il ne faut pas tout politiser à outrance car on oblitère alors la beauté du témoignage et sa grandeur. La plupart des Juifs Orientaux se sont installés en Israël, ils sont donc restés en Orient”.
Denis Charbit invite chaque nation à “ouvrir la perspective de ses mémoires” comme le fait l’exposition de l’IMA sur les “Juifs d’Orient” car “se rapprocher de la vérité historique permet d’assumer ses responsabilités et de prendre des engagements de justice”.
