Il est temps d’être honnête au sujet du dialogue avec Israël

Facebook
Twitter

Extraits d’un article de Hussein Ibish paru le 3 décembre 2013 dans le journal en ligne libanais NOW. 

 

Thomas Friedman a publié le 19 novembre [dans le New York Times] un article évoquant un discours que le président israélien Shimon Près avait prononcé, par liaison satellitaire, devant une conférence sur la sécurité dans la région du Golfe qui se tenait à Abu Dhabi; parmi ses auditeurs on comptait de nombreux ministres des affaires étrangères arabes et musulmans.

Cet article n’a, d’abord, pas attiré l’attention. Mais, quelques jours plus tard, les médias moyen-orientaux ont vu se multiplier les comptes rendus conspirationnistes et choquants au sujet d’un «discours secret» prononcé par Pérès devant des diplomates arabes et musulmans de premier plan.

Comme le sait toute personne qui ne vit pas dans un cocon d’ignorance auto-entretenue, les Arabes et Israël sont en contact permanent. Ils parlent de tous les sujets, de la sécurité au commerce et du renseignement à la diplomatie. Même ceux qui sont censés être ses ennemis les implacables – le Hamas, le Hezbollah, le régime syrien et, oui, l’Iran – sont toujours en contact, d’une manière ou d’une autre, avec Israël.

On peut comprendre les dirigeants arabes qui souhaitent que ces contacts restent discrets, voire secrets. Ils craignent manifestement l’opinion publique, qui est portée à interpréter (à tort) de tels contacts comme une fâcheuse «normalisation» plutôt que comme un élément de la réalité normale du Moyen-Orient. Et parfois, comme c’est le cas dans des négociations délicates, même un secret absolu peut être utile. On peut donc comprendre, et parfois justifier, que des gens refusent de reconnaître qu’ils entretiennent un dialogue avec Israël.

Ce qui n’est pas compréhensible, c’est que ces mêmes dirigeants condamnent d’autres dirigeants qui font en public ce qu’eux-mêmes font en privé: parler avec les Israéliens. L’hypocrisie, consistant à jeter des «accusations» de «normalisation», de «collaboration» ou de «trahison», à la face de ceux qui pratiquent ce dialogue nécessaire, au grand jour et sans honte, est proprement stupéfiante. (…)

L’American Task Force on Palestine (ATFP), dont je suis l’un des responsables sous la direction du président Ziad Asali, a pour stratégie de dialoguer publiquement et ouvertement avec les Juifs américains, avec Israël et avec les Israéliens, dans le cadre de sa mission visant à promouvoir la fin de l’occupation et la création d’un Etat palestinien. C’est pourquoi on ne peut impressionner ni intimider l’ATFP en l’accusant de pratiquer la «normalisation».

Au contraire, l’ATFP a pu faire la preuve qu’un dialogue constructif et positif avec tous nos partenaires potentiels – ouvertement, et sans faux-semblants – peut nous faire accomplir de véritables progrès, en développant un soutien plus étendu et plus fort pour la création d’une Palestine indépendante.

On accuse parfois l’ATFP de s’engager dans la «normalisation». En fait, notre ligne politique vise à normaliser tous les peuples du Moyen-Orient, à commencer par les Palestiniens qui sont dans la moins «normale» des situations car ils vivent depuis des décennies sous occupation israélienne. Afin de mettre un terme à cette anormalité, il faudra normaliser Israël et ses relations diplomatiques avec les autres Etats de la région.

La «normalisation» est la norme cachée des relations israélo-arabes, comme le discours d’Abu Dhabi de Pérès en fait encore une fois la preuve. Les Émirats arabes unis, et toutes les personnes qui ont assisté au discours, doivent être félicités pour avoir fait en public ce que beaucoup d’autres préfèrent garder privé. Pourrait-il y avoir un objectif plus raisonnable, pour tous les peuples du Moyen-Orient (Arabes, Israéliens, Turcs, Iraniens, Kurdes, etc.), que la normalité? Qui défendrait l’anormalité comme condition permanente de la vie politique dans la région?

Dialoguer, cela ne signifie pas que l’on accepte l’occupation. Cela ne signifie pas que l’on accepte tous les éléments du statu quo, ni que l’on recule ou que l’on renonce à quoi que ce soit; c’est, en fait, la seule manière de parvenir à des résultats sérieux. Mais cela implique que l’on reconnaisse réellement les autres, que l’on écoute ce qu’ils ont à nous dire, et que l’on recherche des points d’accord afin d’atteindre un objectif politique – qu’il s’agisse de la sécurité dans la région du Golfe, de l’indépendance des Palestiniens, ou de tout autre sujet.

 

Cliquer ICI pour lire le texte intégral de l’article (en anglais)

Facebook
Twitter

Tribune Libre

Agenda

Atlas du conflit Israélo-Arabe

Communiqué

Facebook

Newsletter