Un pays qui fuit son avenir

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Voici le texte de l’éditorial du quotidien israélien Haaretz, publié le 15 avril 2013 (veille de la fête nationale, et journée vouée à la mémoire des Israéliens tombés pour la défense du pays).

L’histoire de l’Etat d’Israël est l’histoire d’une réussite. Aucune faute commise sur le chemin et aucun échec dans les résultats ne sauraient amoindrir les accomplissements du sionisme. Cette réussite est due aux dirigeants qui ont su définir le projet sioniste d’un Etat juif et démocratique, et qui ont fixé des objectifs vers lesquels il était possible de se diriger dans une réalité sans cesse changeante. Ces dirigeants ont aussi commis de graves erreurs, et beaucoup des morts dont nous déplorons aujourd’hui la perte ont été tués de ce fait. Cependant, la paix conclue avec l’Egypte et avec la Jordanie est devenue un acquis stratégique essentiel, l’accord d’Oslo a réaffirmé qu’Israël n’atteindra pas ses objectifs sans un accord avec les Palestiniens, et l’évacuation de la bande de Gaza a montré que le rêve sioniste d’un Etat juif et démocratique implique une séparation territoriale.

Mais l’avenir d’Israël est menacé par l’entreprise antisioniste qu’est la création d’implantations,  reposant sur le déni de l’existence d’une importante population palestinienne qu’Israël ne saurait gouverner; il est menacé également par des actions antisionistes qui risquent de transformer Israël en un Etat non démocratique dominé par une version obscurantiste de la religion. Rien n’est plus attentatoire au judaïsme que ces tendances, qui sont rejetées par la majorité du peuple juif et qui sont contraires à notre héritage.

Quand certaines populations sont privées d’une éducation universelle, quand des femmes sont maintenues dans un statut inférieur, quand des gens refusent d’accomplir leur service militaire et quand on crée des unités spéciales pour ceux des ultra-orthodoxes qui accomplissent leur service, quand il existe des discriminations au sein de l’armée entre Juifs et non-Juifs, quand des gens appellent à refuser de louer des appartements aux Arabes et quand on décide de ne pas leur ouvrir une école à Nazareth Ilith, on porte gravement atteinte au judaïsme et à l’Etat. Il est impossible qu’Israël assume son rôle de foyer national pour le peuple juif, si on permet que soient ainsi mis à mal les principes démocratiques qui sont à la base du sionisme.

Il est certes important d’empêcher que l’Iran se dote de l’arme nucléaire. Mais l’Etat Israël ne réalisera pas les objectifs du sionisme s’il ne persévère pas dans la stratégie qui a été définie lors des accords d’Oslo, adoptée par Binyamin Netanyahou lors de son discours de Bar-Ilan, et réaffirmée par celui-ci au cours de la visite du président Obama. Les changements qui ont eu lieu au sein du monde arabe nous obligent à suivre une voie qui renforcera l’image d’Israël aux yeux des peuples qui s’éveillent. Or les actes du premier ministre, à la différence de ses paroles, sont de nature à faire craindre que telle ne soit pas son intention.

Il n’y a aucune chance que l’Etat d’Israël réalise les objectifs du sionisme s’il ne préserve pas de toutes ses forces les principes démocratiques. Le renfermement anti-démocratique porte atteinte aux citoyens arabes et éloigne d’Israël la majorité du peuple juif dans le monde. Si ce renfermement devait se poursuivre, il contraindrait de nombreux Israéliens jeunes et éduqués à remettre en question leur engagement envers leur pays. L’avenir d’Israël tient à la paix avec les Palestiniens et avec ses voisins, et à son ancrage profond dans la démocratie. En cette veille du Jour de l’Indépendance, l’épreuve de vérité pour le nouveau gouvernement réside dans sa détermination à nous mener vers cet avenir.

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