Réponse aux boycotteurs

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Extraits d’un texte intitulé «Peut-on encore aller faire des concerts en Israël?» publié le 9 janvier 2013 sur le blog de Christophe Deghelt

 Depuis quelques jours, deux artistes de jazz, Erik Truffaz et Jacky Terrasson, sont pris à partie dans une polémique féroce, via Facebook, les réseaux sociaux et les sites Internet, débat qui déchaîne les passions par leur venue au Red Sea Jazz Festival, à Eilat, en Israël ce mois-ci. Ces deux artistes sont connus et reconnus pour leur talent, leurs qualités humaines, leur grande ouverture d’esprit, leur position pacifiste et leur générosité.
Le 12 décembre 2012, nous concluons un contrat pour deux concerts au Red Sea Jazz Festival de Jacky Terrasson en trio avec les organisateurs du festival. Le 2 janvier, nous recevons un courrier du BDS France (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) nous demandant de boycotter ce concert.
Le 4 janvier, je prends contact avec le représentant de cette association, Monsieur Dror Warschawski. Nous parlons une bonne heure au téléphone, nous essayons d’expliquer pourquoi nous avons accepté de jouer en Israël et notre refus d’être instrumentalisés dans ce conflit, et notre refus de boycotter ce festival et nos fans en Israël, tout en expliquant notre sympathie envers la cause palestinienne, notre tristesse dans cette guerre féroce, et notre mission première, à savoir de délivrer un message de paix.
Le 7 janvier, nouvelle communication du BDS, cette fois ci par e-mail. Se faisant plus pressante. Le festival est marqué par «le sceau de la honte».
Ce sont à présent des e-mails directement envoyés à notre bureau, aux artistes, de personnes inconnues, et c’est un vrai raz-de-marée. Face à cette pression et ce harcèlement nous avons décidé de répondre, de publier cette réponse sur notre blog et nos réseaux sociaux et de défendre notre position. Je pense que notre réponse montre une troisième voie, plus juste, plus tolérante pour sortir de ce conflit où l’on souhaite instrumentaliser les artistes. La voici:
«Cher Dror Warschawski,
Comme je vous l’ai indiqué au téléphone, nous ne partageons pas vos méthodes de « pression sur les artistes », votre boycott culturel. Nous refusons d’être instrumentalisés et nous ne céderons pas à vos pressions par courrier, par mail, par téléphone et sur Facebook.
Jouer en Israël ne veut pas dire que nous approuvons la politique de son gouvernement, et ne veut pas dire que nous ne comprenons pas le désarroi et la souffrance de la population palestinienne. Votre tentative d’enfermer les artistes dans un dilemme manichéen est une malhonnêteté intellectuelle. Prétendre que soit nous jouons au Red Sea Jazz Festival donc nous soutenons la politique d’Israël, soit nous annulons et nous montrons notre compassion pour le peuple palestinien, est une attitude bien trop réductrice, et nous refusons de rentrer dans aucune de ces deux cases-là.
Jacky n’a pas joué en Israël depuis plus de 15 ans, et nous avons de nombreux fans qui se réjouissent de sa venue. Nous aimons les êtres humains, qu’ils soient israéliens, palestiniens, juifs, musulmans, et nous jouerons toujours pour l’humanité. Nous ne faisons pas de ségrégation de notre audience et de nos fans. (…)
Si le Festival d’Eilat est financé en partie par le gouvernement israélien, c’est un signe d’ouverture vers la culture et le jazz, et cela ne peut être que bénéfique pour confronter nos cultures. Une dictature n’invite pas les artistes étrangers, bien au contraire. Les fans de Jacky en Israël sont comme tous les fans de jazz des gens humains, pacifistes, et qui espèrent la paix dans cette région du monde. Ils sont vos meilleurs alliés et vous semblez vouloir les punir. De plus, le festival d’Eilat est un festival internationalement reconnu pour sa qualité et son ouverture sur le monde.
Boycotter le festival, c’est un message injuste envers l’ensemble de la population israélienne, envers nos fans et nos amis, et c’est stigmatiser une population et un pays au lieu d’apporter une contribution pacifique et un message d’espoir. Nous sommes libres en Israël d’exprimer nos convictions, et j’en ai parlé avec les organisateurs du festival. Poussons votre raisonnement jusqu’au bout, plus aucun artiste étranger ne vient se produire en Israël… plus de festival de jazz… qui aura gagné ? où est l’ouverture, la liberté ? la possibilité de porter une culture différente ? d’exprimer nos opinions ? Que dire de la politique artistique en Iran, en Syrie, au Mali aujourd’hui ? Plus aucun artiste étranger n’est invité. Est-ce là votre sens de l’ouverture et du dialogue ?
Vous nous dites que certains Palestiniens ne pourront pas assister au concert de Jacky, c’est effectivement bien triste, mais nous serons heureux de jouer en Palestine si on nous y invite (ce qui n’a pas encore été le cas). Nous ne sommes pas responsables de cette situation et ne pouvons que la déplorer. Le chemin est long vers un monde meilleur. (…) Votre activisme et votre intolérance sont insupportables. De « faux fans Facebook » publient des messages demandant expressément aux musiciens de ne pas jouer en Israël, et c’est bien du harcèlement que vous faites auprès des artistes. (…)
Ce qui me dérange le plus dans votre démarche… c’est la haine d’Israël que vous avez, une haine maladive, aveugle et bien sûr dissimulée par du « politiquement correct ». Par vos actions, ce ne sont pas les Palestiniens que vous aimez et que vous défendez, ce sont les Israéliens que vous haïssez. (…) Ne forcez pas les gens à penser ce que vous souhaitez qu’ils pensent… c’est de la dictature intellectuelle et de la manipulation, celle -à même que vous prêtez aux dirigeants israéliens.
La Palestine a besoin de soutiens internationaux, d’actions positives, de paix et ce n’est pas en prônant la violence (intellectuelle et verbale) et l’intolérance que vous aiderez la Palestine. Je me suis moi-même rendu à Ramallah, pour y produire un concert gratuit de Shakti, soutenu par les Nations Unies, et nous avons aidé à financer une école de musique pour les enfants victimes de la guerre. Voilà des actions positives, pacifistes qui ont un sens, de l’humanité. Mettre dos à dos les deux camps, ce n’est pas œuvrer pour la paix, c’est mettre de l’huile sur le feu. (…)»

 

 

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