Redoutant un boycott international d’Israël au cas où le processus de paix avec les Palestiniens devrait échouer, de grands PDG de l’Etat hébreu se mobilisent pour faire progresser les négociations.

« Bibi, toi seul le peut ». Où que l’on se trouve en Israël, il est impossible de ne pas voir ces panneaux publicitaires de vingt mètres carrés illustrés d’une photo fortement retouchée de Benyamin Netanyahou et vantant les mérites d’un accord mettant fin au conflit avec les Palestiniens.

« Un pays fort signe un accord », « La paix fera baisser le coût de la vie ! », « La paix, c’est la prospérité ! »,  « La paix garantira un Etat juif et démocratique » proclament les slogans de cette imposante campagne développée à coût de millions d’euros dans les rues, dans la presse écrite, ainsi que sur un site internet*. Objectif ? Faire comprendre aux Israéliens « travaillés » depuis des années par les porte-parole nationalistes prétendant « qu’il n’y a personne à qui parler à Ramallah »  que la paix est possible. Qu’elle est nécessaire et qu’elle est dans leur intérêt puisqu’elle leur rendrait la vie plus facile à tous les points de vue.

Pour l’heure, 61 grands patrons israéliens, dont ceux de la branche locale de Microsoft et d’Alcatel-Lucent, ont signé l’appel à Netanyahou paru dans la presse. Mais les initiateurs de cette opération sont beaucoup plus nombreux. Ils militent au sein de l’association « Breaking the impass » (BTI)  (Brisons l’impasse) créée en 2011 par Yossi Vardi, l’un des pères fondateurs du high tech israélien et par Munib R. Masri, un milliardaire palestinien résidant près de Naplouse et qui passe pour un proche des dirigeants de l’Autorité palestinienne (AP).

BTI compte un peu de 300 membres dont quelques poids lourds économiques telle Ofra Strauss, l’héritière de l’empire alimentaire du même nom qui vient d’accompagner Benyamin Netanyahou au Forum de Davos avec d’autres grands patrons israéliens qui ne cachent pas non plus leur opposition à la politique de Jérusalem..

Parmi les militants de BTI figure également Gad Propper, une figure de proue du patronat israélien qui a, à la mi-2013, participé à une conférence économique organisée près de la Mer morte par l’Autorité palestinienne et la Jordanie. Cela, sous les auspices du secrétaire d’Etat américain John Kerry.  « Nous jetons des ponts », affirmait Propper en annonçant sa participation à l’évènement. « Kerry à raison de nous patronner car la paix, ce n’est pas seulement du blabla diplomatique et des signatures au bas d’un traité. C’est aussi des contacts, des échanges, des rapports humains, des associations, des affaires ».

La campagne lancée par BTI vise, elle, à soutenir Kerry dont les efforts visant à conclure un « accord-cadre » entre Israël et l’AP sont, depuis le début de l’année, dénigrés avec virulence par les faucons du gouvernement Netanyahou. Mais la campagne réagit également aux menaces de boycott international d’Israël qui provoquent un début de panique dans le milieu du business.

Selon différentes études, dont une révélée la semaine dernière par le ministre des Finances Yaïr Lapid, des sanctions partielles feraient diminuer les exportations de l’Etat hébreu de 4,2 milliards d’euros par an. Environ 9.800 personnes seraient licenciées immédiatement et 1.300 autres un peu plus tard. A terme, ces mesures provoqueraient le chômage de 30.000 personnes, ainsi qu’une baisse du PIB de plus de deux milliards d’euros par an.  Une situation dramatique que les grands patrons refusent d’autant moins d’envisager que l’Union européenne, au sein de laquelle les appels au boycott se font les plus pressants, représente le deuxième marché d’Israël, juste derrière le continent américain.

* www.breakingtheimpass.org

Source de l’Article : Centre Communautaire Laïque Juif (bruxelles). Cliquer pour consulter